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Le musée du parfum en France met en lumière l’histoire des fragrances et l'empreinte unique de la rose turque

- Le musée Fragonard à Paris retrace l’histoire du parfum, du monde antique à aujourd’hui, et souligne la place incontournable de la rose turque dans les créations françaises

Esra Taşkın  | 26.08.2025 - Mıse À Jour : 26.08.2025
Le musée du parfum en France met en lumière l’histoire des fragrances et l'empreinte unique de la rose turque

Ile-de-France

AA / Paris / Esra Taskin

Le musée Fragonard à Paris, considéré comme la capitale du parfum, présente aux visiteurs les senteurs et flacons utilisés à travers les âges ainsi que les méthodes de fabrication, tout en soulignant la place durable de la rose turque parmi les essences ayant contribué à la parfumerie française dans le monde entier.

Alors que la ville de Grasse, dans le sud de la France, est reconnue pour la culture de nombreuses fleurs et sa production de parfums, le musée Fragonard de Paris invite ses visiteurs, tout au long de l’année, à un voyage dans le temps à travers l’histoire des senteurs.

Les visiteurs peuvent y découvrir quelles senteurs et flacons étaient utilisés à différentes époques et s’informer sur les huiles essentielles correspondantes.

Charlotte Urbain, directrice de la culture et de la communication de la Maison Fragonard, et Nazan Ozarslan, guide du musée, ont raconté à Anadolu l’histoire du musée depuis sa création et l’évolution de la culture des parfums au fil du temps.

- La plus ancienne pièce remonte à 3 000 ans avant notre ère

Urbain a indiqué que Jean-François Costa, qui a ouvert le musée en 1983, était propriétaire de la parfumerie Fragonard à Grasse et collectionneur de flacons et d’objets d’art anciens.

Elle a ajouté que Costa avait rassemblé de nombreux objets retraçant l’histoire du parfum, presque depuis ses débuts, et que la plus ancienne pièce exposée au musée date d’environ 3 000 ans avant notre ère.

« Nous présentons d’abord l’histoire de Grasse, qui était une ville de tanneurs avant de devenir une cité du parfum. Ensuite, les visiteurs découvrent l’évolution du parfum, de l’Égypte antique au XXe siècle, à travers une multitude de flacons anciens, magnifiques et authentiques. Enfin, nous montrons comment il était fabriqué autrefois et comment il l’est encore aujourd’hui », a expliqué Charlotte Urbain, rappelant qu’au XIXe siècle les habitants de Grasse se rendaient à Paris pour présenter leurs créations.

« On croyait autrefois que les mauvaises odeurs transmettaient des maladies et que, pour se protéger, il fallait porter sur soi, à la ceinture, au poignet ou autour du cou, des objets appelés “pomanders”, des petites boules parfumées », a indiqué Charlotte Urbain.

Elle a ajouté que le musée accueille chaque année des visiteurs venus du monde entier, dont de nombreux Turcs, et possède une importante collection de ces objets. Le personnel parle au total 20 langues pour guider les visiteurs.

- Le parfum, “par la fumée”

Ozarslan, qui guide les visiteurs en turc, français et anglais, a rappelé que le mot parfum vient du latin Per Fumum, signifiant « par la fumée ».

Elle a indiqué que le parfum était utilisé par les civilisations anciennes à des fins religieuses, en brûlant divers bois et encens pour communiquer avec les dieux et d’autres dimensions.


- « La rose turque a toujours trois pas d’avance »

Ozarslan a souligné que la France, au climat similaire à celui de la Turquie, avait besoin de plantes, fleurs et épices endémiques provenant d’autres pays. Selon elle, la vanille utilisée dans les parfums vient de Madagascar, le géranium d’Égypte et la rose d’Isparta, en Turquie.

« La Roumanie et la Bulgarie produisent aussi de très belles roses, mais la rose turque a toujours trois pas d’avance », a précisé Nazan Ozarslan.


- Au Moyen Âge, le parfum était considéré comme un médicament

Ozarslan a expliqué que le Moyen Âge, période de grande avancée scientifique dans le monde islamique, ne l’était pas pour l’Europe. Elle a rappelé que lors de la peste noire, selon certains, un tiers, selon d’autres, la moitié de la population européenne est décédée.

« À cette époque, les gens utilisaient le parfum comme un médicament. On croyait que les maladies venaient des mauvaises odeurs », a-t-elle indiqué. Les Européens portaient des flacons de différentes formes pour se protéger des maladies.


- Louis XIV, ne s’est lavé que cinq fois en plus de 70 ans

Ozarslan a ajouté que certaines personnes croyaient que les maladies venaient de l’eau et avaient cessé de se baigner. Elle a rappelé que Louis XIV, surnommé le Roi-Soleil, n’a pris que 5 bains entre l’âge de 5 ans et 76 ans.

Elle a également souligné que lorsque l’on parle de hammam aujourd’hui, le monde pense au hammam turc. Elle a précisé :
« Cette tradition vient de Rome, transmise ensuite aux Ottomans via la Grèce, et nous en sommes les héritiers. C’est une fierté que les Turcs perpétuent cette tradition alors que d’autres pays européens ne le font pas. »


- Jusqu’au XIXe siècle, il n’existait pas de distinction entre parfums pour hommes et pour femmes.

Ozarslan a expliqué que jusqu’au XIXe siècle, il n’y avait pas de distinction entre parfums pour hommes et femmes. « Lorsqu’un père ramenait un parfum à la maison, toute la famille l’utilisait », a-t-elle dit.

Avec le retour à l’hygiène au XVIIIe siècle et la passion de Marie-Antoinette pour les fleurs, les parfums sont devenus plus légers et floraux. À l’entrée du musée, le buste de Marie-Antoinette accueille les visiteurs. « Elle a profondément changé la mode du parfum et créé sa propre fragrance », a souligné Ozarslan.

Elle a ajouté que Napoléon Bonaparte, né en Corse, utilisait 40 litres de colonie par mois, parfum léger évoquant les agrumes de son enfance.

Ozarslan a conclu en expliquant la fabrication actuelle : « Nous mélangeons les huiles essentielles selon une formule précise et ajoutons de l’alcool. Cela permet à l’huile, qui seule serait très concentrée, de se diffuser correctement comme un parfum. »


* Traduit du turc par Seyma Erkul Dayanc

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