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La France accusée d'exporter de la viande bas de gamme vers des pays en voie de développement

- Dans un rapport publié ce mardi, les ONG Action Climat, Greenpeace et Oxfam décrivent des risques qui concernent la souveraineté alimentaire de l'Hexagone.

Ümit Dönmez  | 04.10.2022 - Mıse À Jour : 04.10.2022
La France accusée d'exporter de la viande bas de gamme vers des pays en voie de développement

France

AA / Paris / Ümit Dönmez


Trois organisations non gouvernementales (ONG) ont accusé la France d'exporter de la viande bas de gamme vers des pays en voie de développement.

Dans un rapport publié ce mardi sur les exportations françaises de produits d’élevage et consulté par l'Agence Anadolu (AA), Action Climat, Greenpeace et Oxfam révèlent que les trois filières agricoles les plus exportatrices (lait, porc et volaille de chair) "ont des impacts sociaux, économiques et environnementaux délétères" et remettent en question "le modèle d’élevage intensif en France, soutenu par le gouvernement".

Ces trois ONG constatent également que ces trois filières agricoles sont "loin de répondre à la souveraineté alimentaire" de la France.

L’étude montre que les filières françaises de lait, porc et volaille de chair exportent respectivement à hauteur de 42 %, 39 % et 25 % de leur production, lit-on dans le rapport.

Action Climat, Greenpeace et Oxfam constatent que la part de ces exportations destinée aux pays en développement, tels que la Chine et les Philippines, est en augmentation et concerne essentiellement des produits très bas de gamme comme le “poulet export”, les bas morceaux du porc ou le lait en poudre.

Faisant état d'une "situation ubuesque", les ONG rappellent que la France importe en parallèle des morceaux (notamment de poulet et de porc) plus haut de gamme pour répondre à la demande alimentaire de la population française.

Le rapport décrit "une situation en totale contradiction avec les propos d’Emmanuel Macron qui affirmait le 9 septembre dernier que “la souveraineté alimentaire est la mère des batailles”.

Il indique également que ces trois filières agricoles sont "fortement dépendantes de l’importation en grandes quantités de soja et d’engrais azotés", et qu'elles "sont particulièrement sensibles aux tensions sur le marché mondial".

Les ONG constatent, par ailleurs, que l’exportation de ces produits d’élevage est dominée par quelques groupes agroalimentaires comme Lactalis, Bigard ou la Cooperl, "qui enferment une grande partie de ces filières dans une course folle à la concurrence internationale, les entrainant dans une compétitivité des prix tirant vers le bas tous les coûts de production, avec des conséquences en chaîne".

Elles notent, par exemple, que les pays en développement subissent de plein fouet cette stratégie, "où les produits déversés à bas coût déstructurent les marchés locaux et nuisent à leur véritable souveraineté alimentaire".

"La nécessité d’un coût toujours plus bas entraîne une intensification dont les impacts touchent en particulier le bien-être animal et l’environnement : densité du nombre d’animaux, pollution aux nitrates et à l’ammoniac, émissions de gaz à effet de serre, déforestation importée", lit-on encore dans le rapport.

Enfin, Action Climat, Greenpeace et Oxfam soulignent que la dépendance française "au marché international rend, d’une part, la santé économique des élevages français extrêmement volatile et, d’autre part, tire vers le bas les conditions des travailleurs français : ouvriers agricoles et salariés des industries agro-alimentaires notamment".

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