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Les événements qui ont fait l'actualité de l'Amérique latine en 2023

- Les 12 derniers mois ont vu l'arrivée de candidats anti-establishment en Argentine, en Équateur et au Guatemala, la montée des tensions entre le Venezuela et la Guyane et la sécheresse du Canal de Panama qui menace d'affecter le commerce mondial

Laura Gamba Fadul  | 31.12.2023 - Mıse À Jour : 01.01.2024
Les événements qui ont fait l'actualité de l'Amérique latine en 2023

Colombia

AA / Bogota, Colombie / Laura Gamba

L'arrivée au pouvoir d'outsiders, les troubles, la violence et le changement climatique ont occupé le devant de la scène en Amérique latine au cours de l'année 2023.

L'Argentine a élu un libertarien de droite à la présidence, projetant son économie dans une perspective d'avenir incertaine. L'Équateur souffre de la pire crise d'insécurité depuis des décennies, situation qui a conduit au scrutin le plus violent de l'histoire du pays.

Pendant ce temps, les tensions entre le Venezuela et la Guyane ne cessent de s'aggraver, le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé l'envoi de forces étrangères en Haïti pour lutter contre la violence des bandes armées, tandis que pour la deuxième fois, les Chiliens ont voté pour ne pas remplacer la Constitution de l'ère Pinochet.

Voici les événements qui ont marqué les douze derniers mois en Amérique latine :

** Un outsider libertarien remporte l'élection présidentielle en Argentine

Javier Milei, un économiste libertarien qui se réclamant du modèle de l'ancien président américain Donald Trump ou du Brésilien Jair Bolsonaro, a été élu président de l'Argentine, projetant l'économie du pays vers un avenir incertain.

En Argentine, où l'inflation a grimpé à 140 % et où le peso s'est déprécié de 90 % en quatre ans, Milei a promis des mesures drastiques. Il propose notamment de supprimer la Banque centrale, de réduire les dépenses publiques, de rationaliser les ministères et d'adopter le dollar américain comme monnaie nationale.

Depuis son arrivée au pouvoir le 10 décembre, Milei a publié un décret de 86 pages qui contient 366 articles déclarant l’état d'urgence financier, fiscal et administratif en Argentine, tout en abrogeant des centaines de lois protégeant les travailleurs et les consommateurs. Le décret supprime de nombreuses réglementations économiques dans un pays habitué à une intervention importante de l'État sur le marché. Le président a envoyé un ensemble de projets de loi au parlement pour donner effet à son décret.

Bien que Milei soit devenu président avec un vote record de 56 % des Argentins et qu'il utilise ce soutien pour demander aux législateurs d'approuver ses réformes, il est appelé à gouverner dans un pays polarisé avec des organisations puissantes qui sont déterminées à empêcher toute atteinte aux droits des travailleurs.

Plus de 10 000 personnes sont descendues dans les rues de Buenos Aires, la semaine dernière, pour protester contre les amendements proposés. Bien que de nombreux experts s'accordent à dire que certaines de ces réformes sont nécessaires, elles ont été qualifiées d'antidémocratiques parce qu'elles n'ont pas fait l'objet d'un débat.


** L'élection équatorienne assombrie par des violences

Lors d'un scrutin assombri par des crimes violents et l'assassinat de Fernando Villavicencio, candidat de l'opposition, les Équatoriens ont élu un candidat de centre-droit issu de l'une des familles les plus riches du pays.

Daniel Noboa, héritier de l'industrie bananière, l'a emporté à la surprise générale sur Luisa Gonzalez, candidate de gauche qui avait promis de renforcer la protection des travailleurs. Le plus jeune président de l'histoire du pays, qui a pris ses fonctions en décembre, ne gouvernera que pendant 16 mois, soit le reste du mandat présidentiel de Guillermo Lasso, qui a dissous l'Assemblée en mai et convoqué des élections afin d'éviter un procès politique pour corruption.

Noboa a pris les rênes d'un pays économiquement stagnant et marqué par une flambée de violence. Ainsi, 3 600 homicides ont été commis dans le pays en septembre, soit deux fois plus que l'année dernière. Le crime organisé s'est infiltré dans ce pays qui, il y a quelques années encore, ne souffrait pas des problèmes de trafic de drogue que connaissent d'autres pays d'Amérique latine.


** De la difficulté à gouverner au Guatemala

Bernardo Arevalo, membre progressiste du Congrès, est arrivé au pouvoir de manière inattendue et a remporté les élections à la présidence du Guatemala, battant l'ancienne première dame, Sandra Torres.

Toutefois, depuis sa forte performance au premier tour, les procureurs et les politiciens rivaux qui ont gouverné le pays le plus peuplé d'Amérique centrale pendant des années, ont tenté de contester la légitimité de sa victoire et de l'empêcher d'entrer en fonction le 14 janvier.

Ces actions ont été considérées comme des tentatives politiquement motivées d'exclure Arevalo de la course à la présidence, ce qui a suscité une vague de soutien de la part de milliers de Guatémaltèques.


** L'Essequibo exacerbe les tensions à la frontière entre le Venezuela et la Guyane

Le différend territorial entre le Venezuela et la Guyane connaît un regain de tension, Caracas ayant déployé des troupes près de la région contestée de l'Essequibo, riche en pétrole.

La Guyane et le Venezuela sont engagés, depuis des années, dans un différend frontalier qui s'est intensifié après la première découverte de pétrole par ExxonMobil dans le territoire, il y a huit ans.

Alors que la Guyane affirme que sa frontière avec le Venezuela a été fixée par un tribunal d'arbitrage en 1899, le Venezuela affirme que le fleuve Essequibo constitue une frontière naturelle reconnue au moment de l'indépendance vis-à-vis de l'Espagne.

Lors des derniers événements, le Venezuela a accusé le Royaume-Uni de provocation après que Londres a dépêché un navire de guerre au large des côtes de la Guyane. Le président Nicolas Maduro a ordonné à 5 600 soldats de participer à un exercice militaire "défensif", à la suite de l'arrivée du navire de guerre britannique.


** Jungle de Darien : un problème migratoire qui prend de l'ampleur

Les questions migratoires sont devenues une crise humanitaire en Amérique latine, qui a vu exploser le nombre de personnes prenant le risque de traverser la dangereuse jungle du Darien, qui relie l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud.

Selon les Nations unies, plus d'un demi-million de personnes ont migré vers le nord en traversant la faille de la jungle de Darien cette année, soit plus du double de l'année dernière. Près d'une personne sur quatre ayant fait le voyage en 2023 était un enfant.

La barrière végétale de 575 000 hectares est devenue un passage obligé pour les migrants d'Amérique du Sud qui tentent d'atteindre les États-Unis en passant par l'Amérique centrale et le Mexique. Les migrants sont prêts à risquer leur vie dans ce voyage dangereux en raison des situations précaires qu'ils ont vécues dans leur pays, telles que la faim, la pauvreté, les inégalités, les déplacements forcés, les effets du changement climatique, la violence et la xénophobie.


** Le Canal de Panama confronté à une sécheresse sans précédent

En raison d'une grave sécheresse, l'une des principales voies de commerce maritime du monde a réduit le nombre de traversées de navires cette année. Le trafic maritime via le Canal de Panama a chuté de plus de 50 % en raison de la sécheresse qui sévit sur ce tronçon de 82 kms.

La sécheresse du canal a été aggravée par le phénomène climatique El Nino, qui réchauffe l'océan Pacifique, ce qui a entraîné une hausse des frais et du trafic sur le canal, obligeant les pétroliers et les céréaliers à emprunter des itinéraires plus longs.

La diminution du nombre de navires transitant par le canal se traduit par une perte de dizaines de millions de dollars de recettes annuelles pour le gouvernement panaméen, outre l’augmentation du coût du transport maritime et la hausse des émissions de gaz à effet de serre, les navires optant pour des itinéraires plus longs.


** Le Chili rejette une deuxième fois la nouvelle Constitution

Les Chiliens ont rejeté une nouvelle fois la Constitution proposée par un organe dominé par les conservateurs, qui aurait modifié les lois régissant l'accès à l'avortement, restreint le droit de grève et limité les droits des populations autochtones. 56 % des électeurs ont rejeté le nouveau projet.

En 2020, 78 % des Chiliens ont voté en faveur du remplacement de la Constitution actuelle du pays, élaborée en 1980, sous la dictature d'Augusto Pinochet. Mais en 2022, 62 % des électeurs ont rejeté la première proposition de loi fondamentale, qui aurait été l'une des Constitutions les plus progressistes.

Le processus de révision de la Constitution a commencé après les manifestations de masse qui ont éclaté en 2019 contre l'inégalité sociale. Le président chilien de gauche, Gabriel Boric, a déclaré qu'il s'agirait de la dernière tentative de réforme constitutionnelle.


** L'ONU approuve le déploiement d'une force internationale pour aider Haïti face à la montée de la violence des bandes armées

Le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé le déploiement d'une force multinationale armée en Haïti, alors que le pays est confronté à une violence généralisée des bandes armées et à une crise politique.

La mission devrait être dirigée par le Kenya, qui s'est engagé à fournir 1 000 policiers. D'autres pays, dont Antigua-et-Barbuda, les Bahamas et la Jamaïque, ont également offert leur soutien à la mission.


*Traduit de l'Anglais par Mourad Belhaj

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