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Macron officialise la reconnaissance de l’État de Palestine, réactions contrastées à l’international et en France

- Présentée comme un acte en faveur de la paix, cette décision suscite des réactions contrastées dans la presse internationale.

Serap Doğansoy  | 23.09.2025 - Mıse À Jour : 23.09.2025
Macron officialise la reconnaissance de l’État de Palestine, réactions contrastées à l’international et en France

Ankara

AA / Istanbul / Serap Dogansoy

Emmanuel Macron a annoncé lundi à l’ONU la reconnaissance officielle par la France de l’État de Palestine, devenant ainsi le 146e pays à franchir ce pas. Présentée comme un acte en faveur de la paix, cette décision suscite des réactions contrastées dans la presse en France et à l’international.

- Aux États-Unis : entre importance symbolique et scepticisme

Le New York Times souligne que la France, en raison de ses liens historiques avec Israël et de son poids diplomatique, se distingue particulièrement. Mais pour le quotidien américain, ce geste risque de s’ajouter à “plus de soixante-quinze ans d’échecs diplomatiques” depuis le plan de partage de l’ONU en 1947.


- En Europe : un signal fort mais l’unité introuvable

À Bruxelles, Politico estime que l’initiative aura peu d’impact concret sur la guerre à Gaza, d’autant que plusieurs pays européens majeurs – Allemagne, Italie, Grèce, Pays-Bas – ne suivent pas pour l'heure la démarche française. Certains commentateurs comparent néanmoins ce geste à celui de Jacques Chirac en 2003 lorsqu’il s’opposa à la guerre en Irak, un précédent marquant à l’ONU.


- En Allemagne : inquiétudes au sein de la communauté juive

La Frankfurter Allgemeine Zeitung rapporte le malaise ressenti par une partie des 500 000 Juifs de France, renforcé, selon le journal, par les accusations du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui reproche à Paris d’“alimenter l’antisémitisme”. Un sondage Ifop indique que 68 % des Français s’inquiètent de la montée de ce phénomène.


- En Israël : appel à ne pas ignorer le message

Le quotidien Haaretz appelle le gouvernement israélien à écouter la communauté internationale, rappelant que “le monde entier se tourne vers la solution à deux États” non par hostilité envers Israël, mais parce qu’il s’agit du seul cadre crédible pour mettre fin au conflit.


- Au Liban : l’espoir et le risque d’un nouvel échec

Pour L’Orient-Le Jour, la décision française est jugée à la fois “essentielle et insuffisante, salutaire et tardive, porteuse d’espoir et sujette à critiques”. Le quotidien libanais prévient qu’Israël pourrait réagir par de nouvelles annexions en Cisjordanie, réduisant la portée de l’annonce.


- En France : entre prudence et clivages médiatiques

Dans l’Hexagone, la presse reflète la division du débat public. Le Monde salue un “acte fort, à la portée symbolique incontestable, mais dont l’efficacité diplomatique reste incertaine”. Le Figaro, plus sceptique, insiste sur le risque d’un “coup diplomatique isolé” qui pourrait accentuer les tensions internes, notamment au sein des communautés juives et musulmanes françaises. Pour Libération, au contraire, il s’agit d’un “choix courageux qui replace la France du côté du droit international et des valeurs humanistes”.


- Réactions de la classe politique française

À gauche, Jean-Luc Mélenchon (LFI) a salué “une victoire irréversible du combat populaire pour le droit d’un peuple à disposer de lui-même”, appelant à aller plus loin par “l’isolement des agresseurs et leur disqualification dans les accords de coopération”. Fabien Roussel (PCF) a également applaudi “une avancée morale et politique majeure”, estimant que la France retrouve ainsi une voix indépendante.

À droite, les critiques se multiplient. Éric Ciotti (UDR) a dénoncé une “décision précipitée qui fragilise la position de la France au Moyen-Orient”, tandis que le ministre de l'Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau (LR ), a jugé que Paris “prend le risque d’accentuer les fractures internes et d’isoler la France sur la scène internationale”.

Marine Le Pen (RN) a été encore plus virulente, estimant que “c’est le Hamastan qu’Emmanuel Macron reconnaît aujourd’hui, pas la Palestine”. Pour elle, “c’est une faute extrêmement grave, notamment à l’égard des nations qui luttent contre le terrorisme islamiste”. Elle a dénoncé “un État terroriste dont l’acte de naissance sera écrit avec le sang des victimes du plus grand pogrom organisé depuis la Deuxième Guerre mondiale”, ajoutant que cette perspective représente “un encouragement terrible pour les terroristes islamistes et une faute impardonnable”.


- Réactions des dirigeants étrangers

Sur la scène internationale, le Premier ministre britannique a salué un “pas courageux” allant dans le sens de la décision prise à Londres.

Le chancelier allemand, plus réservé, a souligné que Berlin “continue de soutenir la solution à deux États, mais au terme d’un processus négocié”.

Du côté américain, la Maison Blanche a réaffirmé son “attachement à la sécurité d’Israël” tout en reconnaissant “le geste politique de la France”.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a exprimé sa “profonde gratitude” envers Paris, y voyant “un moment historique pour la reconnaissance internationale du peuple palestinien”.

Enfin le président turc Recep Tayyip Erdogan félicite les pays ayant déjà reconnu l’État palestinien et formule le vœu que cette décision, et celles à venir, accélèrent la mise en œuvre effective de la solution à deux États.

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- Un geste symbolique au retentissement incertain

Si certains y voient une première pierre posée vers une relance du processus de paix, d’autres redoutent que ce 22 septembre 2025 soit perçu comme une nouvelle occasion manquée. Pour Emmanuel Macron, la reconnaissance de l’État de Palestine reste avant tout un acte politique destiné à rappeler que “toutes les vies se valent” et que la paix demeure possible.


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