La France sommée de demander « pardon » à la Polynésie pour ses essais nucléaires
– Une commission parlementaire réclame un geste solennel d’excuse et des réparations concrètes.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
La France doit officiellement demander « pardon » à la Polynésie française pour les conséquences des essais nucléaires menés entre 1966 et 1996, selon les conclusions d’un rapport d’enquête parlementaire rendu public ce mardi.
Lors d'une déclaration à la presse, le président de la commission, Didier Le Gac, et la rapporteure Mereana Reid-Arbelot ont estimé qu’une demande de pardon n’était "pas un simple symbole, ni une demande de repentance", mais "une démarche sincère", une étape jugée essentielle vers une "réconciliation" durable entre l’État et ce territoire d’outre-mer. Ce geste, affirment-ils, doit être "sobre" et inscrit dans la loi organique de 2004 portant statut d’autonomie de la Polynésie.
Le rapport recommande également une série d’actions concrètes : constitution d’une commission d’historiens pour analyser l’ensemble des archives liées aux essais, reconnaissance des conséquences environnementales, refonte du système d’indemnisation des victimes, et suppression du seuil du millisievert, critiqué pour son manque de validité scientifique dans l’évaluation des pathologies radio-induites.
Les auteurs rappellent que 193 essais nucléaires ont été réalisés en Polynésie, principalement sur les atolls de Mururoa et Fangataufa. Ils dénoncent les pratiques du Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP), accusé d’avoir dissimulé les risques encourus par les populations locales. "Les dispositifs de radioprotection" étaient souvent "lacunaires, tardifs et partiels", notent-ils.
En matière de santé publique, la CPS, organisme de sécurité sociale local, chiffre à plus d’un milliard d’euros le coût des pathologies radio-induites. Plusieurs centaines de personnes attendent toujours une reconnaissance officielle de leurs maladies liées aux essais.
Les dommages environnementaux sont tout aussi préoccupants : 46 des essais ont été réalisés dans l’atmosphère, laissant des traces durables. Malgré des tentatives de réparation, "la biodiversité a été bouleversée" et "des pollutions demeurent", précise le rapport.
La Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (Ican) et l’Observatoire des armements ont salué "l’ouverture d’une nouvelle page pour la vérité et la justice", appelant à la mise en œuvre immédiate des 45 recommandations formulées.