AA / Londres / Burak Bir

Le manque de nourriture dans les établissements de Santé de la Bande de Gaza a atteint des niveaux alarmants. Médecins Sans Frontières (MSF) a averti, mercredi, que les patients et le personnel médical étaient confrontés à une situation de sous-alimentation.

« De nombreux patients dans les centres de soins de Gaza ne reçoivent plus de nourriture ; la situation est plus désespérée que jamais », a déclaré dans un communiqué Caroline Willemen, coordinatrice de projet de MSF à Gaza.

Elle précise que les cuisines communautaires, qui fournissent de la nourriture au personnel et aux patients, n'ont pas été en mesure de le faire dans certains des établissements qu'elles desservent au cours des derniers jours.

Willemen a déclaré que dans les établissements où il y a encore de la nourriture disponible pour les patients, il ne s'agit que de provisions couvrant quelques jours, sans la gamme de nutriments nécessaires à la convalescence ou à la guérison.

« Dans tous nos établissements de la Bande de Gaza, nous assistons, impuissants, à l'aggravation des conséquences médicales de ces pénuries alimentaires », a-t-elle ajouté.

« Les 19 et 20 juillet, les services de pédiatrie et de maternité de l'hôpital Al-Helou n'ont pas pu fournir de nourriture aux mères et aux enfants, et certains jours, il n'y a pas assez de lait maternisé pour les 23 bébés de l'unité de soins intensifs néonatals », a déclaré Willemen.

** « Ils les affament délibérément »

La responsable de l'ONG médicale humanitaire a déclaré qu'à l'hôpital Nasser, 168 patients admis dans les services de pédiatrie et de maternité n'avaient pas eu accès à de la nourriture les 20 et 21 juillet.

« Ce manque de nourriture s'applique également au personnel médical. Nos collègues palestiniens vivent dans des situations tellement précaires que même s'ils avaient les moyens de se procurer de la nourriture, ils ne pourraient pas en stocker », a-t-elle fait savoir.

Et d'ajouter : « La situation est tellement grave que l'on se demande chaque jour si les patients des hôpitaux que nous soutenons et le personnel médical qui s'occupe d'eux auront quoi que ce soit à manger ».

« Nous sommes désespérés », a poursuivi Willemen, soulignant qu'en tant que puissance occupante, les autorités israéliennes ont l'obligation de fournir de l'aide aux habitants de Gaza, mais « ils les affament délibérément ».

Le ministère de la Santé de la Bande de Gaza a déclaré, mercredi, que dix autres habitants de Gaza étaient morts de faim au cours des dernières 24 heures, ce qui porte à 111 le nombre de victimes de sous-alimentation depuis le mois d'octobre 2023.

Israël a rompu en mars un accord de cessez-le-feu et d'échange de prisonniers avec le Hamas et a, depuis lors, fermé les points de passage frontaliers de la Bande de Gaza, laissant les camions d'aide humanitaire bloqués le long de la frontière.

Les forces israéliennes ont tué plus de 59 100 Palestiniens, dont une majorité de femmes et d'enfants, dans la Bande de Gaza depuis octobre 2023. La campagne militaire a dévasté l'enclave, provoqué l'effondrement du système de Santé et entraîné de graves pénuries alimentaires.

En novembre dernier, la Cour pénale internationale (CPI) a délivré des mandats d'arrêt à l'encontre du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu et de son ancien ministre de la défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis dans la Bande de Gaza.

Israël est également poursuivi pour « crime de génocide » devant la Cour internationale de justice (CIJ) en raison de la guerre qu'il mène contre l'enclave palestinienne.

*Traduit de l'Anglais par Mourad Belhaj