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Les migrants irréguliers que la France "ne veut pas" luttent pour survivre

- "Les autorités françaises ne respectent pas les migrants irréguliers et ne veulent pas en assumer la responsabilité"

Yusuf Özcan, Hilal Şerefli Sari  | 01.03.2021 - Mıse À Jour : 01.03.2021
Les migrants irréguliers que la France "ne veut pas" luttent pour survivre

Ile-de-France

AA / Calais

Alors que la France est critiquée pour être "impassible" aux mauvaises conditions des migrants en situation irrégulière et pour ne pas avoir pris les précautions adéquates, les migrants irréguliers luttent pour survivre dans la ville de Calais, en France.

Le camp des migrants irréguliers "Jungle", abritant environ 8 000 personnes, à Calais, a été détruit en 2016. Cependant, certains des migrants irréguliers envoyés dans d’autres centres sont retournés à Calais en raison des conditions de vie négatives et du manque de capacité.

Défendant la démocratie et les droits de l'homme sur la scène internationale, la France est critiquée par les ONG du pays pour ne pas avoir pris des mesures suffisantes face aux mauvaises conditions des migrants en situation irrégulière et pour être "impassible" à leurs problèmes.

Il y a environ 800 migrants irréguliers à Calais, principalement des soudanais et des afghans. Les migrants irréguliers vivent dans la rue en dehors du centre-ville et ne peuvent pas répondre à leurs besoins primaires tels que l'hébergement, les toilettes, la salle de bain et la nourriture.

Les migrants se nourrissent qu'avec les repas fournis par les ONG de la ville. Ils se lavent les mains et le visage avec l'eau de ruisseau et certains d'entre eux prennent leurs ablutions avec cette eau.

Le seul espoir de ces migrants irréguliers est d'aller en Angleterre où ils pensent pouvoir vivre dans de meilleures conditions. L’anxiété et le désespoir peuvent être vue de leurs visages.

Certains de ces migrants de Calais vivent dans des tentes sous des ponts au centre-ville. Interrogés par l’Agence Anadolu, des témoins ont déclaré que la police venait ici presque tous les jours pour chasser les migrants, et que, de temps en temps, intervient avec des gaz lacrymogènes.

D’autres migrants ont témoigné à l’Agence Anadolu qu’ils vivaient ici dans des conditions très difficiles et qu'ils voulaient aller en Angleterre.

En outre, les migrants irréguliers ne veulent pas se présenter devant la caméra car ils craignent que leur départ pour l'Angleterre soit menacé si les autorités françaises les voient.

- "Les autorités ne nous autorisent pas à installer des tentes"

Ibrahim, un migrant irrégulier soudanais qui lutte pour survivre dans une tente sous un pont, a accepté de s’exprimer devant la caméra de l’Agence Anadolu et a indiqué qu’ils reçoivent des aides de nourriture mais qu’ils ont des problèmes d’abri.

"Les autorités ne nous autorisent pas à installer des tentes. De plus, la situation se complique avec le froid, la neige et la pluie. Nous ne sommes pas habitués à de telles conditions, ce n'est pas comme l'Afrique ici. Les conditions ici sont très difficiles, nous n’arrivons pas à les surmonter. En tant que migrants, nous avons également des difficultés à utiliser les transports en commun. Nous devons marcher pour trouver de la nourriture." a-t-il ajouté en soulignant vouloir aller au Royaume-Uni car les autres pays européens ne délivrent pas de permis de séjour aux migrants.

Halit, un autre migrant irrégulier soudanais, a déclaré : "Nous avons des difficultés à cause des conditions météorologiques. Nous vivons sous un pont ici et il y a des travaux routiers comme vous pouvez le voir."

- "Leur situation est assez dramatique"

Interrogé par l’Agence Anadolu, Pierre Rocque, le coordinateur de l'ONG Utopia 56, a déclaré qu'ils fournissaient des aides aux migrants irréguliers et qu’ils s'occupaient de leurs problèmes de santé.

"Leur situation est assez dramatique. Ils vivent dans des camps temporaires. Ces camps sont évacués par la police qui arrive toutes les 48 heures à la même heure le matin, réveille les migrants par force et leur demande de déplacer les tentes à 20/30 mètres plus loin. Les tentes de ceux qui ne sont pas là à ce moment-là sont enlevées. Cela devient fatiguant. D’ailleurs, la police se rend dans certains camps la nuit et utilise parfois des gaz lacrymogènes. Les objets privés peuvent être confisqués et volés. Ils (les migrants) sont harcelés physiquement et psychologiquement. Les conditions météorologiques sont très mauvaises en ce moment, mais cela n'empêche pas la police d’enlever les tentes." a-t-il poursuivi en indiquant que la police maltraite les migrants irréguliers.

- "Le gouvernement actuel est hostile aux migrants (irréguliers) et a fait de cela une politique"

D’après Rocque, la France ne fait pas suffisamment de choses pour les migrants irréguliers, et ce qu’elle fait est vraiment le minimum. La nourriture et les boissons fournies sont très limitées.

Les toilettes que la municipalité de Calais a fait pour les migrants irréguliers ont été brûlé le week-end dernier. La plupart sont en cours de reconstruction, d’autres en rénovation.

Rocque a relevé que le gouvernement actuel est hostile aux migrants (irréguliers) et qu’il a fait de cela une politique.

- "Ils sont placés dans des abris puis laissés dans la rue"

Siloe Medriane, une autre coordinatrice d'Utopia 56, a déclaré que les migrants irréguliers vivent dans des conditions qui ne sont pas adaptées à la dignité humaine et que la nourriture et les besoins primaires fournis par le gouvernement sont très insuffisants. Par conséquent, de nombreuses associations tentent de répondre à ces besoins.

"C'est la même situation à Calais. Ils (les migrants irréguliers) sont placés dans des abris puis laissés dans la rue. Le gouvernement ne fait pas du tout le nécessaire. Il fait que le minimum pour pouvoir se défendre." a-t-elle poursuivi.

Siloe Medriane a également ajouté : "Certains migrants se cachent à Calais car ils sont poursuivi tous les matins. Ces personnes ne peuvent tolérer d'être poursuivi et ne peuvent pas bénéficier de ces aides. Ils ont été abandonnés par le gouvernement. Nous essayons de les aider en tant qu'association. Nous informons le gouvernement des besoins. Mais il est très difficile de faire entendre nos voix."

Elisa Gan, coordinatrice de l’ONG "Refugees Women's Center" qui est une organisation qui travaille pour les femmes immigrées à Calais et à Grand-Synthe en France, a noté que la situation n'a pas vraiment changé après la destruction du camp des migrants irréguliers "Jungle" à Calais en 2016. Gan a également indiqué qu’il est dommage que la situation des migrants irréguliers à Calais soit moins médiatisée qu'auparavant car il y a encore environ 800 personnes ici ainsi qu’à Grande-Synthe.

Gan a souligné que les migrants irréguliers luttent pour survivre dans des conditions très difficiles, en particulier en cette saison d'hiver, et qu’ils veulent aller en Angleterre.

"Les autorités ne respectent pas ces personnes et ne veulent pas en assumer la responsabilité." a-t-elle ajouté.

* Traduit du turc par Hilal Serefli Sari

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