AA / Istanbul / Liath Al-Jnaidi et Mohammad Sio

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a révélé lundi de nouveaux détails sur les dernières heures précédant la chute du régime de Bachar al-Assad l'an dernier, notamment une rencontre avec des responsables russes pour les informer de l'évolution rapide de la situation dans le pays.

S'exprimant dans le nouveau documentaire de la chaîne Al Jazeera, « Les clés de Damas », Chaibani a déclaré que des responsables de l'opposition avaient mené des négociations et des réunions directes avec les Russes en plein combat afin de garantir la période de transition et de définir l'avenir du pays.

La communication avec Moscou « n'a jamais cessé », a-t-il ajouté, expliquant que son objectif était de neutraliser ce qu'il a qualifié de « facteur déterminant » susceptible d'avoir bouleversé la dynamique du champ de bataille en Syrie.

« L'acteur russe était présent avec nous dans la salle des opérations, et même avant », a-t-il affirmé.

Expliquant les raisons de ce dialogue avec Moscou en plein combat, le ministre syrien a déclaré : « Nous avons décidé de parler aux Russes en plein combat. »

Il a déclaré que les négociations urgentes visaient avant tout à protéger les intérêts futurs de la Syrie.

« Quelle forme prendra ce partenariat dans l'avenir de la Syrie ? En cas de moment critique ou de changement brutal, même la veille de la victoire ou 48 heures avant la chute du régime, ce partenariat sera préservé. »

Chaibani a indiqué que des discussions cruciales s'étaient tenues le 6 décembre au point de passage frontalier de Bab Al-Hawa (avec la Türkiye), alors que les combats faisaient encore rage.

« Le cadre de la réunion, et même le lieu, reflétaient la situation sur le champ de bataille », a-t-il affirmé.

Il a conclu en soulignant la sensibilité du moment : « Nous avons rencontré les Russes quelques heures avant la chute du régime d'Assad et les avons informés de l'évolution de la situation dans le pays. »

La Russie était une alliée du régime d'Assad, déchu de son poste, en Syrie, et dispose actuellement de deux importantes bases militaires dans le pays.

Lundi matin, des chants de victoire ont retenti dans les mosquées de toute la Syrie pour marquer le premier anniversaire de la chute d'Assad, suite à un appel du ministère des Biens religieux.

Des défilés militaires, rassemblant une foule nombreuse, ont eu lieu dans les villes et provinces, notamment Damas, sa campagne, Daraa, Hama, Alep, Idlib et Lattaquié.

Depuis plusieurs jours, les Syriens célèbrent leur libération du joug d'Assad en commémorant la bataille de la « dissuasion d'agression », qui a débuté le 27 novembre 2024 à Alep avant que les forces d'opposition n'atteignent Damas onze jours plus tard.

Nombre de Syriens considèrent le renversement d'Assad, le 8 décembre 2024, comme la fin d'une longue période de répression brutale, marquée par des violations généralisées des droits des civils, en particulier durant les quatorze années de soulèvement.

*Traduit de l’anglais par Ayse Bashoruz