Le Canada ajoute 13 groupes à sa liste « d’entités terroristes »
- Dont les « Proud Boys » impliqués dans les évènements du Capitole à Washington, ainsi que des groupes affiliés à Al-Qaïda et à Daech

Canada
AA / Montréal / Hatem Kattou
Ottawa a ajouté, mercredi, 13 groupes violents à sa liste « d’entités terroristes », dont les « Proud Boys », impliqués dans les évènements du Capitole à Washington, a annoncé le ministère canadien de la Sécurité publique.
C’est ce qui ressort d’un communiqué rendu public, mercredi, par le ministère fédéral de la Sécurité publique, et dont Anadolu a eu copie.
Le ministère a motivé cette décision par le fait que « les Canadiens s’attendent à ce que leur gouvernement prenne toutes les mesures nécessaires pour les protéger, tout en protégeant leurs valeurs, leurs droits et libertés et le caractère ouvert et inclusif de notre pays ».
« Compte tenu de leurs actions, chaque groupe atteint le seuil légal pour l’inscription tel qu’il est énoncé dans le Code criminel, qui exige des motifs raisonnables de croire qu’une entité a sciemment participé à une activité terroriste ou facilité une activité terroriste », ajoute le communiqué.
Parmi les groupes ajoutés figure celui des « Proud Boys » (mouvance suprémaciste d’extrême droite) impliqués, entre autres, dans les évènements du Capitole à Washington, le 6 janvier dernier.
Dans un dangereux précédent de la vie politique américaine, Washington a été, le 6 janvier dernier, le théâtre d'affrontements entre les forces de sécurité et des manifestants pro-Trump, qui ont pris d'assaut le bâtiment du Congrès. Ces incidents violents ont engendré la mort de 5 personnes et l’arrestation de 52 autres.
La prise d'assaut est survenue lors d'une session du Congrès pour certifier les résultats de l’élection présidentielle, et a conduit à la suspension de ladite session pendant environ 6 heures, avant de reprendre plus tard, alors que les forces de la Garde nationale se sont déployées pour arrêter les troubles.
Le Canada devient ainsi le premier pays au monde à classer comme terroriste les « Proud Boys ».
Rappelons qu’au surlendemain de l’assaut du Capitole et en marge de ses commentaires au sujet de cet évènement, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, avait évoqué clairement la question « du listage comme groupe terroriste de la section canadienne des Proud Boys ».
« On prend ça au sérieux et on va continuer à faire ce qu’on peut pour se battre contre la haine et la violence », avait, notamment, souligné Trudeau à l’époque.
Créé à New York en 2016 par un canadien, Gavin McInnes, le groupe est installé dans plusieurs Etats américains et revendique également une présence dans d’autres pays, notamment, le Canada, l’Australie et Israël. Il s’agit de suprémacistes blancs, exclusivement des hommes, qui sont majoritairement pro-Trump.
Outre les « Proud Boys », des groupes affiliés à al-Qaida et à Daech, ont été ajoutés à cette liste.
Il s’agit, essentiellement, de Ansar Dine (groupe associé à Al-Qaïda), du Jamaat Nosrat Al-Islam Wal-Mouslimine (Mali), et de cinq entités affiliées à Daech, en Libye, en Asie de l’Est, au Bangladesh, au Grand Sahara et en « Province d’Afrique occidentale ».
A côté de cela, la « Division Atomwaffen (groupe néonazi) et le Mouvement impérial russe (groupe nationaliste) ont été classés comme terroristes.
En plus du communiqué, le ministre fédéral de la Sécurité publique, Bill Blair, a souligné en conférence de presse, mercredi après-midi, que « peu importe leurs motivations idéologiques, tous ces groupes sont nocifs, intolérants et hautement dangereux. Combattre ces groupes est pour nous une priorité ».
Lors de la conférence transmise en direct par les chaines d’information locales, Blair a souligné que « maintes et maintes fois, nous avons vu ce qui peut arriver quand les idéologies violentes sont poussées à l'extrême ».
Il a cité comme exemple l’attentat terroriste contre la Grande mosquée de Québec, en date du 29 janvier 2017, et qui avait fait six victimes.
Avec l’ajout de ces 13 entités, ce sont au total 73 groupes qui sont inscrits aux « registres des organisations terroristes au Canada ».
Il s’agit d’une liste, créée au lendemain des événements du 11 Septembre 2001 et qui est révisée tous les cinq ans. Les groupes qui y figurent sont en mesure de contester la décision.