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Les ONG françaises dénoncent l’inégalité de traitement entre Ukrainiens et réfugiés non européens

- Les Organisations non-gouvernementales accusent les autorités de traiter « différemment » les réfugiés africains et asiatiques

Ekip  | 08.03.2022 - Mıse À Jour : 08.03.2022
Les ONG françaises dénoncent l’inégalité de traitement entre Ukrainiens et réfugiés non européens

Ile-de-France

AA / Paris

Les médias français ont rapporté que plusieurs Organisations à but non lucratif qui travaillent avec les demandeurs d’asile ont dénoncé la discrimination raciale des autorités françaises à l’égard des réfugiés non européens et qui accueillent avec privilège les Ukrainiens fuyant la guerre russe.

L’ONG "Care4Calais" a déclaré, lundi, dans un post sur Twitter qu’ "à l’heure où l’attention est recentrée sur les réfugiés ukrainiens, il est important de se rappeler... que plusieurs personnes de différents pays endurent ici les conflits les plus terribles ainsi que la peur de la persécution. Nous devrions tous les accueillir".

Une ONG qui œuvre dans la région de Calais, dans le nord de la France, pour faciliter le passage frontalier des réfugiés vers le Royaume-Uni, a critiqué les autorités gouvernementales sur les réseaux sociaux pour le traitement inégal envers les réfugiés et les migrants d’Asie, d’Afrique et du Moyen-Orient.

"A Calais, alors que les associations demandent depuis des années des logements pour les personnes bloquées à la frontière, des places ont été libérées en quelques jours pour les personnes arrivant d’Ukraine", a déclaré "Utopia56" dans un post publié le 04 mars courant sur Twitter.

L’ONG a précisé qu’une auberge a été spécialement ouverte pour les ressortissants ukrainiens arrivant à la gare de Calais qui ont été chaleureusement accueillis par les associations citoyennes.

"Utopia56" a ajouté "pour tous ces gens réfugiés d’Ukraine ou autre part, d’Afghanistan, d’Erythrée, du Soudan, dormant sur les trottoirs et les camps de Calais, Grande-Synthe, Paris, Rennes... la situation ukrainienne l’a prouvé: il est possible de décider de les accueillir dignement".

Depuis le déclenchement de la guerre russe contre l’Ukraine le 24 février, plus de 1,5 million de personnes ont fui les combats vers les pays d’Europe centrale. Beaucoup de ces pays ont démantelé les règles strictes d’entrée à la frontière et assoupli les politiques destinées aux réfugiés sans papiers afin de faciliter la recherche d’un passage sûr, d’un logement temporaire et d’un moyen de transport pour les Ukrainiens.

En signe de solidarité, la compagnie française ferroviaire publique SNCF a annoncé que les réfugiés ukrainiens seront autorisés à prendre gratuitement les trains longue distance. La ligne de chemin de fer transfrontalière Eurostar a également déclaré qu’elle permettrait aux Ukrainiens de se rendre gratuitement au Royaume-Uni.

"Care4Calais" a commenté, le 05 mars, dans un tweet, "alors pourquoi les réfugiés noirs sont-ils laissés se noyer dans les traversées de la Manche ?".

"Il s’agit d’une excellente initiative d’Eurostar, mais le contraste avec les réfugiés non européens est frappant. Il démontre que des itinéraires sûrs pour les réfugiés sont possibles et qu’une personne fuyant le conflit ne devrait avoir à risquer à nouveau sa vie pour traverser la Manche. Une meilleure façon est possible", a-t-elle ajouté dans le même tweet.

Les Ukrainiens arrivant en France reçoivent également un accueil officiel des autorités de la Mairie préparant des logements dans des auberges ou par l’intermédiaire de familles privées.

L’Association de solidarité de Calais a déclaré "la capacité d’accueillir les gens et de ne pas les piéger à la frontière existe, nous avons vu de nos propres yeux à quoi pourrait ressembler une autre réalité potentielle, tout ce qui manque, c’est la volonté politique de le faire... La hiérarchie raciale et l’hypocrisie de l’accueil des Ukrainiens et de la répression des réfugiés africains et asiatiques sont dangereuses et contradictoires".

Jean-Philippe Lannoy, conseiller municipal de Calais, s’est également opposé à la politique de deux poids, deux mesures.

"A Calais, les Ukrainiens sont accueillis à l’auberge de jeunesse ouverte sur ordre du Maire. Génial! Mais qu’en est-il des Afghans, des Érythréens qui sont déjà là ? Nous allons les laisser dans la boue ?", a-t-il demandé dans un post publié sur les réseaux sociaux.

Selon la Maire de Calais, Natacha Bouchart, qui aide à héberger les Ukrainiens rejetés par le gouvernement britannique, ayant tenté d’entrer au Royaume-Uni sans papiers ni visas valides, "le statut des réfugiés européens diffère de celui des non-Européens".

"Les migrants qui sont à Calais ont le statut d’une personne en situation irrégulière, tandis que les Ukrainiens ont le statut de personnes en situation régulière" qui fuient la guerre, a-t-elle déclaré à BFMTV news.

Alors que le gouvernement français aidait activement les Ukrainiens fuyant la guerre, la police de Grand Synthe avait mené, la semaine dernière, des campagnes d’expulsion dans deux camps de réfugiés.

"Les abris des réfugiés ont été complètement démolis. Au moins 181 tentes ont été détruites. C’est l’État qui organise la précarité des réfugiés", a souligné le groupe "Human Rights Observers".

*Traduit de l'Anglais par Hend Abdessamad



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