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La fille d'une victime confronte une terroriste néonazie devant un tribunal allemand

- Gamze Kubasik exige la vérité de la terroriste condamnée Beate Zschaepe lors du procès de Dresde, déclarant : « Vous êtes responsable de la mort de mon père ».

Ayhan Şimşek  | 04.12.2025 - Mıse À Jour : 04.12.2025
La fille d'une victime confronte une terroriste néonazie devant un tribunal allemand

Berlin

AA / Berlin / Ayan Simsek

La fille d'un homme assassiné par des néonazis a confronté jeudi la terroriste condamnée Beate Zschaepe dans une salle d'audience, exigeant qu'elle révèle la vérité sur le groupe terroriste d'extrême droite NSU.

Gamze Kubasik s'est levée et a crié à l'adresse de Zschaepe pendant son témoignage devant la Cour régionale supérieure de Dresde, dans le cadre du procès d'un autre extrémiste de droite accusé d'avoir soutenu le groupe terroriste entre 1998 et 2011.

« Dites la vérité ! Vous êtes responsable de la mort de mon père », a crié Kubasik. « Qui vous a aidée ? Dites simplement la vérité. Vous avez détruit ma vie », a-t-elle crié à Zschaepe. Les huissiers ont escorté Kubasik hors de la salle d'audience et la procédure a été suspendue.

Cet éclat est survenu après que Zschaepe eut déclaré à la cour qu'elle ne pouvait pas s'excuser pour les meurtres commis par le groupe terroriste Nationalsozialistischer Untergrund (NSU) car « il n'y a aucune excuse » pour de tels crimes.

Le père de Kubasik, Mehmet Kubasik, était l'un des huit immigrants turcs assassinés par le NSU. Il a été tué le 4 avril 2006 à Dortmund, où il tenait une petite boutique.

« Je ne peux pas l'expliquer moi-même », a déclaré Zschaepe lorsqu'on lui a posé des questions sur la série de meurtres commis par le NSU au début des années 2000. Elle a reconnu qu'elle-même, Uwe Mundlos et Uwe Bohnhardt, les deux autres membres du NSU, avaient des opinions xénophobes depuis leur vie commune à Iéna, en Thuringe.

Âgée de 50 ans, Zschaepe purge actuellement sa peine à la prison pour femmes de Chemnitz. Au début de l'année, les autorités allemandes ont accepté d'admettre Zschaepe au programme de réinsertion EXIT destiné aux anciens extrémistes. La réussite de ce programme, qui exige des participants qu'ils renoncent à toute idéologie extrémiste et fassent preuve d'un repentir sincère, pourrait influencer les décisions futures en matière de libération conditionnelle.

Cependant, les familles des victimes du NSU affirment que Zschaepe n'a pas fait preuve d'un repentir sincère et n'a pas fourni aux enquêteurs d'informations sur les meurtres, le réseau de soutien plus large du groupe terroriste et ses liens potentiels avec des informateurs ou des agents des services de sécurité.

En octobre, une pétition s'opposant à la libération anticipée potentielle de Zschaepe a recueilli plus de 150 000 signatures.

- Les meurtres racistes du NSU

Entre 2000 et 2007, le NSU a assassiné 10 personnes – huit immigrés turcs, un citoyen grec et une policière – tout en commettant des attentats à la bombe et des vols à main armée dans toute l'Allemagne.

Le public allemand a appris l'existence du NSU et son rôle dans ces meurtres le 4 novembre 2011, lorsque deux membres du groupe, Mundlos et Bohnhardt, se sont suicidés après un braquage de banque raté.

La police a trouvé dans leur appartement des preuves montrant qu'ils étaient à l'origine des meurtres.

Jusqu'en 2011, la police et les services de renseignement allemands ont écarté tout motif racial pour ces meurtres et ont plutôt traité les familles immigrées comme des suspects ayant des liens avec des groupes mafieux et des trafiquants de drogue.

De récentes révélations dans les médias ont montré que l'agence de renseignement intérieure du pays, le BfV, et ses antennes locales disposaient de dizaines d'informateurs qui avaient eu des contacts avec les suspects du NSU dans le passé. Mais les responsables ont insisté sur le fait qu'ils n'avaient aucune information préalable sur l'existence de la cellule terroriste NSU ou son rôle dans les meurtres.

Le scandale NSU a déclenché un vaste débat en Allemagne sur le racisme institutionnel et les lacunes des services de sécurité et de renseignement allemands, qui ont été critiqués pour avoir sous-estimé la menace que représente l'extrémisme d'extrême droite.

* Traduit de l'anglais par Mariem Njeh

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