AA / Istanbul / Wafae El Baghouani​​​​​​​

Le gouvernement du Québec a annoncé un vaste remaniement de sa politique d’immigration, qui prévoit une réduction des admissions et la disparition d’un programme central destiné aux travailleurs étrangers et aux diplômés internationaux. Les mesures, présentées dans le plan d’immigration 2026-2029 publié sur le site officiel de la province, doivent entrer en vigueur progressivement dans les prochains mois.

Le Québec confirme notamment la fin du Programme de l’Expérience Québécoise (PEQ), une voie d’accès privilégiée à la sélection permanente depuis plus de dix ans pour les travailleurs temporaires et les étudiants ayant obtenu un diplôme dans la province. À sa place, le gouvernement entend privilégier le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ), présenté comme un mécanisme plus ciblé et mieux aligné sur les besoins économiques, régionaux et linguistiques du Québec.

Les autorités provinciales expliquent que cette refonte vise à mieux contrôler la capacité d’accueil, à renforcer la place du français et à adapter la sélection aux besoins du marché du travail. Le ministre québécois de l’Immigration, Jean-François Roberge, assure que la réforme permettra une gestion « plus cohérente » de l’immigration et une sélection davantage centrée sur les personnes déjà intégrées au Québec.

L’annonce a toutefois suscité des réactions immédiates. La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) déplore une orientation jugée en décalage avec les pénuries de main-d’œuvre observées dans plusieurs secteurs. Le Conseil du patronat du Québec (CPQ) estime que l’abolition du PEQ retire un outil essentiel pour retenir les talents formés localement et compromet l’attractivité de la province. Des associations étudiantes dénoncent également une réforme qui, selon elles, risque de décourager les étudiants étrangers de choisir le Québec.

La refonte de la politique d’immigration intervient dans un contexte de tensions persistantes dans plusieurs secteurs économiques, d’un recul démographique dans certaines régions et de débats récurrents sur la protection du français. Le PEQ, instauré en 2010, était devenu l’un des programmes les plus utilisés par les candidats déjà présents au Québec. La province cherche depuis plusieurs années à rééquilibrer le poids de l’immigration permanente et temporaire, dont la croissance rapide a alimenté des préoccupations liées au logement et aux services publics.