
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Emmanuel Macron est accusé de vouloir « s’incruster » dans la succession du pape François, mort le 21 avril, en tentant d’influencer l’élection du prochain souverain pontife.
La presse italienne conservatrice, notamment La Verità, Libero et Il Tempo, s’est enflammée ces derniers jours, dénonçant un Président français désireux de peser sur les délibérations cardinalices. « Macron veut même choisir le pape », titrait La Verità le 29 avril, accusant Paris de vouloir faire basculer le conclave en faveur de candidats proches de sa vision.
Deux repas privés sont à l’origine de ces soupçons. Le premier, un dîner dans un restaurant chic de Rome avec Andrea Riccardi, fondateur du mouvement catholique Sant’Egidio, le 25 avril. Le second, un déjeuner le lendemain à l’ambassade de France près le Saint-Siège, où Macron a rencontré quatre des cinq cardinaux français électeurs, dont Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille et pressenti comme papabile. Ces événements ont été largement commentés de l’autre côté des Alpes comme les signes d’une manœuvre orchestrée depuis Paris.
Le chef d'État français est accusé de soutenir des profils réformistes comme celui du cardinal Matteo Zuppi, archevêque de Bologne et président de la Conférence épiscopale italienne. Zuppi, proche de Sant’Egidio et favorable à l’accueil des migrants, représente aux yeux de la droite italienne un choix opposé aux valeurs défendues par Giorgia Meloni et ses alliés.
Sant’Egidio rejette les accusations, affirmant que Macron ne fait que s’informer du processus de succession. Il Foglio, quotidien libéral, tourne en dérision cette « théorie du complot » qu’il attribue à un réflexe antifrançais au sein du camp Meloni.
Les relations tendues entre Macron et Meloni n’ont rien de nouveau. Leur premier tête-à-tête en 2022, dans un hôtel romain, s’était déroulé dans une atmosphère glaciale, rappelle le journal français Le Monde. Depuis, la défiance n’a cessé de croître, alimentant les interprétations hostiles autour de chaque geste diplomatique.
À Rome, les spéculations autour du conclave se doublent d’un bras de fer idéologique entre progressistes et conservateurs, lit-on dans les colonnes du quotidien.