AA - Tripoli (Libye) - Mucahit Aydemir

Le programme télévisé de journalisme d'investigation de la BBC, « Africa Eye » et le service en langue arabe du radiodiffuseur britannique "BBC Arabic Service" ont fait la lumière sur l'attaque meurtrière de janvier 2020 perpétrée contre une école militaire, la BBC établissant que les Émirats arabes unis (EAU) étaient responsables de l'attaque ayant coûté la vie à 26 cadets.

L'attaque avait eu lieu au cours du dixième mois de l'opération lancée contre Tripoli par le putschiste Khalifa Haftar, le chef des forces armées illégitimes contrôlant la moitié orientale du pays. Alors que les milices de Haftar assiégeaient la capitale libyenne, le général avait nié la responsabilité de cette attaque, allant jusqu'à affirmer qu'elle aurait été organisée par des forces locales, depuis l'intérieur de l'académie.

Dans le cadre de l'enquête menée par la BBC, et publiée sous le titre « Les jeux de drones en Libye : le rôle des EAU dans l'attaque aérienne meurtrière », les éclats du missile utilisé dans l'attaque ont été examinées, et l'étude a déterminé qu'elles appartenaient à un missile « Blue Arrow 7 » de fabrication chinoise.

- L'attaque a été menée depuis une base en Libye, contrôlée par les Émirats arabes unis

Selon l'enquête ayant établi que les missiles Blue Arrow ne pouvaient être lancés qu'à partir d'un drone chinois de type « Wing Loong », et après analyse de photographies satellites, il a été déterminé que ce drone était stationné à la base militaire aérienne d'Al-Khadim, située près de Benghazi, et contrôlée par les Émirats arabes unis.

Selon les conclusions de l'étude, qui a examiné l'inventaire (base de données open source) des armes présentes sur la base militaire, tels que les types d'aéronefs et de systèmes de défense, il a été déterminé que le seul pays disposant de cet inventaire parmi les acteurs impliqués dans la guerre de Libye était les Émirats arabes unis.

- Égypte : « acteur secret »

D'autres photographies satellites observées dans le cadre l'enquête ont révélé que les systèmes de drones Wing Loong de la base d'Al-Khadim avaient été déplacés de la base un mois après l'attaque, et qu'ils avaient été localisés à la base aérienne de Siva, près de la frontière égypto-libyenne.

Au cours de la guerre en Libye, il a été noté que le soutien de l'Égypte, « acteur secret » de la guerre, aux Émirats arabes uni, ne se limitait pas à cette logistique, et qu'elle impliquait également le stationnement d'avions « Mirage 2009 » de l'armée de l'air des Émirats arabes unis à Sidi Barrani, une autre base aérienne proche de la frontière libyenne de l'Égypte.

L'enquête du radiodiffuseur britannique a également fait référence à un rapport de l'Organisation des Nations Unies (ONU), émanant d'une enquête visant à déterminer les auteurs de l'attaque menée dans la nuit du 2 juillet 2019 contre un centre d'accueil de migrants, près de Tripoli, et ayant tué 53 personnes, dont 6 enfants. L'enquête de l'ONU avait également déterminé que des avions Mirage 2009 avaient été utilisés dans ce massacre.

Selon une analyse du suivi aérien par radar, déterminant la présence d'avions cargo Iliouchine-76 déployés à Sidi Barrani à des dates différentes, il a été établi que ces avions avaient décollé des EAU et qu'ils étaient arrivés à cette base.

La BBC a précisé avoir consulté les autorités émiraties et égyptiennes afin d'obtenir leurs réactions aux résultats de l'enquête, et que ces pays n'avaient pas répondu à ses sollicitations.





* Traduit du turc par Ümit Dönmez