Le Français Fabrice Leggeri, ancien directeur de Frontex, visé par une plainte pour crimes contre l'humanité
- La LDH et Utopia 56 accusent le candidat RN aux européennes de complicité dans des crimes graves.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Les organisations de défense des droits humains, la LDH (Ligue des droits de l'Homme) et Utopia 56, ont porté plainte contre Fabrice Leggeri, l'ancien directeur de l'agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, Frontex, pour complicité de crimes contre l'humanité et de torture. Ces accusations surviennent dans un contexte de crise migratoire aiguë en Méditerranée centrale, reconnue comme la route migratoire la plus meurtrière au monde.
Selon le communiqué publié par les deux organisations, ce mardi, la responsabilité de Fabrice Leggeri serait directement engagée dans les décès de près de 16 272 personnes migrantes entre janvier 2015 et avril 2022. Ces morts ne sont "ni le fruit du hasard, ni d’accidents", mais résultent de "crimes commis de manière méthodique par les autorités grecques et libyennes, avec le soutien implicite de Frontex" sous la direction de Leggeri, indique-t-on. Les pratiques incriminées incluent homicides, violences, mise en danger délibérée et entrave à l'arrivée des secours.
Sous la direction de Leggeri, de 2015 à 2022, Frontex a, selon les plaignants, dévié de son rôle initial de soutien pour prendre une part active dans la gestion des frontières, souvent au mépris des droits fondamentaux des migrants. L'agence est accusée de s'être substituée aux États membres dans la gestion des frontières, de faciliter des interceptions de bateaux de migrants, de dissimuler des preuves de crimes, et même de soutenir financièrement et logistiquement ces opérations.
"Frontex a joué un rôle essentiel dans la possibilité de commission de ces crimes", affirme le communiqué, ajoutant que l'agence a choisi de "faire obstacle, quel qu'en soit le prix en vies humaines, à l’entrée des personnes migrantes au sein de l’UE". Cette politique a été renforcée sous l'impulsion de Leggeri, qui a orienté les missions de l'agence de manière à endosser un rôle de police des frontières plus affirmé, explique-t-on.
Malgré les accusations et les preuves accumulées, y compris les nombreux messages et courriels qui attestent de sa connaissance des faits, Leggeri a choisi de démissionner suite à un rapport de l'Office européen de lutte anti-fraude en avril 2022, plutôt que de mettre fin à ces pratiques. Aujourd'hui candidat aux élections européennes pour le Rassemblement national, sa présence en politique soulève des inquiétudes quant à l'impact de ses actions passées sur les valeurs européennes et les droits humains.
La LDH et Utopia 56 espèrent que leur action en justice contribuera à un changement radical dans la gestion des frontières par l'UE, insistant sur la nécessité de respecter la dignité et les droits des personnes migrantes, en contraste avec les politiques antérieures.