Le Premier ministre canadien Trudeau démissionne : Ce qu’il faut savoir
- Un leader issu d’une famille de politiciens laisse derrière lui un héritage mitigé

Canada
AA / Trenton, Canada / Barry Ellsworth
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a démissionné lundi de ses fonctions de chef du gouvernement et de leader du Parti libéral, sous la pression de ses collègues parlementaires libéraux.
Cette sortie peu glorieuse marque la fin d'une décennie à la tête du pays pour un homme dont la politique coule dans les veines.
Son père, feu Pierre Trudeau, a été deux fois Premier ministre, de 1968 à 1979 puis de 1980 à 1984.
Le jeune Justin accompagnait souvent son père lors de voyages à travers le monde, d'abord en tant qu'enfant, puis adolescent en devenir.
Avant d'entrer en politique, le protégé de la politique canadienne a exercé le métier d’enseignant. Il a fait le saut en politique en 2008, remportant un siège comme député du Québec, avant de devenir chef du parti en 2013.
- Une popularité digne d’une rock star
"Mes chers collègues libéraux, c’est avec un profond respect pour ceux qui ont occupé cette place avant moi et une grande détermination à accomplir le travail ardu qui nous attend que j’accepte, avec humilité, la confiance que vous m’accordez", avait déclaré Trudeau lors du congrès de direction.
Porté par son parti et par les Canadiens, Trudeau a accédé au pouvoir en 2015, remportant les élections grâce à un élan massif de soutien, et a formé un gouvernement majoritaire.
À 43 ans, ce leader charismatique jouissait d’une popularité digne d’une rock star, non seulement au Canada, mais aussi à l’international. Sa photo faisait la une des magazines alors qu’il brillait sous les projecteurs.
Trudeau avait promis aux Canadiens des "jours ensoleillés" et des "lendemains radieux" avec l’élection de son gouvernement libéral.
Cependant, le vent du changement a commencé à souffler quatre ans plus tard.
En 2019, il a été réélu, mais avec un gouvernement minoritaire, dirigeant le pays à travers la pandémie de COVID-19.
Durant ses deux premiers mandats, il a réformé le Sénat et réussi à renégocier l’accord de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique, un exploit notable alors que Donald Trump occupait la présidence américaine.
Mais lors des élections de 2019, Trudeau a remporté une victoire avec la plus faible part de vote jamais obtenue pour un gouvernement minoritaire uni-partite.
- Tête au vent économique et politique
Trudeau a été une figure énigmatique, cherchant à faire ce qu’il jugeait juste, mais souvent contraint de s’adapter à l’opinion publique.
La Syrie en est un exemple.
Bien que le régime du despote Bachar al-Assad ait finalement été renversé, l’avenir de la Syrie reste incertain, comme cela l’a été depuis des décennies.
Trudeau et le Canada ont répondu présents en 2015, en réinstallant 25 000 réfugiés syriens en un peu plus de trois mois.
Cependant, au cours de la dernière année, le gouvernement Trudeau a été contraint de céder à la pression, alors que les Canadiens exprimaient leur mécontentement face à l’afflux de demandeurs d’asile et de réfugiés étrangers dans le pays.
Dans la guerre israélo-Hamas, Trudeau s’est joint aux autres dirigeants appelant à un cessez-le-feu et a ordonné la fin de l’envoi de nouvelles armes canadiennes en Israël. Néanmoins, il est dit que des armes ont continué à affluer vers Israël sous des permis d'exportation existants.
Trudeau a signé l’accord de Paris sur le climat, avec l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 30%. Mais au Canada, le leader conservateur Pierre Poilievre, qui pourrait bien devenir Premier ministre si les sondages publics se confirment, a poussé son programme « Abolir la taxe » sur la politique de taxe carbone instaurée par Trudeau, la qualifiant de trop coûteuse.
Par ailleurs, des erreurs inutiles ont aussi fragilisé Trudeau.
Le Canada a été un soutien robuste de l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie, mais le 22 septembre 2023, Yaroslav Hunka, un Ukrainien-Canadien ayant combattu pour les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, a été invité à la Chambre des communes et a reçu des applaudissements en présence du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Ce n’était pas la faute de Trudeau, puisque Hunka avait été invité par le président de la Chambre des communes, qui a dû démissionner, mais cela a constitué un embarras pour le gouvernement.
Alors, quel avenir pour Trudeau, à 53 ans ?
Il garde le silence à ce sujet, laissant ainsi place à toutes les spéculations.
* Traduit de l’Anglais par Adama Bamba
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