L'avocat de la ressortissante iranienne incarcérée en France rappelle son « droit à un procès équitable »
-Selon Maître Nabil Boudi, Mahdieh Esfandiari Jaliseh a été placée en détention le 2 mars dernier pour des faits « d’apologie du terrorisme » suite à des publications qui remontent à 2023, en lien avec les attaques du 7 octobre

Provence-Alpes-Cote d Azur
AA/Nice/Feïza Ben Mohamed
Alors que chacun connaît les relations diplomatiques tendues entre la France et l’Iran, un nouvel évènement, intervenu ces dernières semaines, pourrait encore envenimer les choses.
Le 2 mars dernier, Mahdieh Esfandiari Jaliseh, disparue depuis le 28 février et dont la famille n’avait plus de nouvelles, a été incarcérée à la prison de Fresnes, pour des faits qualifiés « d’apologie du terrorisme », en lien avec des publications datant de 2023 et concernant les attaques du 7 octobre.
Depuis, le sort de cette traductrice de 35 ans, installée à Lyon depuis une dizaine d’années, et militante de la cause palestinienne, inquiète et provoque de nombreuses interrogations, notamment quant au timing de son arrestation, pour des faits datant de plusieurs mois en arrière.
Contacté par Anadolu, Maître Nabil Boudi, mandaté par la famille de la jeune femme pour assurer sa défense, confirme que Mahdieh Esfandiari Jaliseh a bien été mise en examen et placée en détention dans le cadre d’une procédure confiée au parquet de Paris.
« À ce stade, sa famille s’interroge sur plusieurs aspects troublants de cette affaire » explique le conseil qui précise qu’il « est reproché à Madame Mahdieh Esfandiari Jaliseh des publications sur un canal Telegram en lien avec le 7 octobre 2023 » mais que « ce canal aurait fait l’objet d’un signalement, dès le 30 octobre 2023, par le ministre de l’Intérieur auprès du Pôle national de lutte contre la haine en ligne du parquet de Paris ».
« Pourtant, ce n’est que le 28 février 2025 que Madame Esfandiari Jaliseh aurait été arrêtée » note Maître Boudi.
Et de poursuivre: « La famille s’inquiète aujourd’hui de cette arrestation soudaine, alors que le temps écoulé depuis le signalement suscite des doutes légitimes quant à l’urgence ou à la nécessité de recourir à une mesure privative de liberté, dans un dossier qui semble, en réalité, relever du droit de la presse ».
De ce fait, il assure que son « cabinet veillera avec la plus grande vigilance au respect des droits fondamentaux de Madame Mahdieh Esfandiari Jaliseh, au premier rang desquels figurent le droit à un procès équitable et le respect de sa liberté d’expression, garantis par la Constitution et les engagements internationaux de la France ».
De son côté, la famille de la jeune femme appelle « au respect strict de ces principes, et à ce qu’aucune criminalisation des opinions ne soit tolérée ».
Téhéran a pour sa part réagi le 7 avril dernier en invitant Paris à « clarifier les raisons de l’arrestation de cette citoyenne iranienne », et indiquait que l’accès consulaire n’avait pas été autorisé à ce stade.
« Nous suivons cette affaire avec attention » avait par ailleurs assuré Esmaïl Baghaï, le porte-parole de la diplomatie iranienne.
Suite à ces déclarations, ce n’est que le 1é avril, que le parquet de Paris a fini par confirmer la mise en examen et l’incarcération Mahdieh Esfandiari Jaliseh, accusée d’avoir fait « l’apologie des attentats commis en Israël le 7 octobre 2023, provoquant à des actes de terrorisme et injuriant la communauté juive ».
Cette affaire éclate alors que la France et l’Iran entretiennent des relations particulièrement tendues. Deux ressortissants français, Cécile Kohler et Jacques Paris sont toujours incarcérés à Paris malgré la multiplications des appels formulés par le Quai d’Orsay et l’Elysée, pour obtenir leur libération.
« La France condamne cette politique d’otages d’État et ce chantage permanent des autorités iraniennes » déclarait en mai 2024 le Quai d’Orsay dans un communiqué de presse publié à l’occasion des deux ans de leur arrestation.