Israël : l’opposant Yair Lapid dénonce le projet gouvernemental d’annexion de la Cisjordanie
– Le chef de l’opposition israélienne avertit que des démarches unilatérales isoleraient Israël sur la scène internationale et nuiraient à ses relations

Istanbul
AA / Istanbul / Tarek Chouiref
Le chef de l’opposition israélienne, Yair Lapid, a vivement critiqué dimanche la volonté du gouvernement d’annexer la Cisjordanie occupée, qualifiant ce projet de « provocation supplémentaire envers un monde qui nous tourne déjà le dos ».
S’exprimant lors d’une réunion de son parti Yesh Atid, Lapid a averti que de telles mesures unilatérales nuiraient gravement aux relations étrangères d’Israël.
« Que cherchent-ils à faire ? Endommager davantage nos relations internationales ? Et pour quoi ? Cela n’aboutira pas, et tout ce que nous récolterons, ce sont des dommages diplomatiques de plus en plus graves pour un projet sans viabilité », a-t-il déclaré à la presse.
Lapid a indiqué que son parti soutient l’annexion de grands blocs de colonies, notamment Ma’ale Adumim et Ariel, mais seulement dans le cadre d’un accord, précisant que des démarches unilatérales « n’apportent rien, ni sur le plan diplomatique, ni sur aucun autre ».
Ses propos interviennent après l’annonce par le maire de Ma’ale Adumim que les autorités israéliennes avaient approuvé des plans pour de nouvelles unités de colonisation dans la zone sensible dite E1, un secteur de 12 km² reliant Ma’ale Adumim à Jérusalem-Est. Une telle construction couperait la continuité territoriale entre les villes palestiniennes de Cisjordanie et compromettrait la perspective d’un État palestinien viable.
Le projet d’annexion a également suscité de vives mises en garde des Émirats arabes unis, qui ont estimé qu’une telle initiative franchirait une « ligne rouge » et mettrait en péril la vision d’intégration régionale.
En 2020, les Émirats avaient normalisé leurs relations avec Israël dans le cadre d’accords parrainés par les États-Unis, rejoints par la suite par Bahreïn, le Soudan et le Maroc. Mais des responsables émiratis ont averti qu’une annexion de la Cisjordanie pourrait remettre ces accords en cause.
Plus tôt cette semaine, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, issu de l’extrême droite, avait annoncé qu’Israël comptait annexer 82 % de la Cisjordanie occupée afin d’empêcher la création d’un État palestinien.
Cette annonce est intervenue quelques semaines seulement après que les autorités israéliennes ont relancé le controversé projet E1, qui vise à scinder le territoire occupé en deux, coupant les villes palestiniennes du nord de celles du sud et isolant Jérusalem-Est.
La communauté internationale, y compris l’ONU, considère les colonies israéliennes comme illégales au regard du droit international. L’ONU a régulièrement averti que la poursuite de l’expansion coloniale compromet la viabilité de la solution à deux États, considérée comme essentielle pour résoudre le conflit israélo-palestinien qui dure depuis des décennies.
Dans un avis consultatif rendu en juillet dernier, la Cour internationale de justice a déclaré l’occupation israélienne des territoires palestiniens illégale et a appelé au démantèlement de toutes les colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
* Traduit de l'anglais par Adama Bamba