Monde

La diaspora libanaise vote pour la première fois : Quel impact sur les résultats?

Les 27 et 28 avril, les partis libanais se disputeront, pour les Législatives, les voix de 92 810 électeurs à l'étranger.

Hatem Kattou  | 01.04.2018 - Mıse À Jour : 01.04.2018
La diaspora libanaise vote pour la première fois : Quel impact sur les résultats?

Beyrut


AA/Beyrouth / Edouard Haddad

Pour la première fois, depuis la naissance de l'État libanais en 1920, les Libanais à l'étranger voteront aux élections législatives prévues du 27 au 29 Avril. La participation des électeurs libanais à l'étranger pourrait avoir un impact sur les résultats, selon les bruits qui courent.

Le 16 juin 2016, le Parlement libanais a adopté une nouvelle loi électorale basée sur un scrutin proportionnel. Le Liban sera, de ce fait, divisé en 15 circonscriptions électorales et 120 députés seront élus à la Chambre des représentants.

L'article 111 de la nouvelle loi électorale prévoit qu'un libanais non-résident dans son pays a le droit de voter depuis l'étranger, à condition qu'il soit inscrit dans les registres du statut personnel (état civil) et qu'il n'y ait aucun obstacle juridique qui l'empêcherait d'exercer son droit de vote.

Plusieurs partis, notamment chrétiens, ont mené de grandes batailles politiques afin de permettre aux Libanais de l'étranger de voter dans leurs pays de résidence au lieu d'être obligé de se déplacer au Liban pour exercer leur droit de vote.

Le Liban, rappelons-le, souffre d'un déséquilibre démographique. Le nombre des électeurs musulmans dépasse, en effet, celui des électeurs chrétiens.

Selon les statistiques officielles, les musulmans représentent 63% de la totalité des électeurs contre 37% pour les chrétiens.

La majorité des partis chrétiens refuse d'abaisser l'âge de droit de vote de 21 à 18 ans, craignant l'aggravation du déséquilibre démographique.

Des barrières politiques et sectaires

Selon une source gouvernementale, qui a souhaité garder l’anonymat, "le ministère des Affaires étrangères et des émigrés a déployé toutes les ressources nécessaires pour encourager les Libanais résidant à l'étranger à s'inscrire auprès des ambassades".

La même source a expliqué à Anadolu que "des contraintes politiques et sectaires ont empêché l'Etat libanais de prendre une telle mesure par le passé, mais la prochaine étape verra une activation du rôle politique des électeurs résidant à l'étranger et leur participation à la prise de décision".

Le nombre des électeurs résidant à l'étranger inscrits a atteint les 92 810 répartis moitié-moitié environ entre musulmans et chrétiens.

La source gouvernementale a ajouté que "les libanais à l'étranger sont répartis partout dans le monde mais la majorité se trouve essentiellement en Australie, au Canada, dans les pays du Golfe et certains pays européens et africains".

Tous les partis font les yeux doux aux électeurs résidant à l'étranger de par la rude concurrence dans certaines circonscriptions. Plusieurs politiciens libanais ont d'ailleurs effectué une tournée à l'étranger afin de solliciter les électeurs à s'inscrire et à voter.

La loyauté des électeurs libanais établis à l'étranger

Selon le ministère libanais de l'Intérieur, le nombre des électeurs recensés est de 3 744 245.

Sur les 5.3 millions de Libanais (vivant à l'intérieur et à l'extérieur du pays), il y a environ 1 327 000 émigrés, dont entre 600 000 et 700 000 qui sont à l'âge de voter, selon des statistiques non-officielles.

Dans une déclaration accordée à Anadolu, Johnny Nahas, un expert des études statistiques a indiqué, concernant le dossier des élections, que "les émigrés libanais enregistrés et dont le nombre s'élève à 93 000 électeurs, vont influencer les résultats".

Il a ajouté que "Gebran Bassil, ministre libanais des Affaires étrangères et dirigeant du Courant Patriotique Libre (chrétien), est l'un des plus grands bénéficiaires dans sa circonscription, grâce aux relations qu'il a pu tisser avec les émigrés libanais".

Selon les prévisions de Nahas, "la communauté chiite en Afrique votera pour Hezbollah, contrairement à la communauté chiite résidant aux Etats-Unis qui ne le fera pas de crainte qu'elle ne soit poursuivie par les autorités américaines qui classent le parti comme groupe terroriste".

Nahas prédit également que "les émigrés libanais en Europe, en Australie, au Canada et dans les pays du Golfe voteront pour les forces du 14 mars contre Hezbollah".

Les forces du 14 mars sont hostiles à l'axe irano-syrien et sont dirigées par Tayyar al-Moustaqbal (le Courant du Futur) dont le leader est le Premier ministre Saad Hariri.

Hezbollah est, quant à lui, l'une des principales forces du mouvement du 8 mars, fidèle à l'Iran et à la Syrie.

L'expert libanais a par ailleurs souligné que "la plupart des forces politiques utiliseront les voix des électeurs émigrés comme arme pour récolter le plus grand nombre de sièges".

Depuis l'indépendance du Liban en 1943 et selon la coutume, la Chambre des représentants est répartie à parts égales entre musulmans et chrétiens, et est présidée par un chiite.

Les sièges de la communauté chrétienne sont répartis entre 34 pour les Maronites, 14 pour les orthodoxes, 8 pour les catholiques, 6 pour les Arméniens, 1 pour les évangéliques et 1 autre pour les minorités chrétiennes.

Les sunnites disposent, quant à eux, de 27 sièges. De même pour les chiites. Les druzes et les alaouites ont respectivement 8 et 2 sièges.

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın