Les autorités algériennes exigent la libération "immédiate" d'un agent consulaire placé en détention à Paris
-L'ambassadeur de France à Alger a été reçu, samedi, par le secrétaire général du ministère algérien des Affaires étrangères pour lui exprimer les vives contestations de l’Algérie.

Algeria
AA / Alger / Aksil Ouali
L'Algérie a «vivement » protesté, samedi 12 avril, contre l'arrestation et le placement en détention d'un de ses agents consulaires sur le sol français et réclame sa libération «immédiate ».
Selon un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères la protestation a été exprimée à l'ambassadeur de France à Alger, Stéphane Romatet.
« Le Secrétaire Général du ministère des Affaires étrangères, M. Lounès Magramane, a reçu samedi, au siège du Ministère, l'ambassadeur de France en Algérie, M. Stéphane Romatet. Cette audience a eu pour objectif d'exprimer la vive protestation de l'Algérie suite à la décision des autorités judiciaires françaises de mettre en examen et de placer en détention provisoire un de ses agents consulaires en exercice sur le sol français, dans le cadre de d'une information judiciaire sur un supposé enlèvement du voyou "Amir Boukhors”, dit “AmirDZ”, en 2024» a indiqué le communiqué.
Ces derniers jours, la police française a procédé à l'arrestation de quatre algériens accusés, après enquête, de « l'enlèvement et de la séquestration » de l'influenceur et réfugié politique en France, Amir Boukhors, dit Amir Dz.
Déférés devant la justice, ils ont été mis en examen et incarcérés. Selon le communiqué du ministère algérien, «l'Algérie rejette fermement, tant sur la forme que sur le fond, les motifs invoqués par le Parquet antiterroriste français, à l'appui de sa décision de mettre en détention provisoire son agent consulaire».
Les autorités algériennes ont précisé, selon la même source, que «l'agent consulaire a été arrêté en pleine voie publique puis placé en garde à vue sans notification par le canal diplomatique et en flagrante contravention aux immunités et privilèges rattachés à ses fonctions près le Consulat d'Algérie à Créteil ainsi qu'à la pratique prévalent en la matière entre l'Algérie et la France ».
«Sur le plan du fond, l'Algérie retient surtout la fragilité et l'inconsistance de l'argumentaire vermoulu et farfelu invoqué par les services de sécurité du ministère de l'Intérieur français durant les auditions, laquelle appuie cette cabale judiciaire inadmissible sur le seul fait que le téléphone mobile de l'agent consulaire inculpé aurait borné autour de l'adresse du domicile de l'énergumène “Amir Boukhors”», a ajouté le document.
Ce faisant, a souligné le communiqué, «l’Algérie appelle à la libération immédiate de l'agent consulaire ». Elle exige que «les droits rattachés à ses fonctions, aussi bien dans le cadre des conventions internationales que des accords bilatéraux, soient scrupuleusement respectés en vue de lui permettre de se défendre convenablement et dans les conditions les plus élémentaires».
Pour l’Algérie, ce «tournant judiciaire » n'est pas le fruit du hasard, puisque il « intervient dans un contexte bien déterminé et à des fins de torpillage du processus de relance des relations bilatérales convenu entre les deux chefs d'Etat lors de leur récent entretien téléphonique ».
Qualifiant également ce tournant de « malheureux et malvenu », les autorités algériennes estiment, selon la même source, que ce « nouveau développement inadmissible et inqualifiable causera un grand dommage aux relations algéro-françaises et ne contribuera pas à l'apaisement ».
«L'Algérie n'a pas l'intention de laisser cette situation sans conséquences tout comme elle veillera à assumer pleinement et résolument la protection de son agent consulaire », a assuré le document.
L’Algérie et la France ont traversé, pendant huit mois, une crise diplomatique inédite.
En effet, les relations entre les deux pays se sont dégradées, l'été 2024, sur fond de reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. En réaction, l’Algérie a retiré son ambassadeur à Paris et le président Tebboune a annulé un déplacement en France, prévu initialement en septembre 2024.
Plus récemment, l’emprisonnement de l’écrivain algéro-français, Boualem Sansal a compliqué davantage la situation, tout comme le refoulement de migrants en situation irrégulière visés par des obligations de quitter le territoire français, dont l'influenceur algérien Doualemn.
Ces deux affaires ont suscité la colère de plusieurs ministres français, dont Bruno Retailleau (Intérieur) et Jean-Noël Barrot qui menaçaient de recourir au "rapport de force".
Les autorités françaises ont même décidé de restreindre l’accès au territoire français de certains responsables algériens pour "défendre les intérêts des Français".
Un début d'apaisement est ensuite intervenu avec l'appel téléphonique Macron-Tebboune, à l'occasion de l'aïd el-Fitr, fin mars, suivi d'une visite à Alger du ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, le 6 avril courant, marquant "une nouvelle phase dans une relation d’égal à égal" entre la France et l’Algérie.
Reçu par le chef de l'Etat algérien, le chef de la diplomatie française a affirmé que les deux pays avaient «décidé de tourner la page».
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