AA / Jérusalem – Istanbul / Abdel Raouf Arnaout et Mohammad Sio

Israël fait face à une grave crise de santé mentale touchant près de deux millions de personnes, dont un grand nombre de soldats, en raison de la guerre génocidaire menée par Tel-Aviv dans la bande de Gaza depuis deux ans, ont rapporté des médias locaux.

« Deux millions d’Israéliens, dont de nombreux soldats, ont aujourd’hui besoin d’un soutien psychologique de la part de l’État », a indiqué le quotidien Yedioth Ahronoth, évoquant une hausse notable des addictions aux drogues, ainsi que l’effondrement de familles et de communautés entières.

Le journal souligne que, si beaucoup pensaient que la guerre avait déjà plongé la société dans une profonde crise psychologique, les mises en garde se multiplient affirmant qu’« une véritable catastrophe est encore à venir ».

Les experts et survivants de traumatismes cités dans l’article pointent une grave pénurie de thérapeutes, rappelant que les difficultés les plus aiguës apparaissent souvent après la fin des combats. Ils avertissent que les générations futures risquent d’en payer le prix fort.

Selon le rapport, le système de santé mentale en Israël traverse une crise structurelle qui s’est aggravée depuis le début de la guerre, marquée par « un manque sévère de personnel, des délais d’attente très longs et des infrastructures incapables de supporter la pression ».

« Une grande partie de notre population, des personnes qui ont pourtant montré une immense force et solidarité, se sentent désormais en détresse et déprimées après deux ans de guerre. Nous le constatons chaque jour, plus que jamais », a déclaré la professeure Merav Roth, psychologue clinicienne.

Évoquant la progression des addictions, Roth a précisé : « En 2018, une personne sur dix en Israël atteignait le seuil de dépendance. Aujourd’hui, c’est une sur quatre. Cette hausse est effrayante. »

Les cas de suicide au sein de l’armée israélienne ont également augmenté dans le contexte des opérations à Gaza. Le média public KAN a recensé 279 tentatives de suicide parmi les soldats et 36 suicides confirmés depuis le début de la guerre en octobre 2023.

L’armée israélienne a tué près de 70 000 personnes dans la bande de Gaza, majoritairement des femmes et des enfants, et en a blessé plus de 170 900 durant les deux années de guerre qui ont réduit la majeure partie de l’enclave en ruines.

* Traduit de l'anglais par Adama Bamba