AA / Berlin / Ayhan Şimşek

Les attaques anti-musulmanes et les actes de discrimination ont atteint un niveau record alarmant en Allemagne en 2024, avec plus de 3 000 cas recensés, a annoncé mardi l’organisation de défense des droits CLAIM.

L’organisation a documenté 3 080 incidents anti-musulmans en 2024, soit une hausse spectaculaire de 60 % par rapport aux 1 926 cas signalés en 2023. Cela représente en moyenne plus de huit cas par jour sur l’ensemble de l’année.

Le rapport annuel fait état d’une escalade inquiétante dans la gravité des attaques, incluant deux homicides, 198 agressions physiques dont trois classées comme tentatives de meurtre , 122 dégradations de biens, quatre incendies criminels, ainsi que 259 autres infractions telles que vols et extorsions.

« Le racisme anti-musulman n’est pas un phénomène marginal. Il s’étend de la rue aux salles de classe, des salles d’attente aux mairies. Il opère dans les administrations, sur le marché du logement, dans les sections de commentaires — et devient de plus en plus brutal », ont alerté les experts de CLAIM dans leur rapport.

Les femmes ont été particulièrement visées, représentant 71 % des victimes individuelles. Le rapport souligne que les femmes musulmanes visibles sont fréquemment la cible de violences racistes. Des enfants ont également été victimes d’agressions verbales et physiques.

Les incidents documentés vont des insultes aux agressions physiques, en passant par la discrimination et les attaques contre des lieux religieux, avec plus de 70 attaques de mosquées recensées. Des marchés et restaurants musulmans ont également été visés par des menaces ou des attaques.

Cette hausse du racisme anti-musulman a coïncidé avec des tensions accrues au Moyen-Orient, note le rapport. Des pics similaires ont été observés après certains attentats en Allemagne, lorsque le discours public tend à présenter les musulmans comme des menaces pour la sécurité, alimentant la suspicion et la discrimination.

Le rapport pointe aussi le rôle des médias et des débats politiques, qui, en se focalisant sur les questions de sécurité, donnent souvent une image faussée de l’islam, présenté comme une menace, et des musulmans, perçus comme des risques potentiels.

Enfin, CLAIM souligne que les chiffres réels sont probablement bien plus élevés, de nombreux actes n’étant pas signalés. Ce phénomène de sous-déclaration s’expliquerait par plusieurs facteurs : manque de dispositifs de signalement, méfiance des victimes envers les autorités, et manque de formation des professionnels à l’identification du racisme anti-musulman.

* Traduit de l'anglais par Sanaa Amir