Monde

L’ex-chef rebelle congolais refuse l’audience devant un tribunal à Paris

- L’ex-chef rebelle congolais conteste la légitimité de la justice française et refuse de comparaître devant la cour d’assises

Sanaa Ou Amir Ahamada  | 14.11.2025 - Mıse À Jour : 14.11.2025
L’ex-chef rebelle congolais refuse l’audience devant un tribunal à Paris

Istanbul

AA / Istanbul / Sanaa Amir

Au deuxième jour de son procès à Paris, Roger Lumbala, 67 ans, ne s’est pas présenté devant la cour d’assises, bien qu’il se trouvait dans l’enceinte du palais de justice. Premier ressortissant du Congo-Kinshasa jugé en France au nom de la compétence universelle, l’ancien chef rebelle a refusé d’entrer dans le box, contestant la légitimité de la justice française à le juger pour des crimes contre l’humanité.

Comme il l’avait annoncé mercredi, lors de l’ouverture du procès, Roger Lumbala a de nouveau refusé de se présenter jeudi matin dans le box des accusés. Ses avocats, qu’il a récusés, étaient également absents, tout comme l’avocat commis d’office.

Dès sa déclaration d’ouverture, mardi, il avait nié toute responsabilité et contesté le droit des magistrats français de le juger : « Cela ne vous rappelle pas les siècles passés ? », avait-il lancé, provoquant un moment de tension dans la salle. Le 12 novembre, il a réaffirmé qu’il ne comparaîtrait plus : « La France n’est pas compétente pour me juger, vous allez me juger tout seuls », a-t-il insisté.

Roger Lumbala est poursuivi pour « association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes contre l’humanité » et « complicité de crimes contre l’humanité ». Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour des faits remontant à 2002-2003, au plus fort de la deuxième guerre du Congo, lorsqu’il dirigeait le RCD-National, un groupe armé soutenu par l’Ouganda et actif dans la région stratégique de Beni, en Ituri.

L’opération « Effacer le tableau », menée sous son commandement, est accusée d’avoir été marquée par des « meurtres, viols et pillages systématiques », selon un rapport de l’ONU. Plusieurs témoins congolais et étrangers évoquent un climat de terreur, l’exploitation forcée des ressources minières et un braconnage intensif.

Après le conflit, Lumbala avait brièvement occupé le poste de ministre du Commerce extérieur avant d’être suspendu en 2004 pour corruption. Il avait ensuite rejoint le M23, mouvement soutenu par le Rwanda et impliqué dans de graves violations des droits humains. En 2012, il échappe à une arrestation au Burundi, se réfugie à l’ambassade d’Afrique du Sud, puis gagne la France, où sa demande d’asile sera rejetée.

Le signalement de l’Ofpra en 2016 a conduit à l’ouverture d’une enquête par l’OCLCH, aboutissant à son arrestation en décembre 2020. Considéré comme une étape importante dans la lutte contre l’impunité dans la région des Grands Lacs, le procès se poursuit à Paris malgré le refus répété de l’accusé de comparaître.




Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.