Les Restos du cœur alertent sur un taux record de 15 % de Français sous le seuil de pauvreté
– Un niveau inédit de précarité pousse l’association à durcir ses critères d’aide alimentaire
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Yves Mérillon, porte-parole des Restos du cœur, a tiré la sonnette d’alarme mardi 18 novembre sur Franceinfo, évoquant un "taux jamais atteint" de pauvreté en France.
Lors d’un entretien, le bénévole engagé depuis douze ans a expliqué que plus de 15 % des Français vivent désormais sous le seuil de pauvreté. Il s’agit, selon lui, d’un chiffre "jamais atteint" et qui s'explique par "une série de crises", notamment la flambée de l'inflation consécutive à la guerre en Ukraine.
Dans le détail, "42 % des familles que nous recevons, une fois le loyer et les charges locatives payés, n'ont plus un euro pour terminer le mois", a-t-il précisé. Un constat inquiétant alors que l’association lance sa campagne hivernale de distribution alimentaire. Pour faire face à la hausse des demandes, les Restos du cœur ont dû durcir leurs critères d’accès à l’aide : désormais, l’éligibilité est déterminée selon un seuil de "reste à vivre" après paiement des dépenses incompressibles.
L’association s’alarme aussi du profil de plus en plus jeune des bénéficiaires. "La moitié des personnes accueillies ont moins de 25 ans", a indiqué Mérillon. Étudiants précaires, enfants accompagnant leurs familles, jeunes travailleurs aux revenus insuffisants : une population diverse mais fragilisée, souvent cumulant emploi instable, logement précaire et isolement. Les familles monoparentales sont également surreprésentées, en particulier les mères seules, dont certaines témoignent qu’elles se privent de repas pour nourrir leurs enfants.
La pauvreté ne frappe pas uniquement les grandes villes. Le porte-parole note des disparités selon les territoires, mais insiste sur la "cumulativité des précarités" : qu'elles soient urbaines ou rurales, les personnes aidées partagent souvent une même insécurité face à l'emploi, au logement et à l'accès aux droits sociaux.
Face à cette situation, la mission des Restos du cœur, qui devait à l’origine être temporaire, semble plus que jamais indispensable. Mérillon reconnaît que cette pérennisation peut être perçue comme "un échec de la société", incapable de protéger ses citoyens les plus vulnérables. Mais il y voit aussi une raison d’espérer : "Constater que des bénévoles peuvent relever le défi, c'est aussi une manière de ne pas désespérer de la nature humaine", dit-il en citant un ancien ministre.
