
Greater London
AA / Londres / Aysu Bicer
Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a mis en garde lundi l’Iran contre toute riposte après les frappes américaines ayant visé trois de ses sites nucléaires ce week-end, appelant Téhéran à revenir à la diplomatie et à éviter ce qu’il qualifie « d’erreur catastrophique ».
Dans une interview accordée à la BBC, Lammy a confirmé s’être entretenu directement avec le ministre iranien des Affaires étrangères pour lui transmettre un message clair, dans un contexte de tensions régionales croissantes.
« J’ai dit à l’Iran que ce serait une erreur catastrophique de riposter en tirant sur des bases américaines ou en bloquant la voie maritime stratégique du détroit d’Hormuz », a déclaré Lammy.
Ses propos interviennent alors que l’Iran a promis des « conséquences durables » en réponse aux frappes américaines de samedi soir visant ses installations nucléaires à Natanz, Ispahan et Fordo, que Washington a justifiées comme une tentative d’entraver ses capacités d’enrichissement d’uranium.
Alors que les États-Unis défendent cette opération comme nécessaire pour empêcher Téhéran de franchir des lignes rouges nucléaires, le Royaume-Uni a pris ses distances vis-à-vis de cette intervention.
Dimanche, le Premier ministre britannique Keir Starmer a déclaré que son pays n’avait pas participé aux frappes et a souligné la nécessité d’éviter toute escalade.
Lammy a soutenu cet appel à la retenue, tout en reconnaissant la frustration croissante face aux ambitions nucléaires de l’Iran.
« L’Iran doit prendre au sérieux la voie de sortie diplomatique qui lui est proposée », a-t-il insisté. « Il existe encore une voie, et j’en ai discuté hier au téléphone avec le ministre iranien des Affaires étrangères. »
Il a précisé que le Royaume-Uni, avec ses partenaires du G7, de l’Union européenne et du monde arabe, appelle l’Iran à reprendre les négociations nucléaires avec le groupe E3 – Royaume-Uni, France et Allemagne – ainsi qu’avec les États-Unis.
« Nous, avec tous nos partenaires du G7, à travers l’Europe, le monde arabe et le Levant, exhortons les Iraniens à s’engager sérieusement avec l’E3 – nous, l’Allemagne et la France – mais aussi avec les États-Unis », a déclaré Lammy.
– « Je ne dis pas que ce n’est pas légitime »
Interrogé sur la légalité des frappes américaines au regard du droit international, Lammy a répondu : « Je ne dis pas que ce n’est pas légitime », tout en affirmant que la situation ne peut être comparée à la guerre menée par la Russie en Ukraine.
Reconnaissant l’échec des efforts diplomatiques pour contenir le programme nucléaire iranien, il a déclaré : « De toute évidence, cela ne fonctionnait pas. »
« L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) avait confirmé l’enrichissement à 60 %, et les Iraniens continuaient à faire preuve d’opacité et de dissimulation », a-t-il ajouté.
L’enrichissement de l’uranium à 60 % est largement perçu par les gouvernements occidentaux comme une étape vers une capacité militaire, bien que Téhéran affirme que son programme nucléaire est exclusivement à des fins pacifiques.
« Si l’Iran obtenait l’arme nucléaire, cela entraînerait probablement une prolifération dans toute la région, et le monde deviendrait considérablement plus dangereux. C’est pourquoi il faut l’en empêcher », a affirmé Lammy.
Il a réitéré que si l’Iran a le droit à un programme nucléaire civil sous supervision internationale, cela ne saurait justifier les niveaux actuels d’enrichissement.
« Oui, l’Iran peut disposer d’un programme civil correctement contrôlé et impliquant des observateurs extérieurs, mais il ne peut pas continuer à enrichir à 60 %… Pourquoi aurait-il besoin d’un tel taux s’il ne cherche pas à fabriquer une arme nucléaire ? », a-t-il conclu.
Malgré l’action militaire et la montée des tensions, David Lammy a souligné que la diplomatie restait la seule voie durable.
« En fin de compte, la seule solution au programme nucléaire iranien passe par la diplomatie », a-t-il affirmé. « Car l’expertise existe toujours dans le pays, et il est probable qu’une partie du matériel y soit encore présente. »
* Traduit de l'Anglais par Adama Bamba