Politique, Monde

Londres met en garde l’Iran contre toute riposte : "Tirer sur des bases américaines serait une erreur catastrophique"

– "L’Iran doit saisir la voie diplomatique qui lui est encore ouverte", déclare David Lammy

Aysu Biçer  | 23.06.2025 - Mıse À Jour : 23.06.2025
Londres met en garde l’Iran contre toute riposte : "Tirer sur des bases américaines serait une erreur catastrophique"

Greater London

AA / Londres / Aysu Bicer

Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a mis en garde lundi l’Iran contre toute riposte après les frappes américaines ayant visé trois de ses sites nucléaires ce week-end, appelant Téhéran à revenir à la diplomatie et à éviter ce qu’il qualifie « d’erreur catastrophique ».

Dans une interview accordée à la BBC, Lammy a confirmé s’être entretenu directement avec le ministre iranien des Affaires étrangères pour lui transmettre un message clair, dans un contexte de tensions régionales croissantes.

« J’ai dit à l’Iran que ce serait une erreur catastrophique de riposter en tirant sur des bases américaines ou en bloquant la voie maritime stratégique du détroit d’Hormuz », a déclaré Lammy.

Ses propos interviennent alors que l’Iran a promis des « conséquences durables » en réponse aux frappes américaines de samedi soir visant ses installations nucléaires à Natanz, Ispahan et Fordo, que Washington a justifiées comme une tentative d’entraver ses capacités d’enrichissement d’uranium.

Alors que les États-Unis défendent cette opération comme nécessaire pour empêcher Téhéran de franchir des lignes rouges nucléaires, le Royaume-Uni a pris ses distances vis-à-vis de cette intervention.

Dimanche, le Premier ministre britannique Keir Starmer a déclaré que son pays n’avait pas participé aux frappes et a souligné la nécessité d’éviter toute escalade.

Lammy a soutenu cet appel à la retenue, tout en reconnaissant la frustration croissante face aux ambitions nucléaires de l’Iran.

« L’Iran doit prendre au sérieux la voie de sortie diplomatique qui lui est proposée », a-t-il insisté. « Il existe encore une voie, et j’en ai discuté hier au téléphone avec le ministre iranien des Affaires étrangères. »

Il a précisé que le Royaume-Uni, avec ses partenaires du G7, de l’Union européenne et du monde arabe, appelle l’Iran à reprendre les négociations nucléaires avec le groupe E3 – Royaume-Uni, France et Allemagne – ainsi qu’avec les États-Unis.

« Nous, avec tous nos partenaires du G7, à travers l’Europe, le monde arabe et le Levant, exhortons les Iraniens à s’engager sérieusement avec l’E3 – nous, l’Allemagne et la France – mais aussi avec les États-Unis », a déclaré Lammy.


– « Je ne dis pas que ce n’est pas légitime »

Interrogé sur la légalité des frappes américaines au regard du droit international, Lammy a répondu : « Je ne dis pas que ce n’est pas légitime », tout en affirmant que la situation ne peut être comparée à la guerre menée par la Russie en Ukraine.

Reconnaissant l’échec des efforts diplomatiques pour contenir le programme nucléaire iranien, il a déclaré : « De toute évidence, cela ne fonctionnait pas. »

« L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) avait confirmé l’enrichissement à 60 %, et les Iraniens continuaient à faire preuve d’opacité et de dissimulation », a-t-il ajouté.

L’enrichissement de l’uranium à 60 % est largement perçu par les gouvernements occidentaux comme une étape vers une capacité militaire, bien que Téhéran affirme que son programme nucléaire est exclusivement à des fins pacifiques.

« Si l’Iran obtenait l’arme nucléaire, cela entraînerait probablement une prolifération dans toute la région, et le monde deviendrait considérablement plus dangereux. C’est pourquoi il faut l’en empêcher », a affirmé Lammy.

Il a réitéré que si l’Iran a le droit à un programme nucléaire civil sous supervision internationale, cela ne saurait justifier les niveaux actuels d’enrichissement.

« Oui, l’Iran peut disposer d’un programme civil correctement contrôlé et impliquant des observateurs extérieurs, mais il ne peut pas continuer à enrichir à 60 %… Pourquoi aurait-il besoin d’un tel taux s’il ne cherche pas à fabriquer une arme nucléaire ? », a-t-il conclu.

Malgré l’action militaire et la montée des tensions, David Lammy a souligné que la diplomatie restait la seule voie durable.

« En fin de compte, la seule solution au programme nucléaire iranien passe par la diplomatie », a-t-il affirmé. « Car l’expertise existe toujours dans le pays, et il est probable qu’une partie du matériel y soit encore présente. »


* Traduit de l'Anglais par Adama Bamba

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın