Politique, Monde

La France appelle Israël à « arrêter ses opérations militaires à Gaza » et « autoriser l'entrée de l'aide humanitaire »

– Le Quai d'Orsay exige un cessez-le-feu immédiat et un accès sans entrave à l’aide pour les civils de Gaza

Ümit Dönmez  | 22.05.2025 - Mıse À Jour : 22.05.2025
La France appelle Israël à « arrêter ses opérations militaires à Gaza » et « autoriser l'entrée de l'aide humanitaire »

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez

La France a lancé un appel solennel à Israël ce jeudi, demandant la fin immédiate des frappes militaires dans la bande de Gaza et l’accès humanitaire sans restriction pour les civils.

Lors de son point presse hebdomadaire, le porte-parole du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Christophe Lemoine, a déclaré que « le Gouvernement israélien doit arrêter ses opérations militaires à Gaza et autoriser immédiatement l'entrée de l'aide humanitaire ». Il a souligné que « la situation humanitaire sur le terrain est catastrophique » et que « les civils palestiniens paient un prix inacceptable ».

Interrogé par la correspondante d'Anadolu sur les mesures concrètes que la France pourrait prendre face à la poursuite de ces opérations et l'urgence de la situation humanitaire dans le bande de Gaza, Lemoine a rappelé que la France agit « en coordination avec ses partenaires européens » et reste « pleinement mobilisée pour faire cesser les hostilités ». Il a souligné que Paris s’exprime « dans toutes les enceintes internationales pour défendre le respect du droit international humanitaire, la protection des civils et l’acheminement de l’aide ».

Le porte-parole a souligné que « des options sont à l’étude, y compris des sanctions », rappelant que la France avait déjà pris des mesures contre « des colons violents en Cisjordanie » et que ces sanctions avaient été étendues au niveau européen.

« Nous saluons la déclaration de Mme Kallas sur la révision de l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël », a ajouté Lemoine, en référence à Kaja Kallas, haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. « Cet accord est central dans les relations politiques, commerciales et de coopération. Sa révision est un levier important, d’autant que l’Union européenne est l’un des principaux marchés pour Israël. »

Il a conclu que « la France est prête à aller plus loin, mais toute décision sur les sanctions se prend au niveau européen ».

Cette déclaration française intervient également au lendemain d’un communiqué conjoint signé par 22 pays, principalement européens, appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et à la protection des populations civiles.

En réponse à la question d'une journaliste, Christophe Lemoine a aussi réagi aux propos tenus jeudi par le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, qui a accusé plusieurs pays européens « d’incitation à la haine » et évoqué une « accusation moderne de meurtres rituels » après l’attaque meurtrière contre deux employés de l’ambassade israélienne à Washington.

Le porte-parole du Quai d’Orsay a jugé ces accusations « outrancières » et a réaffirmé que la France « condamne tous les actes antisémites avec la plus grande fermeté », tout en appelant Israël à « respecter le droit international, notamment les obligations qui découlent de son statut de puissance occupante ».

- Situation humanitaire à Gaza

Pour rappel, Israël aurait récemment autorisé une reprise très partielle et largement insuffisante de l'accès à l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, après plus de deux mois de blocus total. Le 20 mai 2025, les Nations unies ont annoncé avoir reçu l'autorisation d'Israël pour faire entrer 93 camions d'aide humanitaire dans l'enclave palestinienne, via le point de passage de Kerem Shalom, une aide qui reste largement insuffisante.

Pendant ce temps, le chef de l’OCHA, Tom Fletcher, a déclaré mardi à l’émission Radio 4 Today de la BBC que 14 000 bébés à Gaza pourraient mourir dans les prochaines 48 heures si les camions d’aide n’atteignaient pas les communautés de l’enclave.

Israël bloque depuis le 2 mars, l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du Monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un "effondrement total" de l’aide humanitaire et dénoncent "l’un des pires échecs humanitaires de notre génération". Dans ce contexte, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a réaffirmé qu’"aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza".

Depuis la reprise des hostilités le 18 mars 2025, les attaques israéliennes ont causé la mort de plus de 3000 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 53 000 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023 suite à une attaque du Hamas. La majorité des victimes palestiniennes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré l'annonce de cessez-le-feu, les violations persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.

Pour rappel, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.


Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.