Israël : Ehoud Olmert plaide pour une solution à deux États comme seule issue au conflit israélo-palestinien
- « Gaza est palestinienne, nous n’avons rien à y faire », déclare l’ancien premier ministre israélien, dans un entretien accordé au quotidien français Le Figaro

Tunis
AA / Tunis / M. Belhaj
Dans un entretien accordé au quotidien français Le Figaro, mardi, l’ancien premier ministre israélien (de 2006 à 2009), Ehoud Olmert, a appelé à une cessation immédiate des hostilités dans la Bande de Gaza.
Figure marquante de la politique israélienne, Olmert s’était retiré de la vie politique après une condamnation pour corruption. Il a été l’un des artisans du retrait israélien de la Bande de Gaza, en 2005, alors qu’il était vice-premier ministre sous Ariel Sharon. C'est également lui qui gouvernait Israël lors de la guerre du Liban de 2006.
Depuis l’opération ‘déluge d’Al-Aqsa’ menée par le mouvement de résistance palestinien Hamas, le 7 octobre 2023, Olmert s’est imposé comme l’une des voix critiques du gouvernement de Benyamin Netanyahu, plaidant pour une solution à deux États comme seule issue au conflit israélo-palestinien.
**L’arrêt des combats, une nécessité immédiate
Interrogé par Le Figaro sur la manière de sortir de l’impasse actuelle, Ehoud Olmert a affirmé sans détour : « Israël doit arrêter la guerre et tous les otages doivent être libérés maintenant. »
Selon lui, la poursuite des opérations militaires dans la Bande de Gaza n’a plus aucune justification. « Si les combats reprennent, nous allons tuer encore plus de civils innocents, encore plus de militants du Hamas qui seront aussitôt remplacés », a-t-il déclaré, ajoutant : « Nous finirons par perdre tous les otages, et nous verrons mourir d’autres soldats israéliens ».
L’ancien premier ministre estime que l’objectif d’une victoire totale sur le Hamas, brandi par Benyamin Netanyahu, est illusoire. Pour Olmert, la fin de la guerre passe par un retour de l’Autorité palestinienne à Gaza, avec la nomination d’un gouverneur chargé d’administrer le territoire, épaulé par une force sécuritaire composée de Palestiniens, d’Égyptiens et de Jordaniens.
« Gaza est palestinienne, nous n’avons rien à y faire », insiste-t-il, rappelant sa position défendue dès 2004-2005, lors du désengagement israélien.
** Une solution à deux États pour sortir de l’isolement
Au-delà de l’urgence humanitaire, Olmert voit dans la reconnaissance d’un État palestinien la seule voie pour préserver l’avenir d’Israël. « Si nous ne résolvons pas ce conflit, nous resterons des parias, boycottés par la communauté internationale », prévient-il.
Il compare la situation actuelle à celle de l’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid, pointant du doigt l’occupation de la Cisjordanie comme principale cause de l’isolement d’Israël.
Partisan d’une solution à deux États, Olmert s’est associé à Nasser al-Qodwa, ancien ministre des Affaires étrangères de Yasser Arafat, pour promouvoir ce projet auprès des dirigeants européens. « L’ensemble de la communauté internationale reconnaît que c’est la seule solution possible », souligne-t-il.
L’ancien premier ministre israélien appelle les États européens à faire pression sur les États-Unis pour relancer le processus diplomatique, tout en exprimant son optimisme quant à un possible soutien de Donald Trump à la création d’un État palestinien.
« Je suis optimiste sur ce point et je vais vous dire pourquoi : depuis sa première élection, Trump s’est préparé à une seconde campagne présidentielle. Il ne pouvait pas se permettre de perdre le soutien résiduel des partisans d’Israël. Mais il n’affrontera plus de réélection et dans un an et demi, après les midterms, il ne sera plus concentré que sur une seule chose : son héritage », explique celui qui fut l’un des fondateurs du parti Likoud.
Et de renchérir : « À la fin de son mandat, il (Trump) aura plus de 80 ans… S’il obtient une réussite dans la région la plus volatile, la plus dangereuse du monde, il marquera l’Histoire. »
**Critique virulente du gouvernement Netanyahu
Tout au long de l’entretien, Ehoud Olmert n’a pas ménagé ses critiques envers Benyamin Netanyahu et son gouvernement. Il dénonce la dérive autoritaire du pouvoir en place en Israël, estimant que « la démocratie est à l’agonie » dans son pays. L’ancien chef de gouvernement s’inquiète également des violences perpétrées par des colons extrémistes en Cisjordanie occupée, qu’il qualifie « d’ennemis de l’intérieur ».
À ses yeux, seule une éviction de Netanyahu et de sa coalition permettra de sortir Israël de l’impasse. « Nous devons nous débarrasser de Netanyahu et de sa bande de voyous », assène-t-il, appelant à une refonte profonde du paysage politique israélien.
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