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La France favorable à la suspension de l'accord entre l'Union européenne et le Rwanda sur les minerais

- Selon une déclaration de Christophe Lemoine, porte-parole du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères

Ekip  | 27.02.2025 - Mıse À Jour : 27.02.2025
La France favorable à la suspension de l'accord entre l'Union européenne et le Rwanda sur les minerais

Congo, The Democratic Republic of the

AA / Tunis / Salim Boussaïd

La France a exprimé une position favorable, jeudi, à la suspension du mémorandum d'entente entre l'Union européenne et le Rwanda, sur la coopération en matière de minerais dits critiques.

C'est ce qui ressort d'une déclaration de Christophe Lemoine, porte-parole du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, jeudi, à l'occasion du point de presse hebdomadaire du Quai d'Orsay.

"La France est favorable à la suspension rapide du mémorandum d’entente entre l’Union européenne et le Rwanda sur la coopération en matière de minerais critiques", a déclaré Lemoine.

Cette position de la France intervient sur fond de conflit armé, depuis 2022, entre les rebelles du M23 et les forces congolaises, dans l'est de la République démocratique du Congo.

Pour Paris, "il n’y a pas d’issue militaire au conflit", a déclaré Lemoine, exprimant le soutien de la France aux "processus régionaux à l’œuvre pour ramener la paix".

"La France soutient pleinement l’adoption de nouvelles mesures restrictives européennes. Elles doivent encourager les parties à reprendre le dialogue. Et si la dégradation de la situation se poursuit, d’autres mesures européennes seront prises", a averti le porte-parole du Quai d'Orsay.

Dans le même contexte, Christophe Lemoine a fait savoir que la France se félicitait "de l’adoption au conseil de sécurité des Nations unies de la résolution 2773 sur la situation en RDC", notant que "cette résolution porte un message clair : les Nations unies condamnent l’offensive du M23 qui doit cesser".

"Le Rwanda doit mettre fin au soutien au M23 et doit se retirer du territoire de la République démocratique du Congo", a encore affirmé Lemoine au nom de la diplomatie française.

- Un accord litigieux

L’Union européenne et le Rwanda avaient conclu le 19 février 2024 un accord important pour "favoriser le développement de chaînes de valeur durables et résilientes pour les matières premières critiques”, dont le tantale, l’étain, le tungstène, l’or et le niobium.

Dans un communiqué rendu public le jour même, il était mentionné clairement que ledit accord avait "pour objectif de renforcer le rôle du Rwanda dans la promotion du développement durable et des chaînes de valeur résilientes en Afrique".

Cet accord avait été critiqué par le président congolais Félix Tshisekedi le qualifiant de “condamnable”, dans la mesure où il devait permettre au Rwanda d’exporter à l’Union européenne des produits miniers dont il ne disposait pas, mais qu'il pillait illégalement en RDC, entre autres, à travers le M23.

Le 25 février courant, l'Union européenne a décidé, à l'occasion de son conseil des Affaires étrangères, de suspendre les consultations avec le Rwanda sur les questions de défense et demandé à Kigali de retirer ses troupes du territoire de la République démocratique du Congo (RDC).

La Commission européenne a également annoncé que le mémorandum d'entente avec le Rwanda concernant les matières premières critiques serait réexaminé.

Ces décisions ont été annoncées moins de deux semaines après l'adoption par le Parlement européen d'une résolution, le 13 février courant, appelant le Conseil et la Commission des 27 à suspendre immédiatement le mémorandum d’entente conclu entre l’Union européenne et le Rwanda sur les chaînes de valeur des matières premières durables, signé le 19 février 2024.

Dans leur résolution, les députés européens ont également demandé “à la Commission, aux États membres de l'UE et aux institutions financières internationales de geler l'aide budgétaire directe au Rwanda”, soutenant que la Commission et les pays de l'UE “devraient également cesser leur assistance militaire et sécuritaire aux forces armées rwandaises pour éviter de contribuer directement ou indirectement à des opérations militaires abusives dans l'est de la RDC”.

- Un conflit persistant

Le Mouvement du 23 Mars, dit M23, a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées congolaises (Fardc), appuyées par les Casques bleus de la Monusco. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, situées à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.

Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle.

Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.

Les rebelles du M23 revendiquent désormais le contrôle de Goma et de Bukavu, mettant en place une administration parallèle, faisant d'importants dégâts humains et matériels et provoquant une vague importante de déplacements des populations civiles.

Les organisations humanitaires mettent en garde contre une crise humanitaire grave dans la région.

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