Le chef de l’UNRWA espère que le cessez-le-feu Iran-Israël recentrera l’attention sur Gaza
- Philippe Lazzarini déclare à Anadolu que Gaza s’est transformée en paysage « post-apocalyptique » et exprime l’espoir que le cessez-le-feu entre l’Iran et Israël favorisera la fin de la campagne militaire israélienne dans l’enclave.

Berlin
AA/Berlin/Ayhan Simsek
Philippe Lazzarini, chef de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a exprimé l’espoir que le cessez-le-feu annoncé entre l’Iran et Israël tienne, afin de recentrer l’attention internationale sur la crise humanitaire qui s’aggrave à Gaza.
« Il est vrai que l’attention portée à Gaza a considérablement diminué ces derniers jours, mais la situation sur le terrain continue de se détériorer. Il y a des frappes militaires quotidiennes, les gens sont toujours en mouvement », a-t-il déclaré dans un entretien accordé à Anadolu.
Il a souligné que le blocus imposé par Israël à l’aide humanitaire à Gaza a aggravé la crise au cours des dernières semaines, et que le nouveau mécanisme d’aide mis en place par Israël est devenu un « piège mortel », causant davantage de morts qu’il n’en sauve.
« Nous sommes face à l’abomination de ce nouveau système d’aide où les gens (à Gaza) se sentent totalement piégés et se demandent : ‘Qu’est-ce que je fais ? Je laisse ma famille mourir de faim, ou je prends le risque d’être tué en essayant de trouver de l’aide humanitaire ?’ », a-t-il dénoncé.
« Nous avons une situation absolument catastrophique à Gaza, que beaucoup décrivent comme un environnement dystopique, post-apocalyptique, qui nécessite toute l’attention de la communauté internationale », a-t-il insisté.
Le responsable onusien a dit espérer que le cessez-le-feu entre l’Iran et Israël, annoncé par le président américain Donald Trump après avoir exercé des pressions sur les deux parties, soit respecté et permette de recentrer les efforts sur Gaza.
« D’abord, j’espère qu’il durera. Une désescalade est absolument nécessaire dans la région, qui ne peut se permettre une extension du conflit », a-t-il affirmé.
« J’espère aussi que ce cessez-le-feu permettra de se concentrer à nouveau sur un cessez-le-feu à Gaza, sur la libération des otages, mais aussi sur la levée du siège et l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire », a-t-il poursuivi, réitérant la demande d’un accès pour les agences de l’ONU et les organisations humanitaires.
« Nous avons l’expertise, nous avons les ressources, nous avons prouvé, lors de la dernière trêve, que nous pouvions inverser la tendance face à la faim qui se propageait déjà à l’époque. Et comme je l’ai mentionné ce matin, une grande quantité de ressources attend juste à l’extérieur de la bande de Gaza, que ce soit à Ashdod, en Jordanie ou à El-Arish. De l’aide vitale, alimentaire et non-alimentaire, est prête à entrer », a-t-il indiqué.
L’UNRWA, qui est régulièrement la cible du gouvernement israélien, a perdu près de 320 membres de son personnel dans des attaques israéliennes depuis octobre 2023. Malgré les bombardements, les arrestations et le harcèlement, l’agence continue de fournir des services essentiels à la population palestinienne.
Lazzarini a vivement critiqué le nouveau mécanisme d’aide introduit par Israël mis en place sous la pression de la communauté internationale estimant qu’il humilie et déshumanise les Gazaouis.
« Ce mécanisme est un piège mortel… situé à proximité des positions militaires israéliennes, attirant de grandes foules de jeunes. Et nous avons vu que ces rassemblements mènent à des tueries quotidiennes », a-t-il déclaré.
« C’est un système qui exclut les plus faibles, les plus vulnérables, les personnes âgées, les enfants, les familles dirigées par des femmes. Ce n’est donc clairement pas un dispositif conçu pour répondre à la crise humanitaire », a-t-il souligné.
Depuis le lancement de l’offensive israélienne sur Gaza en 2023, plus de 56 000 Palestiniens ont été tués et plus de 100 000 blessés, en majorité des femmes et des enfants.
Israël fait actuellement face à une procédure pour génocide devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour ses actions à Gaza, où au moins 1,9 million de Palestiniens sont déplacés et confrontés à des pénuries extrêmes de nourriture, de médicaments et d’autres biens essentiels.
En novembre dernier, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d’arrêt à l’encontre du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés à Gaza.
*Traduit de l'anglais par Sanaa Amir