AA / Istanbul / Berk Kutay Gokmen

La Chine a exhorté mercredi les États-Unis à ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures du Venezuela, en réaction à l'intensification des opérations militaires américaines contre des navires soupçonnés de trafic de drogue dans les Caraïbes et le Pacifique Est.

« Pékin soutient fermement la proclamation de l'Amérique latine et des Caraïbes comme zone de paix », a déclaré la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, aux journalistes.

« La Chine s'oppose à toute action qui viole les principes de la Charte des Nations Unies et la souveraineté et la sécurité des autres pays, à l'ingérence de forces extérieures dans les affaires intérieures du Venezuela et à tout prétexte », a ajouté Mme Mao.

Cette déclaration fait suite à l'annonce par le Commandement Sud des États-Unis qu'une frappe américaine contre un navire dans le Pacifique Est, dimanche, a coûté la vie à trois personnes soupçonnées de trafic de stupéfiants.

Le 15 novembre, sur ordre du secrétaire à la Guerre, Pete Hegseth, la Force opérationnelle interarmées Southern Spear a mené une frappe cinétique létale contre un navire appartenant à une organisation terroriste désignée, a indiqué le commandement sur le réseau social américain X, utilisant un titre secondaire pour le secrétaire à la Défense.

Le département d'État américain a par ailleurs annoncé que le Cartel de los Soles, un groupe que les États-Unis accusent d'être dirigé par le président vénézuélien Nicolas Maduro, sera désigné comme organisation terroriste.

« Le département d'État a l'intention de désigner le Cartel de los Soles comme Organisation Terroriste étrangère (OTE), à compter du 24 novembre 2025. Basé au Venezuela, le Cartel de los Soles est dirigé par Nicolas Maduro et d'autres hauts responsables du régime illégitime de Maduro qui ont corrompu l'armée, les services de renseignement, le parlement et le système judiciaire vénézuéliens », précise le communiqué.

Washington a également déployé l'USS Gerald R. Ford, le plus grand porte-avions du monde, en mer des Caraïbes dans le cadre de sa campagne d'expansion contre le trafic de drogue et les réseaux criminels transnationaux.

La porte-parole a déclaré que Pékin espère que « les États-Unis s'engageront dans une coopération normale en matière de police et de justice, par le biais des cadres juridiques bilatéraux et multilatéraux, et choisiront la voie la plus propice à la paix et à la sécurité dans notre région. »

Ces déclarations chinoises interviennent alors que des informations font état d'une autorisation donnée par le président américain Donald Trump à la CIA de préparer des opérations secrètes au Venezuela, dans le cadre d'une campagne de pression plus large visant le gouvernement de Maduro.

Le quotidien américain New York Times, citant plusieurs sources informées, rapporte que Trump a donné son accord pour d'éventuelles mesures « secrètes susceptibles de préparer le terrain à de futures actions. »

Le quotidien indique également que la Maison Blanche a repris des pourparlers informels avec Caracas et que Maduro a un temps laissé entendre qu'il pourrait démissionner après une période de transition.

Dans une allocution télévisée, lundi, le président du Venezuela a averti que toute intervention américaine marquerait la « fin politique » du mandat de Trump, accusant l'entourage du président américain de « provoquer » un conflit armé pour le « discréditer politiquement. » Il a réaffirmé la volonté du Venezuela de dialoguer directement, déclarant que la diplomatie demeurait la position « invariable » de son gouvernement.

Depuis début septembre, les États-Unis ont mené 21 frappes contre des navires en mer des Caraïbes et dans l'océan Pacifique oriental, les accusant de trafic de drogue, faisant 83 victimes.

* Traduit de l'anglais par Mariem Njeh