La Chine et des pays africains appellent Washington à un dialogue commercial "équitable"
– Pékin se dit « prêt » à étendre l’accès en franchise de droits à l’ensemble des 53 pays africains entretenant des relations diplomatiques avec la Chine

Istanbul
AA / Istanbul / Saadet Gokce
La Chine, 53 pays africains et la Commission de l’Union africaine, ont appelé mercredi les États-Unis à revenir à des négociations commerciales fondées sur « l’égalité, le respect et les avantages mutuels », plaidant pour un abandon des droits de douane protectionnistes au profit d’un dialogue multilatéral.
Cet appel a été formulé dans la Déclaration de Changsha sur le maintien de la solidarité et de la coopération du Sud global, publiée à l’issue d’une réunion ministérielle sur la coopération sino-africaine tenue à Changsha, capitale de la province chinoise du Hunan (centre).
« Étant donné que certains pays tentent de perturber l’ordre économique et commercial international en imposant des tarifs douaniers, au détriment de l’intérêt commun de la communauté internationale, nous appelons tous les pays – en particulier les États-Unis – à revenir sur la voie d’un règlement des différends commerciaux par la consultation, dans un esprit d’égalité, de respect et de bénéfice mutuel », indique le document.
Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, ainsi que des dizaines de ministres africains et hauts responsables ont pris part à l’événement.
La déclaration, composée de dix articles, exhorte la communauté internationale à accorder la priorité aux défis économiques de l’Afrique, soulignant que l’aide au développement « doit être effectivement renforcée, et non réduite unilatéralement », et appelle à un « véritable multilatéralisme ».
Elle met en garde contre « l’unilatéralisme, le protectionnisme et l’intimidation économique », qualifiés de défis majeurs pour les pays africains et l’ensemble du Sud global.
La Chine a affirmé être « prête » à élargir sa politique de zéro tarif à 100 % des lignes tarifaires pour les 53 pays africains ayant des relations diplomatiques avec Pékin – à l’exception de l’Eswatini – afin de soutenir les exportations africaines.
Le volume des échanges bilatéraux entre la Chine et l’Afrique a atteint 2 100 milliards de yuans (292 milliards de dollars) en 2024, contre moins de 100 milliards de yuans (13,9 milliards de dollars) en 2000, selon les données de l’Administration générale des douanes de Chine, citées par le quotidien Global Times.
Cet appel en faveur d’un dialogue équitable intervient dans un contexte de tensions croissantes autour des mesures commerciales américaines. En avril, Washington a imposé de lourds droits de douane à plusieurs pays africains : 50 % sur les marchandises du Lesotho, 47 % sur celles de Madagascar, 40 % pour l’île Maurice, 38 % pour le Botswana et 31 % pour l’Afrique du Sud.
En marge de la réunion, Wang Yi a tenu des entretiens bilatéraux avec les ministres des Affaires étrangères du Kenya, du Sénégal, de la Tanzanie, de la Namibie, du Botswana et de l’Angola, afin de discuter des partenariats en matière de commerce, d’investissement et de développement.
* Traduit de l'Anglais par Adama Bamba