AA / Istanbul / Rania Abu Shamala

Le Qatar a fermement condamné mercredi les « déclarations irresponsables » du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu concernant l’accueil par Doha du bureau politique du mouvement palestinien Hamas, qualifiant ces propos de « tentative honteuse » visant à justifier la récente attaque israélienne contre le territoire qatari.

Ces remarques interviennent alors que les critiques internationales s’intensifient après la frappe meurtrière menée mardi par Israël contre des responsables du Hamas dans la capitale qatarie.

S’adressant directement au Qatar, Netanyahou a déclaré : « Soit vous les expulsez (le Hamas), soit vous les traduisez en justice. Parce que si vous ne le faites pas, nous le ferons. »

Dans un communiqué, le ministère qatari des Affaires étrangères a souligné que Netanyahu est « parfaitement conscient » que le bureau du Hamas a été accueilli dans le cadre d’efforts de médiation internationalement reconnus, sollicités à la fois par les États-Unis et Israël.

Il est « également pleinement conscient du rôle de ce bureau dans la facilitation de nombreux échanges et cessez-le-feu, largement reconnus et salués par la communauté internationale, qui ont apporté un soulagement aux civils palestiniens et aux otages israéliens, dans un contexte de besoins humanitaires désespérés face à l’escalade de violences depuis le 7 octobre ».

Après la frappe israélienne visant des responsables du Hamas à Doha, Netanyahu a comparé les actions de son pays à la traque menée par les États-Unis contre Al-Qaïda après les attentats du 11 septembre 2001. Le Qatar a immédiatement rejeté cette comparaison, la qualifiant de « nouvelle et misérable tentative de justifier ses pratiques traîtresses » et d’atteinte irresponsable à sa souveraineté.

Le communiqué a souligné qu’« il n’y a jamais eu de médiation internationale impliquant une délégation de négociation d’Al-Qaïda », tandis que le rôle du Qatar a été constamment reconnu par la communauté internationale comme essentiel pour la paix à Gaza.

Le ministère a en outre accusé Benyamin Netanyahu d’avoir recours à une « rhétorique extrémiste pour gagner des élections », notant qu’il « est recherché par la justice internationale et fait face à des sanctions croissantes au quotidien des facteurs qui ne font qu’accentuer son isolement sur la scène mondiale ».

Il a insisté sur le fait que « la solidarité internationale exprimée envers le Qatar souligne que de telles menaces irresponsables dirigées contre des États souverains sont catégoriquement rejetées partout dans le monde ».

Doha a promis de continuer à agir en tant que « partenaire international fiable et impartial pour instaurer la sécurité et la stabilité dans la région et au-delà, et prendra toutes les mesures nécessaires pour défendre sa souveraineté et son territoire ».

Le Qatar a réaffirmé son attachement à la Charte des Nations Unies et au droit international, appelant la communauté mondiale à rejeter la « rhétorique islamophobe et incendiaire » de Netanyahou et à prévenir toute distorsion qui saperait la médiation et ferait obstacle à la paix.

La frappe israélienne a tué cinq membres du Hamas ainsi qu’un officier de sécurité qatari. Le Hamas a confirmé que sa direction avait survécu à l’attaque.

Le Qatar a dénoncé cette attaque comme un « acte lâche » et une violation flagrante du droit international, avertissant qu’il ne tolérerait pas le « comportement irresponsable » d’Israël.

L’État du Golfe, aux côtés des États-Unis et de l’Égypte, joue un rôle central dans les efforts de médiation visant à mettre fin à la guerre israélienne contre Gaza, qui a déjà fait plus de 64 600 morts palestiniens depuis octobre 2023.

*Traduit de l'anglais par Sanaa Amir