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Le cinéma tunisien traite le syndrome du visa dans "L'homme qui a vendu sa peau"

- La projection du premier long métrage tunisien à être nommé aux Oscars, dans l'une des catégories les plus sélectives du "meilleur film étranger", est à compter du 31 mars

Hend Abdessamad  | 31.03.2021 - Mıse À Jour : 15.04.2021
Le cinéma tunisien traite le syndrome du visa dans "L'homme qui a vendu sa peau" ( Mohamed Mdalla - Anadolu Ajansı )

Tunisia

AA/ Tunis / Hend Abdessamad

Nommé aux Oscars 2021 pour le prix du meilleur film étranger, le film tunisien "L'homme qui a vendu sa peau", aura sa sortie mondiale le 31 mars 2021, en Tunisie.

Réalisé par la cinéaste tunisienne Kaouther Ben Hnia, le film a décroché deux prix au Festival international de "La Mostra de Venise", de meilleure interprétation masculine pour l'acteur syrien Yahya Mahyani pour son rôle de Sam Ali (le personnage principal) qui a également remporté l'Edipo Re pour l'Inclusion.

Loin des stéréotypes tant exploités par les cinéastes du monde arabe, Ben Hnia a choisi une idée singulière et transgressive pour sa nouvelle œuvre, filmée en France, en Belgique puis en Tunisie.

Le problème d'accès en Europe pour la jeunesse arabe est, certes, un sujet vieux comme la terre, mais l'axe choisi par la réalisatrice, pour traiter cette problématique, est une première.

"L'homme qui a vendu" sa peau est Sam Ali, un Syrien, jeune, amoureux et impulsif, qui a, concrètement, vendu son âme au diable, pour partir retrouver son amoureuse en Europe, en acceptant de se faire tatouer le dos par un des artistes européens les plus renommés, qui a transformé son corps en une œuvre d'art.

La forte symbolique du film est le tatouage du visa Schengen que Sam a accepté de faire afin de fuir la guerre dans son pays, mais qui s'est fait, finalement, au prix de sa liberté et sa dignité. Le réfugié syrien se voit devenir un objet vendu aux enchères.

Entre drame, romance et humour noir, le film est riche émotionnellement, en plus de sa fin heureuse loin des fins tragiques, des discours victimaires pour les réfugiés, en faisant de Sam Ali comme un vrai héros contemporain qui a su mener cette aventure à son avantage, reflète une lueur d'espoir pour la jeunesse du monde arabe.

Yahya Mahyani, l'acteur principal, qui a été émerveillé par le scénario dès sa première lecture, est revenu sur ses premières impressions, dans une déclaration accordée à l'Agence Anadolu : "J'étais ébloui par l'originalité du scénario, de l'histoire très fortuite qu'un Syrien se trouve réfugié au Liban et qu'ensuite se trouve dans une galerie d'art où on lui propose un marché, se faire tatouer son dos en contrepartie d'obtenir un visa Schengen".

"Il faut vraiment utiliser son imagination, là, ce n'est pas la même chose que de regarder ou d'écouter les vraies expériences des Syriens ni voir les documentaires à propos de la souffrance en Syrie ou ailleurs, j'étais vraiment emporté par le scénario", a-souligné Mahyani.

S'agissant de la complexité de son rôle qui a plusieurs états psychologiques, le héros du film a indiqué que "la réalisatrice avait écrit une note détaillée du personnage de Sam, ce qui me permettait de comprendre vraiment le rôle, par la suite, les scènes étaient tellement bien écrite, que j'ai compris comment interpréter le moment où il se rend compte des regards des autres par rapport à lui-même, je ne sais si j'ai retenu tout ça après la première lecture ou après la quinzième".

L'acteur syrien est également revenu sur son expérience lors du tournage, en le qualifiant de marathon : "On a commencé par le sud de la France, ensuite on est allé en Belgique, puis la dernière partie du tournage était en Tunisie et à ce moment-là, il y avait la canicule, c'était très difficile avec le tatouage sur le dos où je ne pouvais pas bouger ni me reposer, mais c'était magnifique d'être dans ce pays et d'y retourner maintenant à l'occasion de la première du film, franchement, c'est émouvant".

"L'homme qui a vendu sa peau" est le premier long métrage tunisien à être nommé aux Oscars pour le prix du meilleur film étranger, son producteur tunisien Hbib Attia, qui gère la société de production audiovisuelle et cinématographique CINETELEFILMS, a déclaré à l'Agence Anadolu : "Ce n'est pas une première pour CINETELEFILMS, c'est la deuxième fois, l'année dernière, nous avons été nommés dans la catégorie du Meilleur court-métrage de fiction, mais cette fois-ci, on est encore plus fier d'offrir à la Tunisie sa première nomination dans la catégorie du meilleur long-métrage international, la course a été dure, c'est une des catégories les plus sélectives comme elle englobe le monde entier et être parmi les cinq retenus est un grand honneur pour nous".

"C'est une consécration, si j'ose dire, pour nous, pour la réalisatrice, le fruit d'un grand labeur et aussi pour le cinéma tunisien et l'image de la Tunisie, le cinéma n'est pas que divertissement ou culture, c'est aussi l'identité du pays, on est content de porter très haut le nom de la Tunisie dans un événement des plus suivis mondialement" a ajouté le producteur tunisien.

La co-production tunisienne, française, belge, suédoise et allemande permet au film d'obtenir plus de financement, en plus d'une large visibilité puisqu'il serait distribué dans tous les pays où il est produit.

Pour Attia la co-production est un exercice difficile "parce qu'il faut choisir les bons partenaires et partager les mêmes visions avec, on est honoré de ces initiatives tunisiennes de co-production, comme pour L'homme qui a vendu sa peau, on est sept producteurs, je le redis c'est un exercice difficile que je pense avoir réussi".

La réalisatrice du film, Kaouther Ben Hnia, a également réalisé "Le Challat de Tunis" au grand succès international, qui avait ouvert, en 2014, la section ACID du festival de Cannes, puis "Zeineb n'aime pas la neige" qui a remporté le TANIT D'OR des Journée Cinématographique de Carthage, JCC, et "la Belle et la Meute", qui a entamé une prestigieuse carrière internationale grâce à sa sélection officielle au Festival de Cannes en 2017, dans la catégorie un CERTAIN REGARD.

Depuis 1929, l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences organise la cérémonie des Oscars du cinéma, au début de chaque année, pour récompenser les meilleurs productions cinématographiques de l'année précédente.

L'édition 2021 aura lieu exceptionnellement le 25 avril au Théâtre Dolby à Los Angeles, une date choisie en fonction de l'évolution de la pandémie de la Covid-19.

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