"La narration visuelle est essentielle pour exposer les dures réalités", selon les lauréats des Istanbul Photo Awards
- Saeed Jaras, lauréat du prix "Photo de l'année" aux Istanbul Photo Awards 2025 : "Une photographie convaincante peut faire tomber les barrières politiques, remettre en question les récits et déclencher le changement"

Ankara
AA / Ankara / Yasin Yorganci - Yasin Gungor
"La narration visuelle est importante pour mettre en lumière les dures réalités", a déclaré le photographe palestinien Saeed Jaras, qui a remporté le prix de "la photo de l'année" aux "Istanbul Photo Awards 2025".
Les "Istanbul Photo Awards", organisés par l'Agence Anadolu pour la 11e année consécutive, ont récompensé 29 photographes dans 10 catégories. Les sélections ont été faites à partir d'environ 22 000 soumissions provenant du monde entier, ce qui témoigne du prestige croissant du concours, qui a attiré plus de 20 000 photographes dans le monde entier depuis sa création.
Jaras, qui représente Middle East Images, a reçu la plus haute distinction pour son cliché saisissant intitulé « Gaza-Deir al-Balah ».
Il a décrit la profonde responsabilité inhérente à sa profession, déclarant qu'un photographe de presse doit documenter les événements avec "honnêteté, intégrité et respect pour les personnes impliquées".
Jaras a expliqué que sa photo marque un tournant. "Cette image représente un moment crucial de ma carrière : la responsabilité de documenter la vérité et de donner une voix à ceux qui ne peuvent plus s'exprimer", a-t-il déclaré. Il estime qu'elle constitue un rappel vital de l'importance de la narration visuelle pour révéler des vérités difficiles et garantir que "la douleur et la perte des sujets ne soient pas oubliées".
"Il rappelle pourquoi la narration visuelle est importante pour mettre en lumière les dures réalités", selon Jaras.
- Le pouvoir de déclencher le changement
MJaras croit fermement en la capacité de la photographie à transcender les barrières. "Une photographie convaincante peut franchir les barrières politiques, remettre en question les récits et susciter le changement", a-t-il affirmé. Il ajoute que de telles images obligent les gens à "affronter des vérités inconfortables" et favorisent l'empathie.
Racontant le moment où il a pris la photo en question, Jaras a fait part de son état émotionnel profond : "Lorsque j'ai pris cette photo, j'ai été submergé par une profonde tristesse et un grand choc".
Il a décrit la scène dévastatrice qui s'offrait à lui : "une mère tenant dans ses bras ses deux enfants tués lors d'une frappe aérienne israélienne, tandis que le père se tenait dans un état d'incrédulité totale et que l'enfant survivant pleurait de manière incontrôlée".
Jaras a également souligné les défis importants qu'il a dû relever, notamment "la gestion des fortes émotions des personnes présentes et le stress psychologique lié au fait d'être témoin de scènes tragiques".
Malgré l'immense charge émotionnelle, son objectif premier était de documenter la "réalité tragique" et de transmettre la souffrance au monde entier.
- Des émotions contradictoires
Il a déclaré que le fait d'apprendre qu'il avait été récompensé avait provoqué une vague de sentiments complexes. "Lorsque j'ai appris la nouvelle, j'ai été submergé par des émotions contradictoires : gratitude, incrédulité et profonde contemplation". Il a ajouté qu'il considérait cette récompense non seulement comme un triomphe personnel, mais aussi comme "une appréciation de l'histoire derrière la photo et de la vie qu'elle représente".
Cette reconnaissance, poursuit Jaras, "est extrêmement importante" car elle "affirme le pouvoir de la narration visuelle pour attirer l'attention sur des questions cruciales". Il ajoute que la photographie ne consiste pas seulement à capturer des images, mais aussi à "donner une voix à ceux qui ont perdu la capacité de s'exprimer".
Jaras a dédié cet honneur "aux familles touchées par la guerre et à tous les journalistes et photographes qui risquent leur vie pour documenter la vérité", ajoutant que ce prix le motivait à poursuivre son travail avec un dévouement accru.
Le photographe a ajouté qu'il connaissait déjà la réputation des Istanbul Photo Awards en tant que "concours international prestigieux ... pour honorer des histoires visuelles puissantes" et a loué cette plateforme qui met en lumière des questions mondiales cruciales.
- Documenter la résilience dans la douleur
La photojournaliste Samar Abu Elouf, basée à Gaza, a remporté le premier prix « Story Portrait » pour sa série poignante « Gaza War Survivors » (Survivants de la guerre de Gaza), réalisée pour le New York Times. Son travail relate le voyage ardu de Palestiniens blessés lors du conflit de Gaza et recevant des soins médicaux au Qatar.
"Je me suis sentie très émue en prenant des photos et en écoutant les récits des Palestiniens blessés", a déclaré Abu Elouf. Elle s'est sentie "impuissante face à eux... accablée par l'horreur qu'ils avaient vécue".
Abu Elouf explique que son approche photographique privilégie les liens humains profonds. "J'avais à cœur d'être proche d'eux, d'écouter leurs histoires et ce qu'ils avaient vécu, avant même de penser à prendre une photo. Pour moi, ce ne sont pas de simples images. Elles font partie de ma propre histoire", a-t-elle déclaré.
Cette série représente la poursuite d'un engagement de longue date. "Ces images s'inscrivent dans la continuité du voyage que j'ai entamé à Gaza il y a 14 ans, un engagement à raconter des histoires, à mettre en lumière la vie sous le siège et la cruauté persistante de la guerre", explique Abu Elouf.
Ayant déjà remporté le deuxième prix de la catégorie « Actualités » du concours 2024, Abu Elouf a trouvé le prix de cette année particulièrement significatif car "il contribue à faire connaître au monde des histoires de Gaza - des histoires qui doivent être vues, entendues et remémorées".
Bien que fière de cette réalisation, elle a reconnu qu'il était difficile de ressentir une joie conventionnelle, compte tenu de la crise humanitaire en cours à Gaza et des souffrances de sa propre famille dans cette région, et fait remarquer : "L'histoire elle-même et les personnes figurant sur les photos sont trop lourdes de douleur".
Les Istanbul Photo Awrads sont devenus une pierre angulaire du photojournalisme mondial, célébrant l'art de la narration visuelle tout en mettant en lumière des questions cruciales dans le monde entier.
Cette année, le concours est soutenu par Turkcell en tant que sponsor de communication, par l'Agence turque de coopération et de coordination (TIKA) en tant que sponsor de l'événement à l'étranger, et par Turkish Airlines en tant que sponsor de la compagnie aérienne.
De plus amples informations sur les photographies gagnantes et les membres du jury sont disponibles sur le site istanbulphotoawards.com.
Twitter: @istphotoawardsInstagram: @istanbulphotoawards
Facebook: @istanbulphotoawards
Linkedin: @istanbulphotoawards
* Traduit par Tuncay Çakmak
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