AA / Jérusalem - Istanbul / Zein Khalil et Rania Abu Shamala

Israël entend empêcher le navire Madleen, qui a pris la mer depuis l'Italie pour tenter de briser le blocus imposé par Israël à la Bande de Gaza, de rejoindre l'enclave assiégée ou de mouiller le long de ses côtes.

Selon le radiodiffuseur public israélien KAN, Tel-Aviv avait initialement prévu d'autoriser le navire à accoster à Gaza tant qu'il ne représentait pas une menace pour la sécurité.

Mais le gouvernement Netanyahu a changé d'avis et a décidé d'empêcher le navire d'approcher du territoire pour éviter de « créer un précédent », selon KAN.

Dimanche, le Madleen, affilié à la Coalition de la flottille de la liberté (Freedom Flotilla Coalition, FFC), a quitté le port de Catane, sur l'île de Sicile, dans le sud de l'Italie, dans le but de briser le blocus imposé par Israël à la Bande de Gaza.

Le ministre israélien de la défense, Israël Katz, devrait se réunir, jeudi, avec des officiers supérieurs de l'armée pour décider de la réponse à adopter face au navire et à ses passagers, a indiqué KAN.

« Parmi les scénarios envisagés, il y a celui qui consiste à empêcher le navire d'approcher et à le laisser à la dérive en mer, ou à le faire escorter par la marine israélienne jusqu'au port d'Ashdod et à y arrêter les activistes », a déclaré le média.

À bord du navire se trouvent des bénévoles de plusieurs pays, dont la députée européenne franco-palestinienne Rima Hassan et la militante suédoise Greta Thunberg.

Le navire transporte des fournitures de première nécessité pour la population de Gaza, notamment du lait maternisé, de la farine, du riz, des couches, des articles d'hygiène féminine, des kits de dessalement de l'eau, des fournitures médicales, des béquilles et des prothèses pour enfants.

« Il s'agit d'un acte pacifique de résistance civile. Tous les volontaires et l'équipage à bord du Madleen sont formés à la non-violence », a déclaré la FFC dans un communiqué publié lundi.

Avant l'appareillage du navire, Thunberg a décrit le voyage comme une « mission civile symbolique » visant à briser le siège israélien.

« S’il reste ne serait-ce qu'une once d'humanité, nous devons nous battre pour la Palestine. Je suis ici parce que c'est un devoir », a-t-elle déclaré.

Le navire devrait atteindre la côte de Gaza dans environ une semaine, mais il risque fort d'être intercepté par les forces israéliennes dans les eaux internationales.

Ce périple fait suite à une tentative similaire de la FFC au début du mois de mai, lorsque le navire de la coalition, Conscience, a été attaqué par des drones israéliens dans les eaux internationales. Cette attaque avait provoqué un incendie et un trou dans la coque du navire, selon des sources de la flottille.

Faisant fi des appels internationaux à un cessez-le-feu, Israël poursuit sa guerre génocidaire contre la Bande de Gaza depuis octobre 2023, tuant plus de 54 600 Palestiniens, dont une majorité de femmes et d'enfants. Les organisations humanitaires mettent désormais en garde contre le risque de famine qui guette les plus de deux millions d'habitants de l'enclave.

En novembre dernier, la Cour pénale internationale (CPI) a délivré des mandats d'arrêt à l'encontre du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et de son ancien ministre de la défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis dans la Bande de Gaza.

Israël est également poursuivi pour « crime de génocide » devant la Cour internationale de justice (CIJ), pour les crimes de guerre perpétrés à l'encontre de la population civile dans l'enclave palestinienne.

*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj