AA / Moscou / Elena Teslova

La centrale hydroélectrique du Dniepr, la plus grande centrale électrique de ce type en Ukraine, a été mise hors service vendredi suite à un tir de missile russe.

Ihor Syrota, directeur de l'entreprise publique ukrainienne Ukrhydroenergo, qui gère plusieurs grandes centrales hydroélectriques le long des fleuves Dniepr et Dniester, a déclaré aux chaînes de télévision locales que la centrale hydroélectrique de Dniepr avait été gravement endommagée.

La centrale de Dniepr, également connue sous le nom de barrage de Dnipro, est située dans la ville de Zaporijjia et se compose de deux unités, mais aucune d'entre elles ne fonctionne, a déclaré Syrota.

"Nous ne pouvons même pas accéder à toutes les zones endommagées pour procéder à des contrôles. Il est difficile aujourd'hui de savoir combien de temps il faudra pour la rendre opérationnelle", a-t-il ajouté.

La mise hors service de la centrale hydroélectrique du Dniepr risque de provoquer une pénurie d'énergie dans de nombreuses régions ukrainiennes.

Le ministre ukrainien de l'énergie, German Galushchenko, a déclaré plus tôt dans la journée, que la Russie avait lancé sa plus grande attaque contre le système énergétique du pays depuis le début de l'année.

Il a indiqué dans un communiqué que des installations de production d'électricité, ainsi que des lignes électriques et des systèmes de distribution d'énergie, avaient été touchés dans plusieurs régions de l'Ukraine.

"L'objectif n'est pas seulement d'endommager, mais d'essayer à nouveau, comme l'année dernière, de provoquer un dysfonctionnement à grande échelle du système énergétique du pays. ... Certaines régions de l'Ukraine sont touchées par des coupures de courant", a-t-il déclaré.

Glushchenko a indiqué que l'une des lignes électriques alimentant la centrale nucléaire de Zaporijjia avait été coupée lors du bombardement.

La direction de la centrale a confirmé la coupure de l'une des deux lignes à haute tension en service, précisant que la sécurité de l'installation nucléaire n'était pas menacée.

Dès vendredi matin, les autorités ukrainiennes ont fait état d'une série d'explosions dans toute l'Ukraine, et l'alerte au raid aérien a été déclenchée dans toutes les régions.

Le ministère russe de la défense a confirmé avoir mené une attaque aérienne d'envergure contre les installations énergétiques ukrainiennes, expliquant qu'il s'agissait de représailles à des attaques contre les régions frontalières de la Russie.

Selon le ministère, l'objectif de l'attaque était de mettre hors d'état de nuire les entreprises produisant et réparant des équipements militaires et des munitions, ainsi que de détruire les stocks d'armes livrées par les pays de l'OTAN.

"En réponse au bombardement du territoire russe, les forces armées de la Fédération de Russie ont mené, du 16 au 22 mars, 49 frappes de représailles à l'aide de missiles, y compris des missiles hypersoniques Kinjal (Dague), et de drones. Leurs cibles comprenaient des centres de commandement, des aérodromes, des installations de production et des entrepôts", précise le communiqué.

Les troupes ukrainiennes ont multiplié les tentatives d'attaques contre les régions frontalières de la Russie au cours des deux dernières semaines, faisant de nombreuses victimes des deux côtés.

Pour rappel, le 24 février 2022, la Russie a lancé une opération militaire en Ukraine, ce qui a provoqué de multiples réactions à l’échelle internationale notamment de l'Union européenne et des Etats-Unis, ainsi que l'imposition de sanctions financières et économiques inédites et des plus sévères à l'endroit de Moscou.

La Russie affirme être intervenue pour protéger les populations russophones majoritaires dans les régions séparatistes du Donbass, notamment celles de Donetsk et de Lougansk qui souhaitaient obtenir leur indépendance de l'Ukraine et qui ont fini par être annexées par la Russie suite à deux référendums tenus en septembre 2022 dans ces territoires.

La Russie pose, par ailleurs, comme préalable, pour mettre un terme à son opération, le renoncement de l'Ukraine à ses plans d'adhésion à des entités et alliances militaires, dont l'Otan, et l’adoption d’un statut de ‘’neutralité totale’’, ce que Kiev considère comme étant une ‘’ingérence dans sa souveraineté’’.

*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj