AA / Jérusalem-Istanbul / Zain Khalil et Tarek Chouiref

Israël a annoncé lundi l’envoi d’une aide humanitaire au Soudan du Sud, alors que Tel-Aviv maintient un blocus étouffant sur la bande de Gaza, plongeant sa population au bord de la famine.

Dans un communiqué relayé par Army Radio, le ministère israélien des Affaires étrangères a précisé qu’Israël fournirait une assistance d’urgence au Soudan du Sud, confronté depuis septembre 2024 à une épidémie de choléra en pleine propagation.

La chaîne publique israélienne KAN a souligné que cette annonce intervenait « alors que circulent des informations sur des discussions avec le Soudan du Sud concernant le transfert éventuel de résidents de Gaza vers son territoire », une affirmation que Juba a toutefois démentie.

Selon le quotidien Israel Hayom, le programme d’aide, supervisé par le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Saar, comprendra notamment des fournitures médicales de base, du matériel de purification de l’eau et des colis alimentaires.

L’annonce a suscité l’attention car, dans le même temps, Israël maintient fermés les points de passage de Gaza depuis le 2 mars, empêchant l’entrée de convois humanitaires et n’autorisant que des quantités limitées, très en deçà des besoins de l’enclave.

Des organisations de défense des droits humains et des responsables onusiens accusent de manière répétée Israël d’utiliser sciemment la famine comme arme de guerre contre la population de Gaza.

Le mois dernier, Gideon Saar a reçu à Jérusalem le ministre des Affaires étrangères du Soudan du Sud, Mundi Samaia Kumba, qu’il a remercié pour le soutien de son pays à Israël. Au cours de sa visite, Kumba a également effectué une tournée dans des colonies israéliennes situées en Cisjordanie occupée.

Des médias étrangers avaient rapporté plus tôt ce mois-ci que le Soudan du Sud avait donné un accord de principe pour accueillir des Palestiniens déplacés de Gaza, en échange d’investissements israéliens. Juba avait ensuite rejeté ces affirmations, les qualifiant « d’infondées ».

Ce lundi, Amnesty International a accusé Israël de mener une « campagne délibérée de famine » à Gaza et de « détruire systématiquement la santé, le bien-être et le tissu social de la vie palestinienne ».

Pour rappel, depuis octobre 2023, Israël a tué plus de 62 000 Palestiniens dans la bande de Gaza. La campagne militaire a ravagé l’enclave et l’a conduite au bord de la famine.

En novembre dernier, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis à Gaza.

Israël fait également face à une procédure pour génocide devant la Cour internationale de justice (CIJ) en raison de sa guerre menée dans l’enclave.

* Traduit de l'anglais par Seyma Erkul Dayanc