AA / Istanbul / Yasin Gungor

Le Royaume-Uni demeure « profondément préoccupé » par les violences en cours au Myanmar, a déclaré lundi à la presse le représentant permanent par intérim du pays auprès des Nations Unies, à la veille d'une séance à huis clos du Conseil de sécurité consacrée à la situation.

« L'armée doit désamorcer les tensions et mettre fin à ses violences, notamment aux frappes aériennes contre les civils. Les attaques ciblées contre les civils et les infrastructures civiles doivent cesser », a affirmé l'ambassadeur James Kariuki.

« Nous condamnons fermement la récente frappe aérienne contre un hôpital de l'État Rakhine, ce mois-ci, qui a coûté la vie à plus de 30 civils », a-t-il ajouté.

Un rapport du rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme au Myanmar indique que la junte militaire a poursuivi ses frappes aériennes contre les civils en 2025.

Kariuki a déclaré que la situation humanitaire au Myanmar demeure catastrophique, avec plus de 16 millions de personnes ayant besoin d'une aide d'urgence en 2026.

Le Royaume-Uni a fourni plus de 100 millions de dollars au cours de cet exercice budgétaire, mais ce soutien financier ne pourra avoir un réel impact que si l'accès au territoire est garanti, a-t-il souligné.

Environ 21,9 millions de personnes, soit 40 % de la population du Myanmar, ont actuellement besoin d'une aide humanitaire, selon les données de l'ONU.

Kariuki a déclaré que toute élection « significative » exige la fin des violences et un dialogue entre toutes les parties concernées, avertissant qu'« il n'y a aucune indication » que les élections prévues seront perçues comme « libres et équitables ».

« Des élections dans les circonstances actuelles risquent de provoquer de nouvelles violences et de rendre une solution durable encore plus difficile à trouver », a-t-il affirmé.

En juillet, l'armée a annoncé un transfert de pouvoir symbolique à une administration intérimaire civile en prévision des élections prévues en décembre et janvier, bien que le chef de la junte demeure président par intérim.

Le Royaume-Uni a également réaffirmé son soutien au rôle central de l'ASEAN dans la recherche d'une solution à la crise actuelle.

L’envoyée spéciale des Nations Unies pour le Myanmar, Julie Bishop, et l’envoyé spécial de l’ASEAN, Tan Sri Othman Hashim, devraient informer le Conseil.

Les affrontements ethniques ont aggravé la crise humanitaire au Myanmar, pays toujours en proie à un conflit civil près de quatre ans après le coup d’État militaire de février 2021.

Ce coup d’État a renversé le gouvernement élu dirigé par la Ligue nationale pour la démocratie d’Aung San Suu Kyi et a plongé le pays dans plus de quatre ans d’état d’urgence.

Selon les observateurs des droits humains, plus de 6 000 personnes ont été tuées et près de 3 millions déplacées depuis lors, en raison des combats entre la junte et les groupes d’opposition.

« Nous sommes solidaires du peuple du Myanmar et de son aspiration à un avenir pacifique, inclusif et démocratique », a déclaré Kariuki. « La crise au Myanmar restera une priorité du Conseil. »

*Traduit de l’anglais par Ayse Bashoruz