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"Israël poursuit sa politique visant à maintenir la Syrie dans un état de fragmentation et d'instabilité"

- Le ministre syrien de l'Information a évalué le cessez-le-feu à Suwayda et les attaques israéliennes

Muhammed Karabacak  | 31.07.2025 - Mıse À Jour : 31.07.2025
"Israël poursuit sa politique visant à maintenir la Syrie dans un état de fragmentation et d'instabilité"

Damascus

AA / Damas / Muhammed Karabacak


Le ministre syrien de l'Information, Hamza Mustafa, a affirmé qu'Israël visait à établir une structure similaire à un canton par l'intermédiaire du leader druze Hikmet al-Hajri, soutenu par Israël à Suwayda.

« Israël ne souhaite pas l'existence d'une Syrie unie et stable. Il poursuit sa politique visant à maintenir le pays dans un état de fragmentation et d'instabilité. Malheureusement, certaines parties à l'intérieur du pays servent également les politiques israéliennes avec des calculs politiques étroits. »

Le ministre Mustafa a évalué pour AA le processus de cessez-le-feu obtenu à Suwayda, dans le sud du pays, les interventions d'Israël, les négociations menées dans le cadre de l'accord conclu avec l'organisation terroriste PKK/YPG, qui utilise le nom SDG en Syrie, et l'approche du gouvernement de Damas.


« L'intervention militaire à Suwayda n'était pas planifiée »

Mustafa a déclaré que le cessez-le-feu à Suwayda avait été obtenu grâce aux efforts de médiation de certains pays, notamment les États-Unis, et a ajouté : « Une base pour la recherche d'une solution politique s'est formée, en particulier après les attaques israéliennes contre Damas. Les solutions politiques proposées à Suwayda étaient celles suggérées par l'État. »

Mustafa a assuré que le gouvernement de Damas n'avait pas l'intention de lancer une opération à Suwayda, précisant que des négociations avaient été menées au cours des six derniers mois avec divers groupes politiques et militaires, y compris le groupe Hajri, et que certaines concessions avaient été faites, comme le maintien de l'ordre par les jeunes de Suwayda.

Mustafa a expliqué que le gouvernement de Damas était confronté à deux options avec l'éclatement des tensions sociales qui existaient depuis des années entre les Druzes et les tribus bédouines.

« L'État allait soit intervenir, soit rester neutre et en subir les conséquences. Dans ce contexte, l'intervention militaire à Suwayda n'était pas une opération planifiée. »

Mustafa a ajouté que le cessez-le-feu n'était pas seulement un accord écrit, mais qu'il reposait essentiellement sur une entente mutuelle, et a poursuivi :

« Le cessez-le-feu peut être évalué en trois étapes. Tout d'abord, l'arrêt des combats et le retrait des forces de sécurité du centre-ville. La deuxième étape consiste à expulser les groupes tribaux de la ville et à redéployer l'État dans les zones rurales. Enfin, il s'agit de répondre aux besoins fondamentaux. L'approvisionnement en carburant et en nourriture, ainsi que la réparation des infrastructures de communication et d'Internet. Bien que les éléments affiliés à Hajri aient tenté de violer le cessez-le-feu les premiers jours, celui-ci s'est consolidé les deuxième et troisième jours. »

Mustafa a souligné que l'État traitait tous ses citoyens de manière égale, qu'il continuait à acheminer l'aide humanitaire à Suwayda malgré les discours hostiles, qu'il agissait dans une perspective nationale et non dans un esprit de groupe ou de communauté.

« Hajri et les groupes similaires, quant à eux, tentent uniquement de créer leur propre récit avec des approches séparatistes et étroites d'esprit. Ils agissent comme s'ils avaient pris en charge la responsabilité de fournir l'aide de l'État. Malgré certaines difficultés du point de vue de l'activité commerciale, l'aide humanitaire n'a jamais été interrompue. »

Mustafa affirme que Hajri monopolise l'aide humanitaire à des fins personnelles : « Hajri met en péril l'avenir de Suwayda. Les discours tels que « siège humanitaire » sont inacceptables pour tout Syrien qui se respecte. En contrôlant l'aide envoyée par l'État, il l'utilise pour acheter la loyauté des gens et punir les opposants. »

- « C'est le groupe Hajri qui empêche totalement l'entrée de l'aide humanitaire. »

Mustafa a déclaré qu'il rejetait catégoriquement les discours sectaires et les appels à la violence diffusés sur les réseaux sociaux et par des groupes illégaux : « Notre message est clair. La vie des civils ne doit pas être exploitée à des fins politiques. Les différends politiques doivent rester en dehors de la vie civile. »

Concernant les allégations selon lesquelles le gouvernement de Damas aurait mis Suwayda sous siège, Mustafa a déclaré : « Nous invitons déjà les organisations internationales dans la région et l'aide humanitaire est acheminée sous leur coordination. C'est le groupe Hajri qui empêche totalement l'entrée de l'aide. Le terme « blocus » est utilisé à des fins politiques séparatistes et isolationnistes. »

- « Netanyahu a sans cesse mis la région en danger pour son avenir politique »

Évoquant également la position d'Israël sur Suwayda, Mustafa a déclaré : « Netanyahu a sans cesse mis la région en danger pour son avenir politique. La question de Gaza a conduit les relations d'Israël avec ses alliés occidentaux à un point de rupture, jusqu'à une crise humanitaire. »

Le ministre affirme que la position d'Israël en Syrie est une politique qui dure depuis des années :

« Israël ne voit pas d'un bon œil l'existence d'une nouvelle Syrie. C'est pourquoi il poursuit sa politique visant à maintenir la Syrie dans un état de fragmentation et d'instabilité. Malheureusement, certaines parties à l'intérieur du pays soutiennent également cette politique israélienne pour des raisons politiques étroites. Israël n'est jamais intervenu pour protéger les Druzes. »

Mustafa a souligné qu'Israël, qui soutient certains groupes druzes en Palestine occupée, exerce généralement une pression sur les Druzes, et a commenté : « Israël tente de transposer en Syrie son expérience avec les Druzes de Palestine par l'intermédiaire de ces groupes. »

Il souligne néanmoins que la grande majorité des Druzes syriens "ont toujours considéré Israël comme un occupant. »


- « Le rôle des États-Unis à Suwayda est d'apporter leur aide »

Mustafa a indiqué que les États-Unis s'intéressaient à la stabilité de la Syrie en raison de leurs intérêts communs avec Damas dans la défaite finale de Daech et contre l'influence de l'Iran.

Expliquant que la Syrie avait toujours cherché à préserver sa souveraineté et agissait sur la base du respect mutuel dans toutes ses relations, Mustafa a déclaré : « Le rôle des États-Unis à Suwayda est d'apporter leur soutien ».


- « Le gouvernement a le courage et la capacité d'admettre ses erreurs »

Évoquant les violations commises lors des affrontements entre les tribus et les groupes armés druzes à Suwayda, Mustafa a déclaré : « La plupart des vidéos qui nous parviennent ne montrent pas les forces gouvernementales, mais s'il y a des violations commises par le gouvernement, il est très important de les mettre au jour. Car chaque citoyen syrien est précieux pour la nouvelle Syrie et sa perte est une perte pour le pays ».

Mustafa a indiqué qu'une « commission d'enquête sur les faits » allait être créée sur ordre du président Ahmed al-Charaa afin d'enquêter sur les violations, ajoutant : « Le gouvernement a le courage et la capacité d'admettre ses erreurs ».

Mustafa a souligné le droit de la presse à accéder aux événements et aux régions, et a poursuivi en ces termes :

« Exclure les médias ou faire preuve de sélectivité pendant les événements peut être utile à court terme pour certains groupes, mais cela n'aura pas d'effet à long terme et ne donnera aucun résultat. En tant que gouvernement issu du peuple et au service du peuple, nous croyons en la liberté de la presse et en l'information véridique. Les médias ont documenté les violations commises. »

Soulignant que la Syrie traverse une période de transition difficile et que l'État et l'armée professionnelle sont en phase de reconstruction, Mustafa a poursuivi : « Nous savons que les divisions sociales engendrent la haine et l'hostilité. C'est pourquoi nous avons clairement condamné les violations, appelé à ce que des comptes soient rendus et mis en place des mécanismes de responsabilisation. »

Mustafa a attiré l'attention sur les efforts des groupes illégaux pour établir une structure cantonale fondée sur la croyance : « Cette question ne concerne pas seulement le gouvernement, mais tout le peuple syrien, et elle n'est pas négociable. Tout au long du processus révolutionnaire, le peuple syrien a toujours préservé l'unité géographique et sociale du pays. »

Affirmant que l'État restait déterminé à trouver une solution à la crise à Suwayda, Mustafa a déclaré : « La séparation de Suwayda de la Syrie est impossible tant d'un point de vue historique que social. »


- Intégration du nord-est

Soulignant que l'objectif des réunions tenues à Paris avec l'organisation terroriste PKK/YPG, qui utilise le nom de FDS en Syrie, était de faire pression sur l'organisation pour qu'elle respecte l'accord du 10 mars, Mustafa a déclaré : « Conformément à l'accord du 10 mars, des mesures progressives devaient être prises. L'État syrien a rempli ses obligations à Suwayda comme à l'est de l'Euphrate. »

Mustafa a déclaré : « Le FDS affirme actuellement qu'il respecte globalement l'accord, mais aucun progrès n'a été enregistré sur le terrain. »

Faisant référence au soutien de la Türkiye à l'unité et à l'intégrité de la Syrie, ainsi qu'à sa position contre la présence de l'organisation terroriste dans le nord du pays, Mustafa a déclaré : « Il ne s'agit pas d'une déclaration ponctuelle, mais de la position permanente des gouvernements turcs. Il existe donc une opportunité politique pour les FDS. Des accords doivent être conclus pour garantir sa présence effective en Syrie à l'avenir. Il y a trois conditions fondamentales pour cela : un seul pays, un seul gouvernement, une seule armée. »

Mustafa a déclaré que, bien que les réunions reflètent généralement une « volonté de bonne foi », celle-ci reste faible dans la pratique, ajoutant : « Les négociations ne sont pas encore terminées, mais il n'y a pas non plus de progrès concrets. »


- « Il faut toujours écouter la voix de la raison. »

Mustafa a déclaré que la fin des régimes oppressifs avait fait ressortir à la fois le meilleur et le pire de la société, ajoutant : « Aujourd'hui, nous luttons contre les conséquences négatives de l'explosion sociale. C'est pourquoi il faut toujours se tourner vers des solutions politiques et écouter la voix de la raison. »

"Le peuple syrien a saisi une occasion historique grâce à sa lutte pour la liberté. La Syrie ne sera jamais le monopole d'un groupe, d'une couleur ou d'une secte. C'est une réalité incontestable et indiscutable", a-t-il assuré.

Soulignant que la voie vers l'idéal d'une Syrie unifiée passe par des solutions politiques, Mustafa a déclaré : « Cette question ne se limite pas à la politique du gouvernement, à la stratégie d'un ministre ou à des accords internationaux. Elle concerne directement l'existence du peuple syrien et la pérennité du pays. »


* Traduit du turc par Tuncay Çakmak

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