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Les habitants de Sarajevo veulent que les « assassins » de leurs proches soient retrouvés

- Pendant la guerre en Bosnie-Herzégovine (1992-1995), déclenchée par les attaques des Serbes contre les Bosniaques, les habitants de Sarajevo ayant perdu un proche sous les tirs de snipers réclament que les assassins soient retrouvés

İsmail Özdemir  | 18.11.2025 - Mıse À Jour : 18.11.2025
Les habitants de Sarajevo veulent que les « assassins » de leurs proches soient retrouvés

Sarajevo

AA / Sarajevo / Ismail Ozdemir

Trente ans après la guerre de Bosnie, la douleur des Bosniaques ayant perdu des proches reste vive. Dans la capitale Sarajevo, assiégée pendant environ 3,5 ans, les habitants étaient la cible non seulement des tirs d’artillerie mais aussi des snipers. À cette époque, ils devaient affronter le danger de mort à chaque pas tout en essayant de poursuivre leur vie quotidienne.

L’ouverture d’une enquête à Milan visant des personnes venant d’Italie le week-end à Sarajevo et payant de fortes sommes aux snipers serbes pour tirer sur des civils bosniaques à des fins de « divertissement » a remis sur le devant de la scène ces accusations horribles, longtemps évoquées mais jamais concrètement poursuivies, et a renforcé les attentes pour que les responsables soient traduits en justice.

Le siège de Sarajevo, marqué par la terreur provoquée par les snipers pendant la guerre de Bosnie (1992‑1995), revient ainsi sur la scène internationale avec cette enquête ouverte par le parquet de Milan (Italie), trente ans après la fin du conflit.

Les habitants de Sarajevo réclament que ceux impliqués dans ce qui a été surnommé à l’international des « week-ends sniper » ou du « tourisme de guerre » soient qualifiés de « criminels » et de « terroristes ».

Pendant la guerre, le fait que des étrangers tirent sur des civils contre rémunération avait déjà été rapporté par le journal Oslobodenje, dans son édition du 1er avril 1995, sous le titre « Safari de snipers à Sarajevo ».

- « Je ne peux pas comprendre qu’on tue un enfant pour le plaisir »

Pendant le siège de Sarajevo, les enfants particulièrement vulnérables étaient ciblés, et environ 2 000 enfants ont été tués, illustrant le visage le plus sombre et inhumain de la guerre et renforçant le questionnement moral de la communauté internationale depuis des années.

Fatima Popovac, dont le fils Adnan a été tué à six ans par un sniper, réclame que l’assassin de son enfant soit retrouvé.

Racontant le décès de son fils en larmes, elle a expliqué qu’elle ne savait pas à l’époque qu’il s’agissait d’un tir de sniper.

Malgré tout, elle affirme s’accrocher à la vie : « Dieu m’a donné un autre fils. J’ai aussi une fille et deux petits-enfants. J’espère en la miséricorde de Dieu et je crois qu’Adnan repose au paradis et m’y attend ».

Exigeant que les assassins soient retrouvés, elle a ajouté : « Je ne sais pas qui leur a permis de faire cela. Ceux qui ont donné l’autorisation doivent être punis, tout comme ceux qui ont agi. Ma sœur tenait la main d’Adnan, son autre petite fille était dans ses bras. Donc, la cible était un garçon. J’essaie d’y penser, mais je ne peux pas le concevoir. Je ne peux même pas imaginer que ce soit un être humain. J’aimerais voir ce monstre, savoir à quoi il ressemble. N’a-t-il aucune humanité ? Tuer un enfant. Tuer un humain, mais surtout un enfant. Que pouvait faire un enfant de six ans ? Pour le plaisir. Je ne peux pas comprendre qu’on tue un enfant pour le plaisir. »

Elle a insisté sur son souhait que la vérité éclate : « Je ne peux souhaiter du mal à personne, même pas à celui qui a tué mon enfant. Ce n’est pas dans ma nature. Mon seul message est que Dieu nous a créés et nous retournerons à Lui. J’espère qu’Adnan m’y attendra au paradis ».

Elle a également demandé que la Türkiye défende davantage les droits des Bosniaques sur la scène internationale.

- « Je lutterai pour la vérité tant que je vivrai »

Amel Hodzic, frère de Dzemil Hodzic, qui a dirigé le projet « SniperAlley » documentant les crimes de guerre à Sarajevo, avait 16 ans lorsque son frère a été tué par des snipers.

Hodzic a souligné que, dans les médias, ceux qui tiraient sur des civils contre rémunération étaient appelés « touristes » et l’affaire un « safari », mais que ces personnes devraient être qualifiées de « criminels » et l’acte de « terrorisme ».

Il a précisé que l’enquête en Italie est ouverte, mais qu’ils ont également des informations sur des Russes et des Grecs impliqués.

« J’espère que quelque chose sortira de cette enquête en Italie et au sein de l’Union européenne, que la vérité sera révélée. Depuis ces derniers jours, presque personne ne parle de la Serbie. Ces personnes sont venues de Belgrade avec le soutien du gouvernement serbe. Derrière eux, il y avait les services secrets, la police et un aéroport militaire. Ensuite, ils ont été transférés en Bosnie, où un autre gouvernement était en place, la République serbe (l’un des deux entités de Bosnie-Herzégovine). »

Hodzic a critiqué le double standard de l’Europe : appliquant la démocratie à l’intérieur de ses frontières mais pas envers la Bosnie-Herzégovine.

« En réalité, le président serbe Aleksandar Vucic est venu à Sarajevo pendant la guerre. Nous avons des photos et des déclarations, nous savons qu’il est réellement venu. Et pourtant, l’Union européenne l’accueille très bien, lui vend des armes, organise des réunions et ne voit aucun problème ».

Il a insisté sur le fait que l’enquête italienne doit produire des résultats, car les citoyens ordinaires ne savent pas comment faire valoir leurs droits.

« Tant que je vivrai, tant que je respirerai, je lutterai pour ce pays et pour la vérité. Je n’abandonnerai jamais. C’est pourquoi ils ne pourront pas dormir tranquillement », a-t-il conclu.

- Des snipers « chassant des humains » pendant le siège de Sarajevo

De nouvelles images révélées en 2021 ont montré que des snipers serbes ciblaient des civils à Sarajevo pendant la guerre de 1992‑1995, ravivant les douloureux souvenirs des habitants.

Sarajevo a été attaquée le 6 avril 1992. Assiégée et bombardée quotidiennement par les forces serbes pendant 3,5 ans, la ville a perdu 11 541 civils, dont 1 601 enfants. Son patrimoine historique, culturel et ses infrastructures ont subi d’importants dégâts.

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