Iran : Cécile Kohler et Jacques Paris transférés de la prison d’Evin
– Paris reste sans information officielle sur leur nouveau lieu de détention.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Le Quai d’Orsay a confirmé que les deux ressortissants français détenus en Iran, Cécile Kohler et Jacques Paris, avaient été transférés de la prison d’Evin vers un autre centre de détention dont la localisation reste inconnue.
En réponse à une question, lors de son point presse hebdomadaire, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Christophe Lemoine, a affirmé que ce transfert s’inscrit dans « la stratégie iranienne de déstabilisation de nos otages ». Selon lui, la France est toujours « en attente » d’informations claires de la part des autorités iraniennes concernant « leur prochain lieu de détention ».
Le diplomate a déclaré que Cécile Kohler et Jacques Paris sont détenus « dans des conditions indignes, assimilables à de la torture », et que les chefs d’inculpation retenus contre eux sont jugés « totalement infondés » par la France, qui réitère son exigence de « libération immédiate et inconditionnelle ».
Le 1er juillet, une visite consulaire a pu être organisée par le chargé d’affaires français à Téhéran, à la suite de « pressions très fortes » exercées sur les autorités iraniennes, selon le porte-parole du Quai d'Orsay. Cette visite a permis d’obtenir des assurances sur l’état de santé des deux détenus, mais elle s’est déroulée dans des conditions extrêmement encadrées.
Christophe Lemoine a souligné les difficultés récurrentes d’accès consulaire aux prisonniers français en Iran, rappelant que Paris a saisi en mai dernier la Cour internationale de justice pour violation par Téhéran de la Convention de Vienne sur les relations consulaires.
Depuis les frappes israéliennes du 23 juin sur Téhéran, qui ont notamment visé les abords de la prison d’Evin, les familles des deux détenus se disent particulièrement inquiètes. D’après Noémie Kohler, sœur de Cécile, la professeure de lettres aurait transité par la prison de Qarchak avant d’être transférée à nouveau, les yeux bandés, dans un lieu non identifié, tandis que Jacques Paris serait désormais enfermé seul dans une cellule sans mobilier, dans un centre inconnu.
Le Quai d’Orsay dénonce depuis plusieurs mois une « diplomatie des otages » pratiquée par l'État iranien, visant selon Paris à peser dans les discussions internationales, notamment sur le nucléaire iranien. Christophe Lemoine a indiqué que la situation de ces deux Français « n’est pas neutre » dans le cadre des négociations, et qu’elle « conditionne les discussions » sur d’éventuelles sanctions.
La question du recours au mécanisme permettant de réimposer les sanctions levées dans le cadre de l’accord sur le nucléaire iranien, a d’ailleurs été évoquée par la diplomatie française en cas de non-libération rapide des deux otages.
Cécile Kohler, 40 ans, et Jacques Paris, 72 ans, avaient été arrêtés en mai 2022 à la fin d’un séjour touristique. Ils sont désormais accusés d’espionnage pour le compte du Mossad, de complot contre le régime et de « corruption sur terre », trois chefs d’inculpation passibles de la peine de mort.