Macron évoque un possible contingent militaire européen en Ukraine pour garantir la paix
– À l’Élysée, le chef d'État français a ouvert la porte à la présence de troupes européennes en Ukraine, « en deuxième ligne », dans le cadre d’un accord de paix futur

France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Le Président français Emmanuel Macron a affirmé que « la France restera résolument aux côtés de l’Ukraine », à l’issue d’une rencontre à l’Élysée avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.
Lors d'une déclaration conjointe avec le Président ukrainien, le chef d'État français a rappelé que cette réunion bilatérale vise à préparer le sommet international du lendemain, destiné à renforcer le soutien européen à Kiev et à poser les bases d’un futur accord de paix avec la Russie. Emmanuel Macron a précisé que « nous sommes dans une phase décisive du conflit » et que l’Ukraine « mène un combat qui dépasse ses seules frontières ».
Interrogé sur la possibilité d’un déploiement de soldats étrangers en Ukraine, Macron a évoqué l’hypothèse de forces européennes pouvant « tenir des positions dans la zone de paix en territoire ukrainien ». Il a précisé qu’il ne s’agirait pas de troupes combattantes, mais de forces dissuasives présentes « en deuxième ligne », dans le cadre d’un futur accord de cessez-le-feu. Le Président français a insisté sur le fait que « sur la ligne de front, ce ne seront pas de troupes européennes qui seront déployées » sur la base du volontariat de chaque pays.
Volodymyr Zelensky a salué cette initiative tout en déclarant qu’il est « trop tôt » pour en préciser la composition. Il a insisté sur la nécessité d’une présence capable « de contrôler la situation, organiser des entraînements communs, et faire tout leur possible pour que le désir de la Russie d’agresser à nouveau s’arrête ». Le chef de l’État ukrainien a également estimé que « la question essentielle est de savoir quel pays est prêt à participer ».
- Aide de 2 milliards d'euros
Au cours de la conférence de presse, le chef d'État français a annoncé une aide supplémentaire de 2 milliards d’euros à l’Ukraine, comprenant la livraison d’armes, de capacités d’observation et des projets de coproduction d’armement avec Kiev. « Nous avons des capacités dans nos stocks, encore délivrables », a-t-il souligné.
Concernant un éventuel cessez-le-feu, Emmanuel Macron a rappelé qu’à Jeddah (Arabie Saoudite), le 11 mars, « l’Ukraine a clairement exprimé son accord pour un cessez-le-feu complet et sans condition préalable d’une durée de 30 jours ». Il a demandé un engagement équivalent de la Russie, jugeant que « les frappes russes doivent cesser ». Il a insisté sur la nécessité d’un mécanisme de garantie pour faire respecter tout accord, avertissant que « la Russie, à ce jour, n’a apporté aucune réponse solide ».
Zelensky a de son côté plaidé pour un « nouveau paquet de sanctions contre Moscou » et a demandé à « faire pression sur la Russie pour qu’elle accepte un cessez-le-feu ». Le président ukrainien s’est montré prudent sur l’éventualité d’un déploiement de troupes européennes, mais a défendu l’idée d’une « diplomatie fondée sur la force », jugeant que Moscou « ne comprend pas d’autre langage » et que « la Russie joue la montre ».
- Engagement de la Türkiye
Le Président français a par ailleurs "salué l'engagement de la Türkiye" ces dernières années dans les discussions entre Kiev et Moscou , rappelant le rôle crucial joué par Ankara dans l’ouverture des routes commerciales, notamment pour l’approvisionnement de l’Afrique. Une reconnaissance qui s’inscrit dans les efforts de Paris pour élargir le dialogue diplomatique au-delà du seul cadre occidental.
Ce dialogue franco-ukrainien intervient alors que les États-Unis tentent d’imposer un cessez-le-feu entre Kiev et Moscou. Si un accord de trêve limité à la mer Noire a récemment été conclu sous médiation américaine, la Russie conditionne tout élargissement de cette trêve à la levée de certaines sanctions, notamment sur ses exportations agricoles. Un scénario inacceptable pour les Européens à ce stade.
Le sommet prévu à Paris ce jeudi réunira 31 pays autour de quatre priorités : le soutien militaire immédiat, les modalités d’un cessez-le-feu, la préparation d’une aide sécuritaire durable, et la mise en place d’une éventuelle force européenne de réassurance. Selon l’Élysée, ce format volontaire est destiné à « avancer avec ceux qui veulent et peuvent », sans être une réunion officielle de l’Union européenne.
Alors que les négociations menées par Washington se poursuivent, Paris tente de défendre une voix européenne dans la construction d’un ordre de sécurité durable sur le continent.
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