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L'Egypte renouvelle sa mise en garde contre l'invasion de Rafah et critique l'"incapacité" de l'ONU

- Déclarations du ministre des Affaires étrangères Sameh Shoukry lors de son entretien avec son homologue allemande au Caire

İbrahim Khazen  | 25.03.2024 - Mıse À Jour : 26.03.2024
L'Egypte renouvelle sa mise en garde contre l'invasion de Rafah et critique l'"incapacité" de l'ONU

Al Qahirah

AA / Le Caire / Ibrahim Al-Khazen

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, a renouvelé, lundi, la mise en garde de son pays contre les répercussions de toute opération militaire israélienne dans la ville palestinienne de Rafah, adjacente aux frontières égyptienne, et a critiqué l'"incapacité" du Conseil de sécurité de l'ONU à adopter une résolution appelant à un cessez-le-feu dans la Bande de Gaza.

Shoukry s'est entretenu au Caire avec son homologue allemande, Annalena Baerbock, selon un communiqué du ministère égyptien des affaires étrangères, alors qu'Israël mène depuis le 7 octobre 2023 une guerre dévastatrice contre Gaza, où vivent quelque 2,3 millions de Palestiniens.

Au cours de cet entretien, le chef de la diplomatie égyptienne a souligné "le caractère impératif de la mise en œuvre de la trêve et du cessez-le-feu à Gaza dans les plus brefs délais".

L'Égypte et le Qatar, avec la participation des États-Unis, déploient des efforts de médiation dans les négociations laborieuses visant à parvenir à un cessez-le-feu et à un accord d'échange de prisonniers entre Israël et le Hamas.

Shoukry a passé en revue avec Baerbock "les efforts de l'Égypte à tous les niveaux, y compris les contacts avec la partie américaine et les efforts de médiation entre le Hamas et Israël, pour parvenir à une trêve qui conduise à un cessez-le-feu permanent".

Il a réitéré "le rejet catégorique de l'Égypte et sa mise en garde sans équivoque contre toute opération militaire israélienne à Rafah, qui entraînerait une catastrophe humanitaire et des complications sans précédent".

Malgré les mises en garde de plus en plus nombreuses au niveau régional et international contre les répercussions potentiellement catastrophiques, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu insiste pour envahir Rafah, affirmant qu'il s'agit du "dernier bastion du Hamas."

Sur les quelque deux millions de personnes déplacées à Gaza, environ 1,4 million se trouvent à Rafah, après que l'armée israélienne les a forcées à y migrer en prétendant qu'il s'agissait d'un lieu sûr, avant de lancer des raids contre la ville, qui ont fait des morts et des blessés et aggravé les souffrances des personnes déplacées.

Shoukry a souligné "la nécessité d'unir les efforts internationaux pour faire pression sur Israël afin d'assurer une entrée totale de l'aide humanitaire, et de ne pas placer d'obstacles à son accès à toutes les zones de la Bande de Gaza, y compris le nord."

En violation du droit international, Israël restreint l'accès de l'aide humanitaire à Gaza, en particulier par voie terrestre, ce qui a entraîné une pénurie de nourriture, de médicaments et de carburant et créé une famine persistante qui a coûté la vie à des enfants et à des personnes âgées, selon des données palestiniennes.

"Il n'est plus acceptable que le Conseil de sécurité se montre incapable d'adopter une résolution appelant à un cessez-le-feu, après plus de cinq mois de cette guerre brutale qui a fait un nombre sans précédent de victimes civiles, de femmes et d'enfants", a déclaré Shoukry.

La guerre israélienne contre Gaza, soutenue par les États-Unis, a fait des dizaines de milliers de victimes civiles et provoqué des destructions massives, selon des données palestiniennes et de l'ONU. Israël se trouve ainsi poursuivi devant la Cour Internationale de Justice (CIJ) pour "crime de génocide".

À plusieurs reprises, les États-Unis ont usé de leur droit de veto pour empêcher l'adoption de résolutions du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu, tout en tentant récemment de faire passer une résolution ne comportant pas d'appel direct à un cessez-le-feu, que la Russie et la Chine ont fait échouer en opposant leur veto.

Sameh Shoukry a également appelé à "faire évoluer la façon dont la communauté internationale traite la question palestinienne, en commençant par une démarche sérieuse de reconnaissance de l'État palestinien et d'approbation de son adhésion à part entière aux Nations unies".


*Traduit de l’Arabe par Mourad Belhaj

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