L’AIEA alerte sur les risques pour le régime de non-prolifération nucléaire après les frappes américaines en Iran
- "Une fenêtre s’ouvre pour le dialogue et la diplomatie", prévient Rafael Grossi, avertissant que sa fermeture pourrait entraîner une violence "impensable"

Ontario
AA / Canada / Merve Aydogan
Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a averti dimanche que les récentes frappes américaines sur des sites nucléaires en Iran mettent en péril le régime mondial de non-prolifération nucléaire. Selon lui, il est actuellement impossible d’évaluer les dégâts souterrains causés à l’installation de Fordo.
« Le régime de non-prolifération, pilier de la sécurité internationale depuis plus d’un demi-siècle, est aujourd’hui menacé », a déclaré Rafael Grossi lors d’une session d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU. Il a souligné que les dernières frappes américaines risquent d’« élargir le conflit ».
Dans la foulée, Grossi a lancé un appel : « Une fenêtre d’opportunité s’offre à nous pour revenir au dialogue et à la diplomatie ». Et de mettre en garde : « Si cette fenêtre se referme, la violence et la destruction pourraient atteindre des niveaux inimaginables, et le régime de non-prolifération tel que nous le connaissons pourrait s’effondrer. »
Le chef de l’AIEA a également plaidé en faveur d’une désescalade urgente au Moyen-Orient, estimant que « l’Iran, Israël et l’ensemble de la région ont besoin de paix de toute urgence ». Il a ajouté : « Il existe une voie diplomatique. »
Grossi a confirmé la présence d’inspecteurs de l’AIEA en Iran, précisant qu’ils « doivent pouvoir accomplir leur mission ». Mais pour cela, « les hostilités doivent cesser afin que l’Iran permette l’accès aux sites dans des conditions de sécurité adéquates ».
Enfin, il a indiqué que des cratères sont visibles sur le site de Fordo, des impacts qui, selon lui, « correspondent aux déclarations américaines concernant l’usage de munitions capables de pénétrer le sol ».
« À ce stade, personne – pas même l’AIEA – n’est en mesure d’évaluer les dégâts souterrains à Fordo », a-t-il conclu.
Le directeur de l’AIEA a mis en garde : « L’escalade militaire met des vies en danger et retarde une solution diplomatique durable pour garantir que l’Iran n’acquiert pas l’arme nucléaire. Elle menace également l’ensemble du régime mondial de non-prolifération. »
Un appel partagé par Miroslav Jenča, secrétaire général adjoint de l’ONU pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques, qui a exhorté Téhéran à « autoriser l’accès des inspecteurs de l’AIEA aux sites concernés dès que les conditions de sécurité le permettront, afin qu’ils puissent évaluer les dommages. »
« Ce dernier développement doit être pris avec le plus grand sérieux. Il marque une escalade dangereuse d’un conflit qui a déjà coûté la vie à de nombreuses personnes dans les deux pays, dans une région au bord de l’embrasement. C’est une menace directe à la paix et à la sécurité internationales », a-t-il déclaré.
Soulignant que ces événements récents risquent d’aggraver l’instabilité et la volatilité au Moyen-Orient, Jenča a averti : « La région ne peut se permettre un nouveau conflit violent, dans lequel les civils paient le prix des confrontations militaires. »
Il a également rappelé que « toutes les parties au conflit doivent respecter les règles du droit international humanitaire dans la conduite de leurs opérations militaires », avant d’insister : « Il n’existe pas de solution militaire à ce conflit. »
« Ce dont nous avons besoin, c’est de diplomatie, de désescalade et de mesures de confiance – dès maintenant », a-t-il conclu.
* Traduit de l'Anglais par Adama Bamba