Le MAE français critique le « chantage » tarifaire américain à 30 % et alerte sur les conséquences économiques
- Jean-Noël Barrot fustige une mesure « pas à la hauteur » du partenariat avec les États-Unis et rappelle les ripostes possibles de l’UE

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Jean-Noël Barrot a vivement critiqué mardi la menace américaine d’imposer un droit de douane de 30 % sur les produits européens, qualifiant cette décision de « mauvaise manière qui a l’apparence d’un chantage » et estimant qu’elle « n’est pas à la hauteur de la relation privilégiée entre les États-Unis d’Amérique et l’Union européenne ».
À Bruxelles, le chef de la Diplomatie française a mis en garde contre l’impact sur l’économie américaine elle-même : « Les droits de douane, de tels droits de douane, amputeraient très profondément le pouvoir d’achat des classes moyennes américaines qui seraient les premières victimes d’une telle décision », a-t-il affirmé, qualifiant ces mesures « d’impôt sur les classes moyennes ».
Barrot a souligné l’interdépendance économique entre les deux blocs : « L’économie américaine a un besoin vital de l’économie européenne pour fonctionner », a-t-il déclaré, en rappelant que « les GAFAM réalisent 25 % de leurs revenus en Europe » et que « la zone euro finance l’économie, le déficit public américain à hauteur de 3 000 milliards d’euros net des investissements américains en Europe ».
Le ministre a rappelé que l’Union européenne dispose d’outils solides pour se défendre : « L’Union européenne dispose depuis 2023 d’instruments de défense commerciale extrêmement puissants face à la coercition », qui lui permettent « de restreindre l’accès à ses marchés publics », « de restreindre l’accès au marché unique pour les services, y compris les services numériques et les services financiers ».
« Nous sommes des partenaires, nous devons trouver un accord », a-t-il conclu, avant de préciser que « l’Union européenne est le premier partenaire commercial des États-Unis, mais n’a pas vocation à devenir un vassal des États-Unis ».
Ces déclarations interviennent après que le président américain Donald Trump et son gouvernement ont annoncé une surtaxe de 30 % applicable dès le 1er août sur les produits importés d’Europe et du Mexique, invoquant un excédent commercial jugé excessif et des préoccupations stratégiques diverses. Cette décision s’inscrit dans une politique protectionniste offensive depuis son retour à la Maison-Blanche.
L’Union européenne considère cette hausse comme « absolument inacceptable » et a différé jusqu’au 1er août sa propre riposte, tout en préparant un plan de mesures punitives ciblant des milliards d’euros d’importations américaines.