Les responsables d’universités israéliennes exhortent Netanyahu à mettre fin à la famine à Gaza
- Les appels de ministres israéliens à détruire Gaza relèvent de « crimes contre l’humanité », selon une lettre commune signée par les présidents de cinq grandes universités

Palestinian Territory
AA / Jérusalem – Istanbul / Zein Khalil et Tarek Chouiref
Les présidents de cinq grandes universités israéliennes ont appelé lundi le Premier ministre Benyamin Netanyahu à mettre fin à la famine qui sévit dans la bande de Gaza, alertant sur des conséquences catastrophiques pour les civils, notamment les nourrissons.
Dans une lettre révélée par le quotidien Israel Hayom, les signataires – le président de l’Institut Weizmann, Alon Chen, celui de l’Université hébraïque, Asher Cohen, du Technion, Uri Sivan, de l’Université de Tel Aviv, Ariel Porat, et de l’Université ouverte, Leo Corry – se disent « choqués » par le bilan humanitaire dans l’enclave palestinienne.
« Comme de nombreux Israéliens, nous sommes horrifiés par les images de Gaza, où des nourrissons meurent chaque jour de faim et de maladie », ont-ils écrit.
Les présidents d’universités ont pressé Netanyahu de faire face à « la grave famine qui submerge Gaza et frappe durement des civils non impliqués dans le conflit, y compris des enfants et des nourrissons ».
Ils se sont également alarmés des propos incendiaires de certains ministres et députés israéliens appelant à la destruction de Gaza.
« En tant que peuple ayant connu les horreurs de la Shoah, nous avons aussi la responsabilité d’utiliser tous les moyens à notre disposition pour éviter un préjudice cruel et aveugle à des hommes, des femmes et des enfants innocents », ont-ils rappelé.
La lettre dénonce également les déclarations de responsables israéliens évoquant l’usage de l’arme nucléaire, le refus total d’acheminer de la nourriture ou encore l’expulsion des Palestiniens.
« Nous attendons de vous et de votre gouvernement une condamnation sans équivoque de ces propos dangereux », ont-ils ajouté, estimant que ces appels constituent « des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité » au regard du droit international.
Enfin, les responsables universitaires ont mis en garde contre les projets israéliens visant à construire une prétendue « ville humanitaire » à Rafah, qu’ils ont comparée aux camps de concentration de la Seconde Guerre mondiale, jugeant qu’une telle initiative causerait « un tort irréparable » à la réputation morale d’Israël.
Des observateurs internationaux ont averti que le camp envisagé confinerait les Palestiniens et les priverait de nourriture afin de les pousser à une migration forcée à l’étranger.
Également lundi, le chef des secours de l’ONU, Tom Fletcher, a averti qu’un Palestinien sur trois à Gaza n’avait pas mangé depuis plusieurs jours, appelant à une livraison immédiate d’aide humanitaire.
Le bureau des médias du gouvernement de Gaza a indiqué que plus de 40 000 nourrissons de moins d’un an sont menacés d’une mort lente en raison du blocus israélien qui empêche l’entrée de lait infantile depuis plus de 150 jours. Il a réclamé l’ouverture inconditionnelle des points de passage et tenu Israël et ses alliés pleinement responsables de cette crise.
Selon le ministère de la Santé de Gaza, 147 Palestiniens, dont 88 enfants, sont morts de faim et de malnutrition depuis octobre 2023.
Dimanche, l’armée israélienne a annoncé des largages humanitaires limités et ce qu’elle a qualifié de « pause tactique » dans certaines zones de Gaza pour permettre l’acheminement de l’aide. Les agences humanitaires ont toutefois rejeté cette initiative comme un « faux soulagement », accusant Israël de continuer à instrumentaliser la faim en bloquant l’aide terrestre depuis début mars.
Rejetant les appels internationaux à un cessez-le-feu, l’armée israélienne poursuit depuis le 7 octobre 2023 une offensive brutale sur Gaza, qui a coûté la vie à près de 60 000 Palestiniens, pour la plupart des femmes et des enfants. Ce bombardement incessant a ravagé l’enclave et provoqué de graves pénuries alimentaires.
En novembre dernier, la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt contre Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Gaza.
Israël fait également l’objet d’une procédure pour génocide devant la Cour internationale de Justice en raison de sa guerre contre l’enclave.
* Traduit de l'Anglais par Adama Bamba
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