AA / Ankara / Islam Uddin

Le Cambodge a accusé vendredi les forces militaires thaïlandaises d’avoir intensifié les attaques le long des zones frontalières disputées, malgré une première série de pourparlers visant à désamorcer les tensions, selon des médias d’État.

Lors d’un point de presse à Phnom Penh, la porte-parole du ministère de la Défense, le général de division Maly Socheata, a indiqué que les opérations militaires thaïlandaises avaient débuté tôt le matin avec un bombardement d’artillerie visant plusieurs sites sensibles, dont le temple de Preah Vihear ainsi que les zones des temples Ta Krabey et Ta Mone dans la province d’Oddar Meanchey, rapporte l’Agence Kampuchea Presse.

« Les forces thaïlandaises ont mené des frappes d’artillerie intensives et des opérations de chasseurs dans les premières heures, tirant des dizaines d’obus sur le village de Chouk Chey », a précisé la porte-parole. Les attaques ont été suivies de nouveaux tirs d’artillerie et de raids aériens menés par des drones visant les villages de Chouk Chey et Prey Chan.

Elle a également accusé les forces thaïlandaises de déployer des chasseurs F-16 pour effectuer des bombardements aériens, lâchant jusqu’à 40 bombes sur la zone de Chouk Chey. Le média cambodgien Khmer Times a publié une vidéo affirmant que l’armée thaïlandaise avait ensuite envoyé des troupes d’infanterie, des chars et des véhicules blindés (APC) dans le village après un lourd bombardement aérien.

Aucune confirmation ou réaction immédiate de la part de la Thaïlande n’était disponible concernant ces déclarations ou les allégations de l’entrée de chars thaïlandais sur le territoire cambodgien. Toutefois, jeudi, l’armée thaïlandaise a indiqué avoir découvert quatre mines terrestres près du site où un soldat thaïlandais avait été blessé après avoir marché sur une mine dans la province de Surin. « Ces mines ont été posées consécutivement le long de l’itinéraire utilisé par les troupes et se trouvaient à seulement 30 centimètres du site de l’explosion initiale », a précisé l’armée royale thaïlandaise dans un communiqué publié sur la plateforme X.

Ces développements surviennent après la tenue mercredi des premiers pourparlers militaires entre la Thaïlande et le Cambodge dans la province thaïlandaise de Chanthaburi, alors que les combats avaient repris, faisant un bilan total de 96 morts des deux côtés depuis le 8 décembre, date d’un accrochage frontalier ayant blessé deux soldats thaïlandais.

La porte-parole du ministère cambodgien de la Défense a souligné que, malgré les attaques signalées, les équipes du Comité général de la frontière Cambodge-Thaïlande étaient prévues pour poursuivre les discussions vendredi, exprimant l’espoir que les pourparlers techniques permettraient de sécuriser un cessez-le-feu, de rétablir la stabilité régionale et de faciliter le retour à la normale pour les civils déplacés.

La réunion de mercredi, qui aurait duré moins d’une heure, représentait le premier contact entre les responsables militaires des deux pays depuis la reprise des affrontements.

Les autorités thaïlandaises ont indiqué que 23 soldats thaïlandais et un civil avaient été tués, et que 41 autres civils étaient morts en tant qu’« effets collatéraux ». Le ministère cambodgien de l’Intérieur a déclaré que 31 civils cambodgiens avaient été tués.

Près d’un million de personnes ont été déplacées des deux côtés depuis la reprise des affrontements.

* Traduit de l'anglais par Seyma Erkul Dayanc