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Le chef de la politique étrangère de l'UE met en exergue le dialogue avec la Turquie

- Josep Borrell estime qu'une solide relation de coopération avec la Turquie contribuerait de manière significative à la stabilité européenne.

Mourad Belhaj  | 21.03.2021 - Mıse À Jour : 21.03.2021
Le chef de la politique étrangère de l'UE met en exergue le dialogue avec la Turquie

Ankara

AA / Bruxelles

L'UE engagera des discussions avec la Turquie concernant les questions en suspens dans la région, selon le chef de la politique étrangère de l'UE.

"S'agissant de la Méditerranée orientale, nous allons poursuivre le dialogue avec la Turquie sur les questions en suspens", a déclaré Josep Borrell dans son livre, "Quelle politique étrangère européenne à l'heure du Covid-19 ?".

Rappelant que les dirigeants de l'UE l'ont chargé d'organiser une conférence multilatérale sur la Méditerranée orientale, il écrit : "Nous privilégions clairement la voie des relations constructives, mais la ligne politique est claire : en cas de nouvelles actions de la Turquie violant le droit international, l'UE aura recours aux options à sa disposition."

Borrell écrit que la Turquie continuera d'être un partenaire important sur un certain nombre de questions. "Cela devrait nous permettre de sortir d'une dangereuse dynamique de confrontation avec ce grand voisin."

Il souligne également que la Turquie veut être perçue comme un pays qui ne peut être exclu du partage des ressources énergétiques en Méditerranée orientale et comme un pays porteur d'une solution politique en Libye.

Borrell affirme que les principaux sujets de politique étrangère de l'Union européenne l'année dernière étaient la Turquie et la Méditerranée orientale.

"Et aujourd'hui encore, il est clair que l'Union européenne ne sera pas en mesure de parvenir à la stabilité sur le continent si elle ne trouve pas un juste équilibre dans ses relations avec la Turquie et la Fédération de Russie", ajoute-t-il.

En arrivant à ce poste, explique le chef de la politique étrangère de l'UE, il savait que le rétablissement des relations avec la Turquie allait être l'une des questions difficiles, et il ajoute que les politiques d'Ankara concernant la Libye et la Syrie ne conviennent pas non plus à l'UE.

Selon Borrell, l'accord migratoire de 2016 entre la Turquie et l'UE n'a pas porté les fruits escomptés pour les deux parties.

"Malheureusement, les notifications et les navires Navtex turcs, tels que l'"Oruc Reiss" et "Barbaross", sont devenus des noms familiers pour Bruxelles", ajoute-t-il.

La question chypriote et les relations Turquie-Grèce sont au centre des relations Turquie-UE, écrit Borrell, ajoutant que ces questions ne pouvaient plus souffrir de retard.

"La Turquie est devenue une puissance régionale avec laquelle il faut compter et a remporté des succès indéniables", affirme le chef de la politique étrangère de l'UE à propos de la politique étrangère turque. Et d’ajouter : "Malheureusement, dans un assez grand nombre de cas, l'agenda international de la Turquie n'est pas bien aligné sur celui de l'UE et ses méthodes ne sont pas celles de l'UE."


- Des liens solides avec la Turquie bénéficieront à l'UE

Affirmant que la candidature de la Turquie à l'adhésion à l'UE autorise l'Union à poser des questions, Borrell déclare : "Les relations ne peuvent pas être à sens unique. L'UE doit également montrer à la Turquie qu'elle sera accueillie comme un membre de la famille si elle respecte sa part du marché. C'est là que l'agenda positif convenu dans la déclaration commune de 2016 joue un rôle essentiel."

Selon lui, les parties doivent trouver un moyen de sortir de la dynamique du donnant-donnant et revenir à la coopération et à la confiance.

Soulignant que l'UE pourrait prendre de sévères mesures si les relations avec la Turquie se dégradent, Borrell écrit : "Une solide relation de coopération avec la Turquie contribuerait de manière significative à la stabilité européenne. De la même manière qu'il sera difficile pour la Turquie de trouver un meilleur partenaire que l'UE."


- L'Europe face à de nouveaux empires

Faisant référence dans son livre à la Russie, à la Chine et à la Turquie comme étant de "nouveaux empires", Borrell affirme que pour pouvoir négocier et régler pacifiquement les conflits avec ces empires, l'UE doit apprendre le "langage du pouvoir".

Et de poursuivre : " L'Europe est de plus en plus confrontée, dans son voisinage immédiat, à des puissances qui ont tendance à se comporter toujours plus comme de "nouveaux empires". "

"Tout au long de l'année dernière, la situation a été particulièrement tendue en Méditerranée orientale, de même que dans nos relations avec la Turquie", écrit-il.

Un terrain d'entente doit être trouvé "avec ce grand voisin et partenaire", souligne le chef de la politique étrangère de l'UE, tout en défendant le droit international et les droits des membres de l'Union.

"Toutefois, nous ne pouvons réussir que si la Turquie le souhaite également et agit en conséquence", insiste Borrell.

Évoquant les caractéristiques communes de la Russie, de la Chine et de la Turquie, Borrell estime qu'elles sont souverainistes vis-à-vis du monde extérieur, autoritaires à l'intérieur et qu'elles ont des valeurs que ne partage pas l’UE.

Et d’expliquer : "Ils sont déterminés à obtenir la reconnaissance de leurs zones d'influence et à les soustraire à toute influence extérieure ; ils veulent changer les règles du jeu mondial, car la répartition du pouvoir dans le monde d'aujourd'hui n'a rien à voir avec celle de l'époque où ils ont émergé".

"Sur ce point, il faut reconnaître qu'ils ne sont pas totalement dépourvus d'arguments", affirme le chef de la politique étrangère de l'UE.


*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj


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