AA / Beyrouth / Ekrem Biçeroğlu

Le leader druze libanais et ancien président du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a appelé à la proclamation d’un cessez-le-feu dans le gouvernorat syrien de Suwayda (sud), soulignant la nécessité d’instaurer un cadre de dialogue entre les autorités syriennes et les acteurs locaux pour mettre un terme à la crise.

Joumblatt s’est exprimé à Beyrouth lors d’une réunion extraordinaire organisée par l’Assemblée druze, aux côtés du chef spirituel druze du Liban, Cheikh Sami Abil Mona.

Dans son discours, il a appelé à la mise en place d’une commission d’enquête sur les récents événements survenus à Suwayda.

« Je propose la proclamation d’un cessez-le-feu dans le sud de la Syrie et l’ouverture d’un dialogue entre l’État et les acteurs influents de Suwayda », a-t-il réaffirmé.

Appelant à la désescalade, Joumblatt a également condamné les récentes frappes israéliennes en Syrie ainsi que les violations quotidiennes contre le Liban.

- « Suwayda est une partie intégrante de la Syrie »

Le dirigeant druze a rejeté les appels à l’indépendance lancés par certains groupes à Suwayda, affirmant que cette province est une « composante indivisible de la Syrie ». Il a insisté : « Avant de publier des déclarations de condamnation ou de prise de position concernant les événements en Syrie, nous devons faire preuve de discernement. »

Il a par ailleurs critiqué le comportement de certains groupes druzes pendant la crise actuelle, les accusant d’avoir alimenté les tensions dans la région.

Rappelant la posture historique du leader druze Sultan Pacha al-Atrash – chef de la révolte syrienne contre l’occupation française en 1925 – Joumblatt a déclaré : « En 1954, al-Atrash avait quitté Suwayda pour la Jordanie afin d’éviter une guerre civile en Syrie. Aujourd’hui, Suwayda a besoin de dirigeants de cette trempe. »

- Le leader spirituel druze rejette les appels à une protection israélienne

Le chef religieux des Druzes du Liban, Cheikh Sami Abil Mona, a fermement rejeté les appels lancés par certains groupes à Suwayda en faveur d’une protection israélienne, dénonçant une atteinte à l'identité et à l'histoire de la communauté.

« Nous refusons les appels à une protection israélienne formulés par certaines factions à Suwayda, car cela nuit à notre histoire et à notre identité », a-t-il déclaré.

Abil Mona a également souligné leur rejet de « toute tendance séparatiste ou sécessionniste en Syrie », tout en condamnant les attaques contre les Bédouins sunnites et d’autres communautés dans la région.

Il a par ailleurs dénoncé « les appels à la mobilisation tribale, prononcés sur un ton agressif, qui pourraient mener à une guerre confessionnelle ».

- Conflits armés et frappes israéliennes à Suwayda

Les tensions ont éclaté le 13 juillet dans le gouvernorat de Suwayda, dans le sud de la Syrie, entre des groupes armés druzes et des tribus arabes bédouines. Ces affrontements de faible intensité ont rapidement dégénéré.

Des groupes armés druzes ont attaqué les forces de sécurité syriennes dépêchées sur place, faisant plusieurs dizaines de morts parmi les soldats.

Alors que les combats entre forces gouvernementales et groupes locaux s’intensifiaient, un cessez-le-feu a été conclu, mais il a été de courte durée. Peu après, l’armée israélienne a lancé des frappes ciblant les forces de sécurité syriennes.

Le 16 juillet, l’aviation israélienne a bombardé plusieurs sites sensibles, dont le palais présidentiel, l’état-major général et le ministère de la Défense à Damas.

Le même jour, alors qu’un nouvel accord de cessez-le-feu était annoncé entre le gouvernement syrien et les groupes locaux à Suwayda, Israël a mené d’autres frappes sur Damas et Deraa.

Cependant, le 17 juillet, les affrontements ont repris lorsque certains groupes armés druzes ont commencé à expulser de force des familles bédouines de leurs habitations, sans intervention des forces de sécurité, qui s’étaient retirées de la région.

Selon des estimations locales, les affrontements et les frappes israéliennes à Suwayda auraient causé la mort de centaines de personnes.

Par ailleurs, la région fait face à une grave crise humanitaire, avec des pénuries d’aliments, d’électricité et d’eau qui affectent durement la population.

* Traduit du Turc par Adama Bamba