Le Guyana achète un patrouilleur militaire au constructeur français OCEA, provoque l’ire de Caracas
- Le Venezuela revendique la région riche en pétrole de l’Essequibo, sous administration guyanienne.
Guyana
AA / Tunis / Majdi Ismail
Le Guyana a acheté un patrouilleur militaire offshore pour 39,5 millions d’euros au constructeur naval français OCEA, a fait savoir mercredi le ministère des finances guyanien.
Selon Le Monde, cette acquisition a provoqué l’ire du Venezuela, qui revendique la région riche en pétrole de l’Essequibo, sous administration guyanienne.
‘’Le patrouilleur militaire servira à protéger la zone économique exclusive (espace maritime entre les eaux territoriales et les eaux internationales sur lequel un Etat côtier dispose de l’exclusivité d’exploitation des ressources), à lutter contre la pêche illégale et les trafics, ainsi qu’à découvrir de possibles pollutions’’, indique un responsable militaire cité par Le Monde.
Selon le gouvernement du Guyana, ’’Le prix du navire comprend le coût du navire et de son équipement ainsi que les services intégrés de soutien logistique, y compris la formation, pour une période de cinq ans’’.
‘’La fausse victime Guyana achète un patrouilleur océanique à une société française’’, a réagi la vice-présidente vénézuélienne, Delcy Rodriguez, dans un message posté sur X. Et d’ajouter : ‘’Le Guyana, les Etats-Unis, ses partenaires occidentaux et son ancien maître colonial [le Royaume-Uni] constituent une menace pour la paix dans notre région. Le Venezuela restera vigilant’’.
En septembre 2023, des appels d’offres pétroliers ont été lancés par le Guyana, réactivant ainsi le différend territorial entre Caracas et Georgetown sur l’Essequibo. En réaction, le Venezuela a organisé un référendum en décembre sur un rattachement de l’Essequibo.
Caracas estime que le fleuve Essequibo devrait être la frontière naturelle, comme en 1777, à l’époque de l’empire espagnol et que l’accord de Genève signé en 1966 jette les bases d’un règlement négocié. De son côté, Georgetown soutient que la frontière actuelle entre les deux pays date de l’époque coloniale anglaise et que celle-ci a été entérinée en 1899 par une cour d’arbitrage à Paris, explique Le Monde.
La semaine dernière, le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a promulgué une loi désignant l’Essequibo comme un nouvel Etat vénézuélien, tout en dénonçant l’installation de ‘’bases militaires secrètes’’ des Etats-Unis.
Le chef de la diplomatie française, Stéphane Séjourné, avait rencontré le président guyanien, Irfaan Ali, lors d’une brève visite au Guyana à la fin de mars. Les deux responsables avaient notamment abordé la question de ce navire militaire.
En outre, la France va ouvrir prochainement une ambassade à Georgetown, ‘’une première pour un pays membre de l'Union européenne’’.
Le Quai d’Orsay souligne que cette démarche ’’s’inscrit aussi dans le réarmement diplomatique de la France’’,
Le Guyana, petit pays de 800 000 habitants, riche en réserves pétrolières et proche de la Guyane française, préside la Communauté des Caraïbes (Caricom). Il est aussi membre élu du Conseil de sécurité de l’Onu.
Territoire de 160 000 kilomètres carrés riche en pétrole et ressources naturelles, l’Essequibo représente les deux tiers de la superficie du Guyana.
